CHAPITRE 14 : LE POIDS DU SILENCE

16 minutes de lecture

Li Mei se tenait dans sa chambre, une tasse de thé tiède entre les mains, le regard fixé sur la pluie qui tombait doucement à l’extérieur. L’air était chargé de ce calme mélancolique que seules les journées pluvieuses savent apporter. Mais son esprit, lui, n’avait rien de paisible. Les visages de Deng Shen et de Yang Li flottaient dans son esprit, deux cœurs fracturés par des vérités et des douleurs qu’elle voyait sans pouvoir vraiment les apaiser.

« Peut-on être le pont entre deux âmes brisées, ou risque-t-on de s’effondrer sous le poids de leur souffrance ? » pensa-t-elle, les mots résonnant dans sa tête comme une énigme. Elle savait que rester spectatrice n’était pas une option. Le silence pesant entre ses deux amis la terrifiait, car elle connaissait la puissance destructive de l’absence de dialogue. Mais elle connaissait aussi la fragilité de ce qu’elle tentait de reconstruire. « Parfois, être un pont, c’est risquer de se fissurer pour que d’autres puissent avancer, » murmura-t-elle pour elle-même, cherchant une force qu’elle n’était pas certaine de posséder.

Le lendemain matin, après une nuit courte et agitée, Li Mei décida qu’elle ne pouvait plus attendre. Elle envoya un message à Deng Shen, simple mais direct : « On doit se parler. Retrouve-moi au parc à midi. » Peu après, elle fit de même avec Yang Li, choisissant des mots différents mais tout aussi clairs : « J’ai besoin de te voir. Viens au parc à midi. »

La pluie avait cessé, mais l’air restait frais, chargé de cette humidité qui semble retenir les émotions en suspension. Deng Shen fut la première à arriver, son carnet dans les mains, comme un talisman qu’elle ne quittait plus. Li Mei la rejoignit près du vieux banc en bois où elles s’étaient souvent assises autrefois, avant que tout ne devienne si compliqué. Le regard de Deng Shen était marqué par la fatigue, mais aussi par une lueur fragile d’espoir.

« Merci d’être venue, » dit Li Mei doucement, s’asseyant à ses côtés. Deng Shen hocha la tête sans un mot, ses doigts effleurant nerveusement la couverture de son carnet. Le silence qui suivit n’était pas confortable, mais il portait une sincérité que Li Mei respecta avant de continuer. « Shen, » commença-t-elle, « je sais que tu portes beaucoup de choses en toi. Mais tu ne peux pas avancer seule, pas si tu veux vraiment réparer ce qui a été brisé. »

Deng Shen baissa les yeux, ses larmes menaçant de couler. « Tu crois que j’essaie pas ? » murmura-t-elle. « Mais comment je suis censée avancer si chaque pas me rappelle combien j’ai échoué ? »

Li Mei posa une main légère sur son épaule. « Le regret, Shen, est une ombre. Il n’a pas besoin de disparaître pour que tu puisses avancer. Tu peux marcher avec lui, apprendre de lui, mais tu ne dois pas le laisser te figer. » Elle marqua une pause, choisissant ses mots avec soin. « Il n’est pas trop tard. Yang Li… il souffre, oui, mais il t’écoute encore. Même dans son silence, il t’entend. Mais pour qu’il puisse te répondre, il a besoin que toi aussi tu sois prête à t’écouter toi-même. »

Deng Shen releva les yeux, un mélange de peur et de détermination brillant dans son regard. « Et s’il ne veut pas entendre ? Si je fais tout ça, et qu’il me rejette quand même ? »

Li Mei soupira, cherchant une vérité dans ses propres pensées. « Le risque de tomber, Shen, fait partie de chaque escalade. Mais tu ne sauras jamais ce qui t’attend en haut si tu refuses de grimper. »

Avant qu’elle ne puisse ajouter autre chose, la silhouette de Yang Li apparut à l’entrée du parc. Deng Shen se figea, son souffle suspendu comme si le temps s’était arrêté. Li Mei se leva doucement, lançant un regard à Deng Shen qui lui implorait silencieusement de rester forte. Puis elle marcha vers Yang Li, qui s’approchait à pas mesurés, une distance visible dans ses yeux.

