CHAPITRE 10 : LES CENDRES DE L'ESPOIR
Dans la lumière froide du matin, Deng Shen se tient devant son miroir, observant son reflet avec une expression mélancolique. Ses yeux, encore rouges de la veille, témoignent des larmes qu’elle n’a cessé de verser après sa confession à Yang Li. Pourtant, au fond de cette douleur, une petite flamme continue de briller. Une flamme d’espoir.
Deng Shen : L’espoir malgré tout
Assise dans sa chambre, Deng Shen tient un journal entre ses mains tremblantes. Depuis des mois, elle y écrit ses pensées, ses remords, et son besoin d’expier ce qu’elle a fait. Aujourd’hui, elle y inscrit :
« L’espoir est fragile. Il est comme une cendre laissée par un feu éteint, prête à s’envoler à la moindre brise. Mais tant qu’il reste une étincelle, il y a une chance de rallumer la flamme. »
Ces mots, bien qu’incertains, lui donnent le courage de continuer. Elle se dit qu’elle ne peut pas abandonner, qu’elle doit prouver par ses actions qu’elle est capable de changer. Mais pour cela, elle a besoin de parler à quelqu’un. Et cette personne, elle le sait, est Li Mei.
Li Mei : L’écoute d’une amie
Plus tard dans la journée, Deng Shen retrouve Li Mei au parc près de leur lycée. Les deux amies s’assoient sur un banc, entourées par les murmures des arbres agités par le vent. Li Mei, bien que consciente de la tension palpable chez Deng Shen, attend qu’elle trouve les mots.
Finalement, Deng Shen brise le silence. « Mei… il faut que je te dise quelque chose. Quelque chose que j’ai fait. »
Li Mei tourne la tête vers elle, ses yeux emplis de compréhension. « Shen, tu peux tout me dire. Je suis là. »
Deng Shen inspire profondément, retenant difficilement ses larmes. Elle raconte tout : sa jalousie, son acte irréfléchi, et la confession qu’elle a faite à Yang Li. Sa voix tremble, mais elle ne s’interrompt pas, comme si chaque mot arrachait un poids de son cœur.
Lorsque Deng Shen termine, le silence entre elles devient presque palpable. Li Mei, après un moment, prend une grande inspiration. « Ce que tu as fait est grave, Shen. Mais ce qui compte maintenant, c’est ce que tu fais à partir d’aujourd’hui. La route vers le pardon ne sera pas facile, mais je crois en toi. »
Ces paroles font jaillir un sanglot de Deng Shen, mais pour la première fois depuis des semaines, ses larmes semblent mêlées à un semblant de soulagement.
Yang Li : La douleur de l’isolement
De son côté, Yang Li reste enfermé dans sa chambre, les rideaux tirés. Il est assis par terre, adossé à son lit, son carnet ouvert sur ses genoux. Pourtant, il n’écrit rien.
Des larmes coulent silencieusement sur son visage, mais il ne fait aucun bruit, comme s’il craignait que ses parents puissent l’entendre. Il ne veut pas qu’ils s’inquiètent, qu’ils portent encore un autre fardeau. Sa douleur, il choisit de la garder pour lui.
« Comment ai-je pu être aussi aveugle ? » murmure-t-il, la voix étranglée par l’émotion. Il se revoit rire avec Deng Shen, partager avec elle des moments de complicité, et maintenant ces souvenirs lui paraissent presque irréels.
Il pense : « La confiance est une étoffe fine, tissée avec soin, mais si fragile qu’un seul geste peut la déchirer. Et une fois brisée… peut-elle jamais être recousue ? »
Une nuit sous les cendres
Alors que la journée s’achève, Deng Shen et Yang Li, chacun de leur côté, s’endorment avec des pensées troublées. Deng Shen, bien qu’encouragée par les mots de Li Mei, se demande encore si Yang Li pourra un jour lui pardonner.
Yang Li, quant à lui, sombre dans un sommeil agité, hanté par des souvenirs qui se mêlent à sa douleur présente. Une chose est claire : la route vers la guérison sera longue, et aucun d’eux ne sait encore où elle les mènera.
Le vent du soir souffle doucement sur les rues de Suzhou, portant avec lui une fraîcheur presque mélancolique. Les étoiles commencent à apparaître dans le ciel, éclats solitaires dans une immensité sombre. Alors que l’obscurité s’installe, les émotions de Deng Shen et Yang Li continuent de se heurter à leur propre complexité. Une douleur invisible lie leurs cœurs, chacun à sa manière cherchant une sortie de ce labyrinthe d’incertitude et de regrets.
Yang Li : Le poids des souvenirs
Dans sa chambre plongée dans une pénombre volontaire, Yang Li est assis près de son bureau. Les pages de son carnet restent vides, comme si chaque mot tentait de se former mais se brisait avant de voir le jour. Ses pensées l’assaillent, et il les laisse défiler sans les combattre.
« Pourquoi la vérité doit-elle parfois être aussi destructrice que le mensonge ? »se demande-t-il.
Il pose son stylo, fixant le plafond, et murmure doucement : « Les souvenirs heureux sont comme des étoiles mortes… Ils brillent encore, mais la lumière que je vois aujourd’hui appartient à un passé qui n’existe plus. »
Une larme solitaire coule sur sa joue, et il l’essuie rapidement. Ses parents l’appellent pour le dîner, mais il répond d’une voix rauque qu’il n’a pas faim. « S’ils savaient… leur inquiétude serait encore plus grande. Je ne peux pas leur infliger ça, » pense-t-il, une lourdeur accablante pressant sa poitrine.
Deng Shen : Un chemin pavé de remords et d’espoir
De son côté, Deng Shen marche lentement dans le parc, chaque pas résonnant comme un rappel de ses fautes. Son échange avec Li Mei lui a apporté un soulagement temporaire, mais son cœur reste lourd.
