Un jour
Je me suis toujours dit
je n’ai pas la vie que je voulais
je regarde les autres
avec des étoiles dans les yeux
qui ne brillent pas
quand je me regarde
leur vie semble fleurie
la mienne est juste
ternie.
Je me suis toujours dit
je n’ai pas la vie que je voulais
quand, de leur été, les seules gouttes
qui les touchent sont l’eau
moi, ce sont
mes larmes
mes larmes en continu
qui pleuvent, pleuvent
sous les sourires des autres
que je n’esquisse pas.
Je me suis toujours dit
je n’ai pas la vie que je voulais
quand je retrace mon adolescence
je n’y vois que des lames, des cris
et surtout, des silences
silences solitaires que je traîne
dans mes poches
pourquoi n’ai-je pas pu avoir
une adolescence comme ça ?
L’arrière me fait mal
il me rappelle que ma douleur
frappait si fort
que je n’ai pas pu
vivre.
Je me suis toujours dit
je n’ai pas la vie que je voulais
mais incapable de m’en défaire
je ne cesse de me morfondre
un brin de poésie qui effleure mon âme
et le lendemain, c’est de nouveau
mon cœur noir
qui m’oblige à valser
à sans cesse être plongé
à l’intérieur de mes propres abysses.
Je me suis toujours dit
un jour, j’aurais cette vie
et si je ne veux pas voir
le jour suivant ?
je suis aspiré
dans cette nuit infinie
avant ce un jour
et si ma vie était
seulement une nuit
ininterrompue
froide
et dépourvue d’étoiles
j’ai besoin de revoir
le soleil.
Je me suis toujours dit
un jour, j’aurais cette vie
j’en oublie que je vis déjà
que cette vie, j’y suis
laisser mon être subir
le fruit de ses battements
ma poitrine cogne
cogne
cogne
cogne
ou plutôt elle tambourine
dans mes oreilles
sûrement pour me rappeler
la vacuité de mes larmes
celle de mes silences
et surtout mon aveuglement
mon âme absente
qui en a oublié la vie
au creux de mon moteur endormi.
Je me suis toujours dit
un jour, j’aurais cette vie
c’est une promesse de guérison
c’est un mot à la dépression
ou plutôt un va te faire foutre
je m’en vais
je refuse de te laisser gagner
de te laisser m’enlever
c’est un cri du cœur
un vers qui s’écrit dans ma chair
qui invoque le poème
qui compose mon être
redevenir l’artiste
et non plus, l’œuvre inachevée
c’est un non à un conditionnel rejeté.
Un jour, il n’y aura pas de un jour
ni de j’aurais
seulement
j’ai cette vie.
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