« Merci d’être venu, » dit Li Mei, son ton calme mais ferme. Yang Li hocha la tête, son regard passant brièvement sur Deng Shen, assise plus loin. Une tension palpable s’installa, comme si le parc entier retenait son souffle.

« Pourquoi m’as-tu demandé de venir ? » demanda-t-il, sa voix neutre, mais avec une note de défiance.

Li Mei croisa les bras, déterminée à ne pas flancher. « Parce que je refuse de vous regarder vous perdre l’un et l’autre. Parce que je sais que vous souffrez tous les deux, et que rester dans le silence ne fait qu’aggraver vos blessures. Je suis ici parce que, parfois, ceux qui s’aiment ont besoin d’un pont pour se rejoindre. »

Yang Li détourna les yeux, mais il resta là, immobile. Deng Shen, toujours assise, serrait son carnet comme une ancre. Li Mei sentit la fragilité de cet instant, comme un équilibre sur le fil d’un rasoir. Mais elle savait que le premier pas était toujours le plus difficile. Et si quelqu’un devait porter ce poids, elle était prête à le faire.

Les trois amis, liés par la douleur, le regret et l’espoir, se tenaient maintenant à un carrefour. Et bien que les mots qu’ils échangeraient encore soient incertains, une chose était claire : Li Mei était déterminée à ne pas laisser ce pont se briser.


Li Mei se tenait entre Deng Shen et Yang Li, le cœur alourdi par l’importance de l’instant. Chaque mouvement, chaque regard semblait chargé d’émotions non dites, des vérités suspendues comme des feuilles sur le point de tomber. Elle savait que ce moment pouvait basculer à tout instant, que le moindre faux pas pouvait rompre le fil ténu qui reliait encore ces deux âmes abîmées.

Yang Li croisa les bras, fixant un point au loin, sans véritablement regarder. Sa posture rigide trahissait la tension qu’il tentait de contenir. Deng Shen, quant à elle, jouait nerveusement avec la couverture de son carnet, ses yeux oscillant entre le sol et le visage de Yang Li. Chaque fibre de son être semblait hésiter entre la peur de parler et l’urgence de le faire.

Li Mei posa un regard ferme sur ses deux amis, sentant qu’elle devait briser ce silence qui pesait comme une ombre. « Vous savez, » dit-elle d’une voix douce mais assurée, « le silence est parfois plus cruel que les mots. Il remplit les espaces entre nous de choses que nous n’osons pas affronter. »

Yang Li tourna la tête légèrement vers elle, sans répondre, tandis que Deng Shen releva timidement les yeux. « Je ne peux pas vous forcer à parler, ni à vous pardonner, » continua Li Mei, ses mots soigneusement choisis. « Mais si vous restez enfermés dans vos propres douleurs, vous allez finir par vous perdre complètement. »

Deng Shen inspira profondément, ses mains tremblant alors qu’elle ouvrait enfin la bouche. Sa voix était faible, brisée par l’émotion : « Yang Li… Je… Je sais que je t’ai blessé. Je sais que mes mots, ce jour-là, ont détruit quelque chose en toi. Et je ne pourrai jamais revenir en arrière. »

Yang Li baissa les yeux, serrant les poings. Les souvenirs de cet instant le traversèrent comme une lame, mais il resta silencieux, laissant Deng Shen poursuivre. Elle serra son carnet contre elle, comme pour y puiser un peu de force. « Je ne veux pas effacer ce que j’ai fait. Je veux que tu saches que je le porte chaque jour. Et si je suis ici, c’est parce que… malgré tout, tu comptes encore pour moi. Plus que je ne saurais le dire. »

Ses mots flottèrent dans l’air, une confession aussi fragile qu’un souffle. Li Mei observa Yang Li avec attention, son cœur serré. « Les erreurs peuvent être des chaînes, » murmura-t-elle, « mais elles peuvent aussi être des leçons, si on choisit de ne pas les ignorer. »