Elle s’arrête près d’un étang et observe son reflet trouble dans l’eau. « Peut-on seulement espérer pardonner à soi-même si le pardon de l’autre nous échappe ? »
Une pensée nouvelle émerge en elle, presque scientifique dans sa nature :
« L’univers est en constant déséquilibre. Les étoiles naissent, vivent et s’éteignent, laissant derrière elles de nouvelles possibilités. Peut-être que, comme l’univers, nos relations évoluent à travers le chaos. Peut-être qu’un jour, après la destruction, quelque chose de nouveau peut naître. »
Ces mots, bien qu’incertains, résonnent en elle comme une lueur dans l’obscurité. Elle se promet intérieurement de continuer, même si son chemin semble interminable.
Un lien silencieux entre deux âmes
Bien qu’ils soient physiquement distants, les émotions de Deng Shen et Yang Li semblent se refléter l’une dans l’autre, comme si un fil invisible unissait leurs âmes tourmentées.
Yang Li, seul dans sa chambre, écrit finalement dans son carnet :
« Le pardon n’est pas une porte que l’on pousse. C’est une maison en ruines que l’on reconstruit, pierre par pierre, avec le temps et la patience. »
Pendant ce temps, Deng Shen, toujours près de l’étang, pense :
« Si la douleur persiste, peut-être est-ce le signe qu’un lien demeure, fragile mais réel. Il y a toujours une chance, aussi infime soit-elle. »
Une question sans réponse
La nuit avance, et chacun des deux protagonistes, bien qu’épuisé, reste éveillé. Yang Li se tourne et se retourne dans son lit, ses pensées l’empêchant de trouver le repos. Deng Shen, quant à elle, trouve un certain réconfort en contemplant les étoiles, mais son esprit refuse de céder au silence.
Chacun se demande, dans un murmure qui semble traverser la distance qui les sépare : « Les cendres peuvent-elles vraiment nourrir une nouvelle flamme ? »
La nuit s’étire, portant avec elle une étrange langueur. Les rues, désertes et baignées d’un clair-obscur lunaire, semblent refléter les états d’âme de deux âmes tourmentées. Le temps s’écoule, inexorable, mais pour Deng Shen comme pour Yang Li, chaque minute semble suspendue, amplifiant la pesanteur de leurs émotions.
Yang Li, assis sur le bord de son lit, fixe son carnet sans vraiment le voir. Les mots qu’il avait jadis écrits, empreints d’espoir et de poésie, lui paraissent soudain vides, déconnectés de la réalité qu’il vit. « Les mots sont parfois des prisons, » pense-t-il, amer. « Ils capturent nos rêves et nos sentiments, mais ils ne peuvent jamais vraiment les libérer. » Pourtant, cette pensée sombre cède doucement la place à une autre, plus réconfortante : « Et si les mots ne suffisent pas, ils peuvent au moins devenir des témoins. Ils témoignent de ce que nous avons ressenti, même si nous ne pouvons plus le vivre. »
De son côté, Deng Shen marche doucement dans le couloir de sa maison, cherchant la paix dans le rythme de ses pas. Les murs semblent lui murmurer les échos de ses propres pensées. Elle se rappelle les moments passés avec Yang Li, ces instants de complicité où chaque sourire partagé semblait un serment implicite. « Chaque sourire que nous offrons, » se dit-elle, « est une promesse que nous devons parfois trahir malgré nous. » Une larme glisse sur sa joue, mais elle l’accompagne d’un murmure d’espoir : « Peut-être que certaines promesses brisées peuvent être reformulées, non pas avec des mots, mais avec des actions. »
La lune est haute lorsque Yang Li finit par se lever pour marcher jusqu’à sa fenêtre. Le silence de la ville, d’ordinaire apaisant, semble peser sur lui comme une couverture de plomb. Il ferme les yeux et murmure à lui-même : « La solitude n’est pas l’absence des autres. C’est la présence de nos propres cicatrices, trop profondes pour être partagées. » Mais, dans un souffle presque imperceptible, il ajoute : « Peut-être que ces cicatrices ne sont pas des murs. Peut-être qu’elles peuvent devenir des ponts, si quelqu’un choisit de les traverser avec nous. »
Deng Shen, toujours dans sa chambre, contemple une nouvelle lettre qu’elle a écrite pour Yang Li. Cette fois, elle n’a pas froissé le papier. Elle pose le stylo avec une résignation teintée de détermination. « Chaque pardon est un champ semé d’incertitudes, » écrit-elle dans un coin de la lettre. « Mais même la graine la plus fragile peut devenir un arbre, si elle trouve la patience et la lumière nécessaires. »
Alors que la nuit touche à sa fin, leurs pensées se rejoignent sans qu’ils le sachent, formant un dialogue silencieux à travers la distance. Pour Yang Li, le pardon apparaît comme un labyrinthe : complexe, intimidant, mais peut-être traversable. Pour Deng Shen, la rédemption est une montagne : chaque pas est un effort, mais le sommet reste visible, lointain mais atteignable.
Lorsque le premier rayon de soleil effleure l’horizon, leurs cœurs portent toujours le poids de leurs tourments. Mais dans ce poids se cache une vérité subtile : chaque fardeau, aussi lourd soit-il, peut devenir un pilier, si on choisit de le transformer en fondation.
Le chapitre se referme sur cette aube hésitante, laissant entrevoir que, même parmi les cendres, une étincelle persiste, prête à rallumer une lumière.
Quand le poids de la vérité est enfin partagé et que les cendres de l’espoir nimbent les premiers pas de réconciliation, peut-on vraiment effacer la douleur, ou le pardon doit-il coexister avec les cicatrices du passé ?
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