J'ai le mal de

2 minutes de lecture

J’ai le mal du pays

dans ma propre maison

oppressées mes idées

mes envies de liberté

je ne cesse de m’entendre

hurler

j’étouffe

dans ma propre maison

ma maison

sans maison

ma maison

sans être mienne

certains l’appellent chez-soi

moi, je ne l’appelle pas

J’ai le mal de mer

dans ma propre maison

navire rassurant

qu’offrent ma chambre et son lit

fermer ma porte

sur leur voix, leur cri, leur vie

rêver de naviguer

sur un autre chemin

que le leur

éviter les vagues

jouer à cache-cache dans le sable

pour fuir leurs mots

et mon agacement

mon cœur qui étouffe

d’être aussi près des leurs

J’ai le mal du pays

dans ma propre maison

ma fenêtre n’offre que

le vent, le gris et l’ennui

le verrou de ma porte

ne me retire pas mon malaise grandissant

comme si les murs étaient imprégnés

de tout ce qui fait

que je ne les supporte plus

ma chambre transpire le STOP

STOP

STOP

j’ai le cœur qui s’affole

les larmes qui s’endorment

et la colère qui s’agrandit

mal au corps dans cet endroit

qui ne m’offre que du réconfort

quand je suis seule à l’habiter

J’ai le mal de mer

dans ma propre maison

j’ai accepté

d’y noyer mon être

j’ai déposé ma patience

et tendu ma main

vers mon corps fatigué

d’avoir l’impression

d’être un enfant imparfait

raté

qui ne comprend pas cette hargne

qui vient l’habiter

quand l’instant se passe

aux côtés des personnes

de sa propre maison

je tends mes incompréhensions

à cet être adolescent

qui s’en veut de détester

de juger, de délaisser

la famille qui l’a élevé

Pourquoi les gens de ma maison

ne sont pas des biens-aimés ?

Pourquoi ma maison ne me semble

pas mienne ?

Pourquoi les personnes que j’ai choisies sont ma famille ?

Et non pas celles qu’on m’a imposé à vie ?

Pourquoi je ne me sens nulle part

chez-moi ?

J’ai le mal de moi

dans ma propre maison

je me quitte, je me romps

j’expie mes silences

que j’avais avalés

par cette soudaine lave

qui s’agite dans mes veines

il y a eu des rires

dans ces murs assiégés

assiégés de mes larmes

assiégés de cette lave

je suis comme un raz-de-marée

je pensais qu’ils étaient responsables

de toutes ces vagues qui m’agressaient

ce n’était que le pâle reflet

de mes sentiments dévorés

la vague est mienne

je suis la vague

et c’est sur eux que je me déploie

que j’emporte

je ne leur offre que mon mal de pays

mon mal de mer

mon mal de moi.

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