CHAPITRE 3: RÊVES INACHEVÉS
Les premières lueurs du matin peignent le ciel d’un mélange de teintes roses et oranges. La ville de Suzhou se réveille lentement, et, avec elle, Yang Li et Deng Shen, chacun dans son univers, entre lumière et ombre. Mais ce jour-là, une sensation particulière flotte dans l’air : une tension douce-amère, comme si un changement imminent, invisible encore, se préparait à éclore.
Dans l’appartement familial de Yang Li, l’ambiance est comme à l’habitude un mélange de chaleur et de sérénité. Assis à la table de la cuisine, Yang Li feuillette son carnet, son regard s’attardant sur une page où il avait griffonné la veille au soir. Les mots écrits là, bien que poétiques, résonnent avec une étrange intensité ce matin.
« Les rêves naissent dans le silence, mais certains s’effacent avant d’avoir eu le temps de parler. »
Sa mère, Maria, entre dans la pièce, portant un bol fumant de bouillie de riz agrémentée d’arachides grillées, une recette qu’elle avait héritée de sa propre mère. Elle pose le bol devant son fils et l’observe un instant.
« Tu es bien pensif ce matin, mon garçon. Tu rêves encore éveillé ? » dit-elle avec un sourire chaleureux.
Yang Li lève les yeux et esquisse un sourire en retour. « Peut-être. Ou peut-être que je cherche à comprendre quelque chose qui m’échappe. »
Maria, habituée à ces réflexions, hoche la tête doucement. « Parfois, ce que tu cherches n’est pas au bout de tes pensées, mais dans ce que tu fais. Continue d’écrire, et les réponses viendront d’elles-mêmes. »
Ces mots résonnent en Yang Li, qui ressent un mélange d’encouragement et d’incertitude. Car si ses écrits sont pour lui un refuge, ils sont aussi un miroir qui reflète des parts de lui-même qu’il hésite encore à confronter.
De l’autre côté de la ville, Deng Shen s’assoit seule dans sa chambre, un carnet de croquis ouvert devant elle. Son crayon trace des lignes sur la page, des formes indistinctes qui peu à peu prennent l’apparence d’un arbre. Mais quelque chose dans ce dessin semble troublant, comme si les branches, au lieu de s’élever, cherchaient à fuir le ciel pour plonger dans le sol.
Elle s’arrête, fixant son œuvre incomplète. Une pensée lui traverse l’esprit, fugace et poignante : Et si certains rêves étaient comme cet arbre, enracinés dans des doutes trop profonds pour jamais toucher la lumière ?
Sa mère, Deng Xiu, entre à ce moment-là, portant une pile de linge qu’elle dépose soigneusement sur la chaise près du lit. Elle jette un coup d’œil au dessin de sa fille et sourit doucement. « Tu dessines encore, Shen ? C’est une bonne chose. Ça te va bien. »
Deng Shen, surprise par cette remarque, lève les yeux vers sa mère. Ce genre de compliments est rare dans leur maison, et il porte une teinte inattendue d’affection. Mais au lieu de réchauffer son cœur, ces mots provoquent un étrange mélange de gratitude et de culpabilité.
« Merci, Maman, » murmure-t-elle, mais ses pensées s’attardent sur une autre question, qu’elle n’ose pas poser : Si je devais échouer à être ce que vous attendez de moi, est-ce que vous continueriez à voir ce qu’il y a de bien en moi ?
Au lycée, la journée s’écoule doucement, entre cours et devoirs, mais pour Yang Li et Deng Shen, il y a une distance imperceptible dans leurs interactions, comme si les pensées qu’ils portent les empêchaient de se connecter pleinement. À la pause de l’après-midi, ils se retrouvent à nouveau sous leur cerisier. Mais cette fois, le silence entre eux est plus pesant qu’apaisant.
