S2-bis : Prose d'urbanité en déclin
Au cœur des légendes urbaines, dans les forêts de verre et de béton, plastique et polystyrène, l'humain.
L'humain, vassal de chair en pâture aux dieux de papier et de cuivre, se traîne sur l'asphalte liquide.
La feuille flétrie s'écrase sous le pied en un délicieux craquement qui, de printemps, s'est mué en une fournaise permanente.
Les tours abandonnées, délavées par la pluie, amas poussiéreux, reflètent le soleil et incendient tout ce qui peut l'être.
Le chat scarifié, pelage ébouriffé, terrifie par ses yeux entrouverts les ombres de parkings effondrés.
Le vent caustique accable toute avancée, il broie et assèche les poumons des corps assoiffés.
Les squelettes rouillés de voitures et vélos, portières entrouvertes, roues qui grincent dans le vide, hantent les rues, fantômes de métal.
Le rat empressé renifle à gauche, puis à droite, enfin traverse l'allée de débris, jusqu'à la prochaine cachette exiguë.
Odeurs de terre, de rouille et de ciment brisé enivrent jusqu'à plus soif, qui se souvient des parfums d'antan ?
Au cœur des légendes urbaines, les héros de survie déposent des fleurs de synthèse sur les tombes des vivants, à la mémoire d'idéaux jamais souhaités.
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