Yang Li releva doucement les yeux, croisant enfin le regard de Deng Shen. Son visage portait encore les traces de la douleur, mais il y avait aussi une étincelle d’humanité, un tremblement imperceptible qui trahissait le conflit en lui. « Tu crois que des excuses suffisent ? » demanda-t-il, sa voix basse, presque rauque. « Tu crois que des mots peuvent recoller les morceaux ? »

Deng Shen serra les dents, une larme roulant sur sa joue. « Non, je sais que ça ne suffira pas, » répondit-elle, sa voix vibrant d’une sincérité brute. « Mais ces morceaux… je veux les tenir avec toi. Je ne demande pas que tu me pardonnes aujourd’hui, ou même demain. Je veux juste que tu saches que je suis prête à tout pour réparer ce que j’ai détruit. »

Un silence tendu suivit, où même le vent sembla hésiter à troubler cet instant. Li Mei, debout à leurs côtés, sentit un frisson la traverser. « Le pardon n’est pas une porte que l’on force, » pensa-t-elle. « C’est une maison que l’on construit, brique après brique, avec la patience et le courage qu’il faut pour y croire. »

Yang Li détourna le regard un instant, laissant les mots de Deng Shen s’imprégner en lui. Une partie de lui voulait crier, rejeter cette douleur qu’elle lui avait infligée. Mais une autre, plus profonde, se souvenait des rires partagés, des moments où elle avait été son refuge dans un monde parfois trop vaste et trop vide.

Il inspira lentement, cherchant ses propres mots. « Shen… Tu m’as détruit, ce jour-là. Mais… » Il marqua une pause, ses yeux brillants d’une émotion qu’il peinait à contenir. « Mais je crois que tu te détruis toi-même encore plus. »

Ses mots tombèrent comme une vérité impossible à ignorer. Deng Shen éclata en sanglots, incapable de retenir ce poids qu’elle portait depuis si longtemps. Li Mei posa doucement une main sur son épaule, lui offrant un soutien silencieux. Yang Li, bien qu’encore distant, ne tourna pas les talons. Il resta là, son regard oscillant entre la douleur et un début de compréhension.

Alors que le soleil commençait à percer à travers les nuages, une lumière douce illumina le parc. Ce n’était pas encore un pardon, mais c’était une brèche, un éclat dans le mur qui les séparait. Et parfois, un éclat de lumière suffit pour montrer un chemin.


Le silence retomba sur le parc, mais il ne portait plus le poids oppressant de l’indifférence. Il était différent maintenant, comme une toile sur laquelle de nouvelles couleurs pouvaient être peintes. Deng Shen essuyait ses larmes avec la manche de son pull, laissant le tremblement de ses épaules s’apaiser peu à peu. Yang Li restait là, les bras toujours croisés, mais son regard n’était plus aussi distant. C’était un pas infime, mais un pas tout de même.

Li Mei sentit qu’elle devait laisser cet instant se dérouler sans trop intervenir. Parfois, les mots, même nécessaires, devaient céder leur place à la vulnérabilité d’un moment partagé. Elle se contenta donc de se retirer légèrement, assez pour ne pas s’imposer, mais pas trop loin pour abandonner. « Parfois, être un pont, » pensa-t-elle, « c’est savoir quand ne pas marcher dessus. »

Deng Shen releva doucement les yeux vers Yang Li, et pour la première fois depuis des semaines, elle osa tenir son regard. « Je ne sais pas par où commencer, » murmura-t-elle, sa voix à peine audible. « Mais je veux que tu saches… que tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai dit… Je regrette tout. » Ces mots, bien que simples, contenaient le poids d’un océan. Ils n’étaient ni parfaits ni suffisants, mais ils étaient sincères.