Yang Li fixe l’horizon, pensif. « Shen, tu crois que certains rêves sont faits pour rester inachevés ? »
La question, bien que simple en apparence, résonne profondément en Deng Shen. Elle pose sa boîte à lunch sur ses genoux et répond après un long moment. « Je pense que certains rêves ne sont pas faits pour nous... qu’ils nous appartiennent juste assez longtemps pour nous donner une direction, mais qu’au final, ils s’éloignent, comme un cerf-volant qui casse sa ficelle. »
Yang Li hoche la tête, touché par ses mots. Mais au fond de lui, une autre pensée émerge, brûlante : Et si ce n’était pas les rêves qui s’éloignaient, mais nous, qui avions peur de les poursuivre ?
La lumière dorée de l’après-midi commence à se voiler alors que les nuages s’étirent lentement sur le ciel, semblant annoncer une pluie imminente. Les deux amis quittent leur refuge sous le cerisier, chacun emportant avec lui des questions auxquelles ils n’osent encore faire face.
La cloche du lycée résonne, annonçant la fin des cours de l’après-midi. Les élèves, empressés de quitter les salles, se dispersent en grappes animées. Mais pour Yang Li et Deng Shen, le chemin du retour s’annonce plus calme, empreint d’une introspection qui les habite tous deux sans qu’ils n’aient vraiment besoin de la verbaliser.
Ils sortent ensemble du bâtiment, leurs sacs sur les épaules, et empruntent la rue bordée de platanes qui mène au parc. Le soleil commence à décliner, projetant des ombres longues et fluides sur le trottoir. Ces ombres semblent danser à leurs pieds, comme pour accompagner leurs pas. Pourtant, aucune des deux ne semble vouloir combler le silence. Un espace se forme entre eux, à peine perceptible mais bien présent, comme une distance émotionnelle qu’ils n’osent encore franchir.
Yang Li finit par rompre le silence, ses yeux fixant l’horizon devant eux. « Tu te rappelles, Shen, quand on était petits, on se parlait de nos rêves sans jamais se demander s’ils étaient réalistes ? C’était plus simple, non ? »
Deng Shen hésite un instant avant de répondre. Sa voix est basse, presque un murmure. « Oui… À l’époque, tout semblait possible. Mais je crois que, parfois, en grandissant, on se rend compte que certains rêves sont peut-être trop loin pour qu’on puisse les atteindre. »
Yang Li se tourne légèrement vers elle, intrigué par la nuance dans son ton. « Tu crois que les rêves changent avec le temps ? Ou est-ce nous qui changeons ? »
Elle inspire profondément, cherchant une réponse au fond d’elle-même. « Peut-être que c’est un peu des deux. Les rêves restent les mêmes, mais le chemin pour les atteindre devient plus difficile à voir. Et parfois, on se demande même si ça vaut encore la peine d’essayer. »
Ses mots flottent entre eux, comme une brume légère qui enveloppe leur conversation. Yang Li réfléchit, ses pensées se mêlant à l’éclat décroissant du soleil. « Peut-être, » dit-il enfin, « que les rêves ne sont pas faits pour être atteints. Peut-être qu’ils sont comme des étoiles : on ne peut pas les toucher, mais ils nous guident dans l’obscurité. »
Ils atteignent le parc, où le cerisier sous lequel ils se retrouvent habituellement se dresse, immobile et immuable. Pourtant, aujourd’hui, son ombre semble plus pesante, plus étendue, comme si elle capturait les pensées troublées des deux amis.
Yang Li s’arrête devant l’arbre, posant sa main sur le tronc rugueux. « Tu sais, Shen, cet arbre me rappelle quelque chose que j’ai lu une fois : ‘Certains arbres grandissent si hauts qu’ils perdent de vue leurs propres racines.’ Tu crois qu’on peut être comme ça aussi ? Qu’à force de chercher à grandir, on oublie d’où on vient ? »
Deng Shen le regarde, ses doigts jouant avec la sangle de son sac. « Peut-être… Mais est-ce qu’oublier ses racines, ce n’est pas aussi une façon de se protéger ? Parfois, regarder trop en arrière fait plus mal que de regarder devant. »
Yang Li reste silencieux, absorbant ses paroles. Il se demande si c’est vrai, si le poids du passé peut vraiment être une barrière à l’avenir. Ou si, au contraire, ce passé est ce qui donne un sens à tout ce qui suit.
