S14 : Ali Baba et l'arbre aux quarante écus
Dans sa parure aux mille et une dorures,
Ali, prince fourbe et cruel,
Songeait à sa vile imposture,
À son nouveau rang, accidentel.
Comme tout homme pris de court
Par une richesse inopportune,
Déjà, il avait hâte du jour
Où il décuplerait sa fortune.
Harassé par le vent, brûlant,
Ali s'enquérait de l'ombre.
Il marchait au gré des sentiments
Et s'adossa au pied d'un arbre.
Quel ne fut pas son désarroi,
Lorsqu'à deux doigts de s'endormir,
L'arbre demanda à Ali : « Ô mon bon roi,
De quelques écus oseriez-vous m'affranchir ? »
Ali, épouvanté, s'enfuit mais trébuche,
Il contemple l'arbre mielleux,
Et considère avec débauche,
Que c'est un possible cadeau des cieux.
L'arbre murmure « Ali Baba, approche-toi,
Et je te dévoilerai ma cachette. »
Ali s'avance vers le tronc, sujet à un grand émoi,
Jusqu'à en épouser la silhouette.
« Craac ! » Les branches grincent
Et s'emparent du scélérat.
Voici notre ami perdu par l'avarice,
Enchaîné des pieds jusques aux bras.
Ali s'écrie : « Monstre, laisse-moi partir ! »
Armé d'un brusque courroux, l'arbre lui répond :
« En échange de 40 écus, tu devras subir
Le sort des 40 voleurs dont tu as eu raison. »
Annotations
Versions