Yang Li haussa légèrement les épaules, un geste qui semblait traduire son conflit intérieur. « Les regrets ne changent rien, » répondit-il, sa voix ferme mais pas froide. « Ce que tu as dit, ce que tu as fait… ça ne disparaîtra jamais. »

Ces mots poignèrent Deng Shen, mais elle ne détourna pas les yeux. « Je sais, » dit-elle après un moment, ses doigts jouant nerveusement avec le coin de son carnet. « Je ne suis pas ici pour demander que tout redevienne comme avant. Je suis ici parce que tu mérites d’entendre ce que je n’ai pas eu la force de te dire avant. »

Yang Li, pour la première fois, sembla s’adoucir légèrement. Il baissa les bras et soupira, passant une main dans ses cheveux. « Et qu’est-ce que tu veux me dire, Shen ? Que tu es désolée ? Que tu voudrais tout effacer ? Tu crois que c’est aussi simple que ça ? »

Deng Shen hocha la tête, les larmes perlant à nouveau dans ses yeux, mais cette fois avec une détermination qu’elle n’avait pas encore montrée. « Non, ce n’est pas simple. Rien de tout cela ne l’est. Mais je veux que tu saches que je ne cherche pas à effacer quoi que ce soit. Je veux porter ça avec toi, si tu me laisses. »

Li Mei, restée en arrière, sentit un frisson la traverser. Elle comprenait que ce moment était fragile, mais aussi rempli d’une possibilité qu’elle n’avait pas osé espérer. « Les mots ont un pouvoir étrange, » pensa-t-elle. « Ils peuvent blesser, mais ils peuvent aussi être des clés. »

Yang Li observa Deng Shen pendant un long moment, comme s’il essayait de lire au-delà de ses mots, au-delà de son visage. Enfin, il hocha doucement la tête, un geste presque imperceptible. « Tu veux porter ça avec moi, hein ? » dit-il, sa voix teintée d’un mélange de sarcasme et de résignation. « Très bien. Mais porter ce poids, Shen… ce n’est pas quelque chose que l’on dit. C’est quelque chose que l’on fait. »

Ces paroles, bien qu’aigres, n’étaient pas un rejet. Deng Shen sentit une étincelle d’espoir s’allumer en elle, même si elle était encore vacillante. « Alors laisse-moi essayer, » dit-elle, sa voix emplie d’une sincérité presque douloureuse. « Laisse-moi au moins commencer. »

Le vent se leva légèrement, soufflant à travers les branches des arbres, comme un murmure d’approbation de la nature elle-même. Li Mei s’approcha doucement, posant une main légère sur l’épaule de Yang Li et une autre sur celle de Deng Shen. « Vous avez fait le plus difficile, » dit-elle doucement. « Maintenant, tout dépend de la manière dont vous choisirez de continuer. »

Yang Li et Deng Shen échangèrent un regard, chargé d’émotions contradictoires : douleur, hésitation, mais aussi une esquisse, infime, d’une possibilité. Ce n’était pas encore un pardon, mais c’était un début. Et parfois, un début est tout ce dont on a besoin pour espérer.

Le soleil, caché derrière les nuages, perça doucement, projetant une lumière dorée sur le parc. Cette lumière, bien qu’éphémère, semblait porter en elle une promesse : celle d’un avenir encore fragile, mais où rien n’était totalement perdu.

Les nuages, denses et lourds, s’effaçaient lentement, laissant au ciel le loisir de dévoiler un bleu fragile, presque timide. Yang Li resta immobile un instant, les mains glissées dans les poches, son regard suivant un oiseau qui traversait le ciel comme s’il cherchait une destination perdue. Il inspira profondément, un soupir discret échappant à ses lèvres. « Les cicatrices ne disparaissent pas, » pensa-t-il, « mais peut-être peuvent-elles cesser de nous rappeler la douleur chaque fois que nous les regardons. »

Deng Shen, debout à quelques mètres, hésitait encore à s’approcher davantage. Chaque pas lui semblait être une traversée, une mise à l’épreuve de son courage. Ses doigts, crispés sur son carnet, trahissaient son appréhension. Mais quelque chose dans l’attitude de Yang Li, dans la manière dont il ne tournait pas le dos, lui donna une étincelle de force. Elle avança doucement, ses pas à peine audibles sur l’herbe humide.