Deng Shen, de son côté, sent une pensée s’agiter en elle, une réflexion qu’elle n’avait jamais osé formuler jusqu’à maintenant. « Mais peut-être que certains rêves n’étaient pas vraiment les nôtres, au départ. Peut-être qu’on les a empruntés à d’autres, à nos parents, à nos professeurs, ou même… à nos amis. Et quand on essaie de les poursuivre, on se rend compte qu’ils ne nous appartiennent pas vraiment. »
Ces mots, bien qu’ils soient nés de ses propres doutes, frappent Yang Li avec une force inattendue. Il se demande s’il écrit pour lui-même ou pour prouver quelque chose au monde. Ses poèmes, ses histoires, ses réflexions... appartiennent-elles vraiment à son cœur, ou sont-elles l’écho d’attentes qu’il n’a jamais complètement examinées ?
La lumière décline encore, et le ciel commence à se teinter de bleu profond. Ils quittent le parc, reprenant le chemin familier qui les ramène à leurs foyers. Mais ce soir, les ombres qui les accompagnent semblent plus lourdes, plus conscientes, comme si elles portaient le poids de leurs propres rêves inachevés.
Dans un souffle, Deng Shen pose une dernière question, presque à elle-même : « Et si les rêves inachevés ne nous poursuivaient pas pour qu’on les réalise, mais pour qu’on apprenne simplement à les laisser partir ? »
Yang Li reste silencieux, mais il sent ces mots résonner en lui, comme une vérité qu’il n’est pas encore prêt à accepter. Tandis qu’il s’éloigne, il se promet de trouver une réponse. Car au fond de lui, il sait que, même inachevés, les rêves ont encore un rôle à jouer.
Le crépuscule enveloppe doucement la ville, dessinant des ombres allongées sur les trottoirs. Yang Li et Deng Shen avancent côte à côte, leur silence ponctué par le bruit léger de leurs pas sur les pavés. Leurs pensées, invisibles mais lourdes, s’entrelacent sans jamais se heurter, comme deux courants d’eau qui suivent une rivière sans se confondre. Leurs rêves, eux, ne sont plus des lumières rassurantes mais des fragments d’étoiles égarées, suspendues dans un ciel qu’ils n’arrivent plus à comprendre.
Yang Li fixe les nuages à l’horizon, la lumière mourante du soleil dans ses yeux. « Shen, tu sais ce que je me demande parfois ? Si nos rêves sont comme des miroirs brisés. Peut-être qu’ils ne reflètent pas vraiment ce que nous sommes, mais seulement les morceaux qu’on espère assembler. »
Deng Shen tourne légèrement la tête vers lui, son regard plongé dans les fissures de ses propres pensées. « Mais peut-être que ce ne sont pas les miroirs qui sont brisés, Li. Peut-être que c’est nous qui nous tenons devant eux avec des yeux fatigués, incapables de voir ce qu’ils montrent. »
Yang Li sourit faiblement, mais son sourire est chargé de mélancolie. « Alors, que devons-nous faire, Shen ? Fermer les yeux pour éviter le reflet, ou apprendre à aimer les morceaux, même s’ils ne forment jamais un tout parfait ? »
Le vent souffle légèrement, soulevant les feuilles tombées autour d’eux. Deng Shen resserre les pans de sa veste, ses pensées tournant comme une spirale sans fin. Une rime naît dans son esprit, une vérité qu’elle n’avait jamais osé dire à voix haute : « Peut-être que la peur de rêver n’est pas dans l’échec de construire, mais dans l’idée que ce que l’on bâtit n’a jamais été à nous. »
Yang Li s’arrête un instant, absorbé par ses mots. Il ramasse une feuille sur le sol, l’observant comme s’il cherchait à y lire une réponse. « Alors, est-ce ça, Shen ? La liberté réside-t-elle dans le fait d’abandonner tout ce que nous pensions vouloir, pour embrasser ce que nous avons toujours fui ? »
Deng Shen reste silencieuse, mais une pensée germe en elle, comme une graine dans un sol qu’elle croyait stérile. Et si les rêves qu’elle poursuivait n’étaient jamais vraiment les siens ? Et si, à force de vouloir plaire à tout le monde, elle avait laissé sa propre voix s’étouffer dans un écho qui n’était pas le sien ?