« Yang Li, » dit-elle finalement, sa voix presque tremblante, mais décidée. Il tourna légèrement la tête, sans la regarder directement, mais suffisamment pour l’écouter. Elle se sentit encore plus vulnérable, comme si l’espace entre eux se chargeait d’un poids qu’elle devait porter seule. « Je ne sais pas si mes mots peuvent changer quoi que ce soit, » continua-t-elle. « Mais je veux les dire quand même, parce que je ne veux plus vivre dans ce silence. »

Yang Li baissa légèrement la tête, une mèche de cheveux tombant sur son front. « Alors dis-les, Deng Shen, » murmura-t-il, sa voix calme mais teintée d’une note grave. « Dis-les, et on verra ce qu’ils valent. »

Elle ferma les yeux un instant, rassemblant le courage nécessaire pour affronter non seulement Yang Li, mais aussi elle-même. « Ce jour-là… » commença-t-elle, sa gorge nouée. « Je t’ai blessé parce que je n’ai pas su gérer ce que je ressentais. La jalousie, la colère… tout cela m’a fait perdre de vue ce qui comptait vraiment. Et ce qui comptait, c’était toi. Toi, et tout ce que nous avons partagé. »

Ses mots étaient simples, mais chaque syllabe semblait creuser dans ses entrailles, arrachant des vérités qu’elle avait trop longtemps enfouies. Yang Li resta silencieux, mais son regard se tourna enfin vers elle. Ses yeux étaient calmes, mais il y avait une profondeur dans leur éclat, comme une mer qui contenait encore des tempêtes passées.

« Je ne peux pas demander ton pardon, » poursuivit-elle, ses yeux se remplissant de larmes. « Mais je peux promettre de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mériter un jour ton respect, même si je dois attendre longtemps. Même si cela doit être de loin. »

Yang Li esquissa un sourire, presque imperceptible, mais qui portait en lui une nuance d’épuisement. « Ce n’est pas le pardon qui est difficile, Shen, » dit-il finalement, sa voix plus douce que prévu. « C’est d’apprendre à te croire. »

Ces mots, bien qu’empreints de doute, portaient une lueur d’espoir. Deng Shen sentit que, pour la première fois depuis longtemps, un chemin semblait s’ouvrir, même si ce n’était qu’un sentier étroit. « Je ne m’attends pas à ce que tu me crois tout de suite, » répondit-elle, essuyant une larme qui roulait sur sa joue. « Mais je suis prête à marcher ce chemin, aussi long soit-il. »

Li Mei, restée en retrait, observa cet échange avec une émotion qu’elle peinait à contenir. Elle savait que ce moment, bien qu’encore fragile, marquait une avancée. Elle murmura pour elle-même, comme une prière : « Même les fissures les plus profondes peuvent laisser passer la lumière, si elles sont acceptées. »

Yang Li inspira profondément, sa posture se relâchant légèrement. « Je ne peux pas te promettre que ce sera simple, » dit-il après un moment. « Mais je peux promettre d’essayer de comprendre, si toi aussi tu essaies de ne pas fuir. »

Le vent souffla à nouveau, balayant doucement les feuilles au sol comme pour accompagner leurs mots. Deng Shen hocha la tête, un mélange de soulagement et de détermination inscrits sur son visage. « Je ne fuirai pas, » dit-elle, sa voix emplie d’une sincérité désarmante. « Pas cette fois. »

Le soleil, éclipsant peu à peu les nuages, projeta une lumière douce sur le parc, illuminant les visages de Yang Li, Deng Shen et Li Mei. Ce n’était ni une fin ni une conclusion, mais une promesse partagée, une reconnaissance de la complexité de leurs sentiments et de leur histoire. Ensemble, ils étaient peut-être encore cassés, mais ils n’étaient plus seuls au milieu des éclats. Et parfois, cela suffisait pour recommencer à avancer.

Le soleil baissait lentement à l’horizon, peignant le ciel de teintes orangées et dorées qui semblaient refléter la nuance délicate des âmes présentes. Yang Li, Deng Shen et Li Mei restaient ensemble dans le parc, entourés par le bruissement des feuilles et le chant lointain des oiseaux. Ce moment, bien que calme en apparence, était chargé d'une densité émotionnelle que chacun ressentait sans mots.

Yang Li passa une main sur son visage, comme pour chasser les pensées encore embrouillées dans son esprit. Ce qu’il avait partagé avec Deng Shen et ce qu’il s’apprêtait à vivre n’étaient pas simples, mais une brèche avait été créée, un premier pas vers quelque chose qu’il n’avait pas encore osé nommer. « La douleur, » pensa-t-il, « n’est pas seulement une ombre. Elle peut aussi être un guide, un éclat qui illumine ce que nous devrions protéger. » Il tourna légèrement la tête vers Deng Shen, la regardant, mais cette fois sans le poids accablant de la colère. Ce regard, bien que furtif, portait une promesse tacite : celle de ne plus refuser totalement la possibilité d’un avenir partagé.

Deng Shen, pour sa part, sentait un mélange étrange de soulagement et de peur. Les mots qu’elle avait prononcés étaient à la fois un fardeau libéré et une responsabilité nouvelle. « Le pardon n’est pas une destination, » se dit-elle, « c’est un chemin que l’on doit mériter de parcourir. » Ses doigts caressaient la couverture de son carnet, une ancre tangible dans ce tumulte émotionnel. Elle osa, enfin, esquisser un léger sourire, à peine perceptible, mais sincère. Même si une partie d’elle craignait encore l’incertitude de ce qu’il restait à reconstruire, l’étincelle d’espoir qu’elle apercevait dans le regard de Yang Li suffisait pour lui rappeler que tout n’était pas perdu.

Li Mei observait ses deux amis en silence, le cœur empreint d’un mélange de satisfaction et de vigilance. Elle savait que ce moment n’était qu’un début, une fragile ouverture sur ce qui restait encore complexe et douloureux. Mais elle connaissait aussi la puissance des premiers pas. « Chaque pont, » pensa-t-elle, « commence par une seule pierre. Et une fois posée, cette pierre ne demande qu’à soutenir ce qui viendra ensuite. » Elle inspira profondément, fière de voir que, malgré le poids de leurs souffrances, Deng Shen et Yang Li avaient trouvé la force d’essayer.

Alors que la lumière faiblissait, Deng Shen rompit doucement le silence. « Yang Li… Merci de ne pas être parti. Merci de m’avoir écoutée. » Ses mots étaient simples, mais ils portaient une sincérité qui rendait inutile toute embellie. Yang Li hocha la tête sans répondre, mais un léger relâchement dans ses épaules montrait qu’il avait entendu. Parfois, les réponses n’ont pas besoin de mots.

Li Mei, sentant que le moment approchait sa conclusion naturelle, se leva doucement du banc où elle s’était assise. « Vous n’avez pas besoin de tout résoudre aujourd’hui, » dit-elle, sa voix aussi apaisante que les derniers rayons de soleil qui baignaient le parc. « Chaque pas compte, même ceux qui semblent trop petits pour être remarqués. Prenez le temps qu’il faut, mais ne laissez pas ce silence redevenir un mur. »

Deng Shen et Yang Li acquiescèrent silencieusement, leurs regards tournés vers elle brièvement avant de se croiser à nouveau. Les ombres s’allongeaient, mais elles n’étaient plus aussi oppressantes qu’auparavant. Il restait encore des fissures, des douleurs, et des incertitudes, mais il y avait aussi une lumière naissante, une promesse de guérison.

Alors qu’ils quittaient le parc, chacun dans une direction différente, Li Mei resta un instant immobile, regardant leurs silhouettes s’éloigner. Elle sourit doucement, convaincue qu’ils trouveraient une manière de reconstruire, à leur rythme. Le vent caressa son visage, et elle murmura pour elle-même : « Même les tempêtes les plus sombres laissent place à des aubes, si on leur en donne le temps. »


Quand le silence cède enfin à des vérités trop longtemps retenues, que devient l’écho des promesses naissantes face à l’épreuve du temps et aux ombres d’un passé qui refuse de disparaître entièrement ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Reidid Ndele ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0