Ils arrivent à une bifurcation dans la route, ce croisement familier qui marque toujours le moment où leurs chemins se séparent. Mais ce soir-là, aucun d’eux ne semble prêt à partir. Une tension douce, presque imperceptible, flotte entre eux, remplissant le vide laissé par les mots qu’ils n’osent pas encore prononcer.
Yang Li brise enfin le silence, sa voix à peine plus forte qu’un murmure. « Shen, si le chemin que nous suivons mène à une destination que nous n’avons jamais choisie, est-ce qu’il vaut encore la peine d’être parcouru ? »
Deng Shen le regarde, ses yeux brillants d’une émotion qu’elle ne peut dissimuler. « Peut-être que le chemin n’a jamais eu d’importance, Li. Peut-être que tout ce qui compte, c’est ce que nous devenons en marchant, même si on ne sait jamais vraiment où l’on va. »
Yang Li laisse échapper un léger rire, non pas de joie, mais de cette reconnaissance silencieuse qui naît lorsqu’une vérité trop grande pour être saisie se révèle. « Alors, on marche. Peu importe si l’horizon s’éloigne, si les étoiles se perdent, ou si les rêves restent inachevés. On marche, Shen. Parce que, parfois, marcher est tout ce qu’il nous reste. »
Ils se séparent finalement, leurs silhouettes s’éloignant dans des directions opposées, mais leur amitié, bien que fragile, reste un fil invisible qui les lie. Leurs ombres, projetées par la lumière des lampadaires, s’étendent sur le sol, se rejoignant un instant avant de disparaître dans la nuit naissante.
La nuit enveloppe doucement la ville, et les rues se parent d'une lumière tamisée sous les lampadaires. Yang Li marche seul, ses pensées tournoyant comme les feuilles que le vent éparpille autour de lui. Le crépitement discret de ses pas sur le pavé brise le silence, mais dans son esprit, une tempête d’idées et de doutes fait rage. Il se demande si les rêves qu’il porte en lui ont encore un sens, ou s’ils ne sont que des fragments d’un passé qu’il s’efforce de recoller en vain.
« Un rêve abandonné n’est-il pas une promesse trahie envers soi-même ? »pense-t-il. Cette question le hante, résonnant à travers les fissures de ses pensées. Il s'arrête un instant, levant les yeux vers le ciel étoilé. Les étoiles, si lointaines, semblent presque indifférentes à ses interrogations. Mais une autre pensée émerge, comme une lueur vacillante au milieu de son doute : « Peut-être que la vraie promesse n’est pas de réaliser le rêve, mais d’avoir le courage de le poursuivre, même si la route s’efface sous nos pieds. »
Deng Shen, de son côté, est assise près de sa fenêtre, les bras croisés sur le rebord. La lune, lumineuse et sereine, éclaire doucement son visage. Elle regarde la rue déserte en contrebas, mais son regard semble voir au-delà, dans un espace qu'elle seule peut percevoir. Son carnet de croquis est ouvert à côté d’elle, mais le crayon reste immobile, figé entre ses doigts hésitants.
Elle murmure doucement, comme pour elle-même : « Et si les rêves étaient comme des ombres portées par la lumière ? Des illusions magnifiques, mais insaisissables, qui disparaissent dès qu’on s’en approche trop. »
Cette pensée, bien qu’amère, la pousse à réfléchir davantage. Elle se demande si ses dessins, ses envies, et même ses ambitions sont vraiment les siens, ou si elle les a façonnés pour correspondre à des attentes qui ne lui appartiennent pas. Elle se dit que peut-être, ses rêves sont des miroirs empruntés, réfléchissant les désirs des autres plutôt que sa propre vérité.
« Mais alors, » songe-t-elle, « si tout ce que je poursuis n’est qu’un écho, est-ce que cela fait de moi une imposture, ou est-ce que cela me rend simplement humaine ? »
Le lendemain matin, Yang Li et Deng Shen se retrouvent sur le chemin du lycée. Le silence entre eux est confortable, mais lourd de réflexions non partagées. Pourtant, quelque chose dans l’air semble avoir changé, comme si la nuit avait emporté un morceau de leurs certitudes, laissant place à une fragilité plus honnête.
Yang Li, brisant enfin le silence, pose une question, presque à voix basse. « Shen, tu crois que les étoiles nous regardent, ou est-ce nous qui passons notre vie à les contempler sans jamais lever les yeux sur nous-mêmes ? »
Deng Shen, surprise par la profondeur inattendue de la question, réfléchit un instant avant de répondre. « Peut-être que les étoiles ne nous regardent pas parce qu’elles savent qu’elles n’ont rien à offrir. Peut-être que leur rôle est de nous rappeler que parfois, regarder en soi-même est la seule lumière qu’on peut trouver. »
Yang Li hoche lentement la tête, impressionné par ses paroles. Mais il ajoute doucement, presque comme une confession : « Pourtant, quand je regarde en moi-même, je vois surtout des ombres… et je ne sais pas si elles sont là pour m’enseigner ou pour me cacher quelque chose. »
Deng Shen s’arrête un instant sur le trottoir, fixant son ami avec une intensité nouvelle. « Peut-être que les ombres ne sont ni des leçons, ni des prisons. Peut-être qu’elles sont simplement là pour nous rappeler que la lumière, sans elles, n’aurait jamais de contours. »
Alors qu’ils arrivent devant les grilles du lycée, la cloche retentit, marquant le début d’une nouvelle journée. Mais pour Yang Li et Deng Shen, cette journée est bien plus qu’un autre passage dans leur routine. C’est un moment où leurs pensées, leurs doutes et leurs rêves commencent à s’entrelacer d’une manière qu’ils ne comprennent pas encore pleinement.
Leurs pas les mènent dans des directions opposées, mais leurs âmes restent connectées par ce fil invisible qu’ils partagent : une quête silencieuse pour comprendre le sens de leurs rêves, même s’ils doivent rester inachevés.
Alors que la journée avance et que les cours s’enchaînent, l’histoire de Yang Li et Deng Shen s’entrelace peu à peu avec celles des autres élèves, créant un tableau complexe de personnalités et de rêves qui s’entrechoquent au sein du lycée de Suzhou. La dynamique des personnages secondaires, bien que parfois en arrière-plan, joue un rôle subtil mais crucial dans l’évolution des protagonistes.
Chen Bo, le capitaine de l’équipe de basket-ball, discute avec énergie avec son coéquipier Fan Jun dans la cour. Son rire fort et sa présence magnétique attirent les regards, mais derrière ce charisme se cache une pression qu’il peine à gérer. Pendant une pause, il croise Yang Li dans le couloir et lui lance, avec sa légèreté habituelle :
« Alors, Poète, toujours à jongler avec les mots pendant que nous, on jongle avec des ballons ? »
Yang Li sourit, mais il détecte une nuance d’épuisement dans les yeux de Chen Bo, bien qu’il masque tout derrière son humour. Chen Bo ajoute, d’un ton plus sérieux :
« Tu sais, parfois, j’aimerais bien avoir un talent comme le tien. Moi, on me regarde juste parce que je mets des paniers. Mais toi, tu peux toucher les gens d’une manière que moi, je ne pourrai jamais. »
Cette remarque surprend Yang Li, qui réalise que même ceux qui semblent les plus confiants portent leurs propres doutes. Chen Bo s’éloigne, mais ses mots résonnent en Yang Li comme une réflexion inattendue sur la manière dont chacun porte ses rêves différemment.
Dans une autre partie du lycée, Li Mei, connue pour sa passion des lettres, est assise seule à une table de la bibliothèque, entourée de livres qu’elle feuillette avec intensité. Elle croise par hasard Deng Shen, qui venait chercher un manuel de biologie.
« Shen, tu devrais lire ce recueil, » lui dit-elle en tendant un livre de poésie moderne. « Je pense que ça te plairait. C’est plein de réflexions sur les doutes et les rêves. »
Deng Shen hésite à accepter le livre, mais la sincérité de Li Mei l’incite à le prendre. Elle feuillette les pages, tombant sur un vers qui attire immédiatement son attention :
Les étoiles ne tombent pas, elles se replient dans l’ombre du ciel, attendant le moment de briller à nouveau.
Ces mots, bien qu’écrits par quelqu’un d’autre, semblent murmurer directement à son esprit, une étrange coïncidence qui éveille en elle une émotion qu’elle peine à définir. Elle remercie Li Mei avec un faible sourire, mais cette rencontre, bien que brève, laisse une empreinte durable dans son cœur.
Dans la salle de sciences, Zhang Wei, l’élève studieux avec une réputation d’excellence, travaille seul sur une maquette pour un concours scientifique. Il est concentré, ses gestes précis, mais il dégage une solitude palpable. Yang Li, passant près de lui, s’arrête pour l’observer.
« Zhang Wei, c’est impressionnant, ce que tu fais, » dit Yang Li d’un ton sincère.
Zhang Wei lève les yeux, surpris mais ravi de cette attention. « Merci, Yang. Mais parfois, je me demande si je fais ça pour moi, ou juste pour prouver à tout le monde que je peux réussir. »
Cette confession inattendue frappe Yang Li, qui voit en Zhang Wei un reflet de ses propres doutes. « Je crois que ce genre de questions, on finit tous par se les poser. Mais peut-être que ce n’est pas une mauvaise chose. Peut-être que ça nous pousse à chercher ce qui compte vraiment pour nous. »
Ces mots réchauffent légèrement le cœur de Zhang Wei, qui sourit pour la première fois depuis des heures.
Dans le couloir principal, Huang Lei, connu pour ses blagues incessantes et son énergie débordante, interpelle Deng Shen et Chen Bo avec un de ses jeux de mots absurdes qui font éclater de rire tout le groupe. Mais derrière son sourire éclatant se cache une ombre que peu connaissent : une pression familiale écrasante et un sentiment persistant de ne jamais être pris au sérieux.
Plus tard dans la journée, Yang Li croise Huang Lei assis seul dans la cour. Curieux, il s’approche et s’assied à côté de lui.
« Tu sais, Huang, tu fais rire tout le monde, mais parfois, je me demande si toi, tu ris aussi vraiment. »
Huang Lei reste silencieux un instant avant de répondre, d’un ton inhabituellement sérieux : « Parfois, faire rire les autres, c’est le seul moyen de se rappeler qu’on existe. »
Cette phrase, bien que prononcée avec une désinvolture apparente, dévoile une profondeur qui touche Yang Li. Huang Lei se lève rapidement, lançant une blague en s’éloignant, mais ses mots continuent de résonner dans l’esprit de Yang Li.
Ces interactions, bien que ponctuelles, enrichissent la toile de l’histoire, révélant les rêves, les peurs et les doutes des personnages secondaires. Leurs chemins, bien qu’entrelacés avec ceux de Yang Li et Deng Shen, portent aussi leurs propres ombres, amplifiant le thème central des rêves inachevés.
Pour clore,Les rêves inachevés ne sont pas toujours des échecs ; ils sont parfois des fenêtres vers des vérités que l’on n’est pas encore prêt à regarder. Mais combien de temps peut-on vivre en fermant les rideaux ?
Quand les fissures invisibles commencent à s’élargir, que reste-t-il pour empêcher la lumière de s’éteindre ?
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