Chapitre 2

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Hana

Je fixe des yeux le plafond de ma chambre. Cela fait presque trois quarts d’heure que je me tortille dans tous les sens, cloîtrée entre les murs blancs de la pièce, dans l’espoir de mettre un terme à mes cogitations. En vain.

Je déteste devoir partager mon toit avec des inconnus. Encore plus quand ces inconnus ne semblent pas friands des règles de bienséance.

Je prends une profonde inspiration pour me calmer. Mine de rien, ma conversation avec Lucy m'a fait réfléchir. J'ai donc décidé de prendre de nouvelles résolutions avec Yanis. J’arrête de lui parler de ses fréquentations, j’arrête de l’envahir avec mes pensées négatives. Alors pour remplir mon objectif, il me suffit de me tenir à l’écart et d’éviter toute situation qui pourrait me mener à croiser ses amis. Pas de rencontre, pas de jugement. Plutôt simple, non ?

La vibration de mon téléphone me tire de mes rêveries.

Je l'attrape vivement et je jette un coup d'œil à la notification, avant de hausser un sourcil. Un message en provenance du « plus beau des grands frères ». Non, je ne me suis pas amusée à le renommer comme ça moi-même. Il s'est fait un malin plaisir à se l'attribuer lui-même.

  • Hana, le frigo est vide... :(
  • Est-ce que tu pourrais nous préparer à manger ?

Pardon ?

Je manque de m'étouffer en lisant la demande de Yanis et je réponds sans plus attendre :

  • Ben faites-vous livrer un repas !

Mon téléphone vibre la seconde suivante.

Il doit vraiment être rivé dessus.

  • C'est la première fois que Reda vient à la maison.

Et ?

  • Ce serait malpoli de ma part.
  • Et comme ça, le dîner sera prêt pour tout le monde.

Je roule des yeux face à l'attitude de mon ainé.

Je le connais.

Il fait exprès de me harceler de messages pour me faire céder.

Mais ça ne fonctionnera pas.

Je m'apprête à refuser sa demande, lorsque je réfléchis un instant. Tout compte fait, je ne crois pas que Yanis ait déjà amené quelqu'un ici. Son ami d’enfance, Harûn, est un libraire trop occupé à subvenir aux besoins de sa femme, Inaya. Et Naïm est bien trop accro à la clope pour que ma mère ne le laisse franchir le seuil de l'entrée de la maison.

Je laisse échapper un soupir d'exaspération avant de reprendre mon portable. Si Reda est réellement le premier ami qu’il invite, je comprends qu’il veuille faire bonne impression.

  • D'accord.

Je finis par rétorquer, malgré moi.

  • Merci Hana <3
  • Mais je vais me débrouiller avec les restes. Alors ne soyez pas trop exigeants.
  • Je t'aime <3
  • Tu es vraiment la meilleure <3

Ça m'ennuie de l'admettre, mais son enthousiasme m’arrache un sourire.

J’aurais pu le laisser cuisiner lui-même, mais mes parents et moi avons déjà subi les frais de sa maladresse avec les plaques électriques : une poêle brulée et un plat à jeter. Alors autant éviter les risques inutiles.

* * *

L'agencement de ma maison est plutôt simple à intégrer. Elle possède un seul étage, comportant à la fois ma chambre, celle de mon frère, ainsi que notre salle de bain commune. Toutes les autres pièces sont situées au rez-de-chaussée. La chambre de mes parents au fond du couloir, le salon, ainsi que la cuisine, au pied de l'escalier. En parlant de la cuisine justement, elle n'est pas séparée du salon par un couloir, mais seulement par un bref mur, plutôt mal isolé, ce qui rend les conversations et les secrets difficiles à camoufler.

J’ouvre le placard au-dessus du plan de travail et je balaie d’un œil chaque recoin. Il reste un paquet de riz que je m’empresse d’ouvrir. J’attrape également quelques légumes dans le réfrigérateur, ainsi que des œufs, et je me mets au travail.

Pendant que le riz cuit dans la casserole et que je découpe minutieusement chaque légume, je ne peux m’empêcher de laisser traîner une oreille vers le salon. Les mots sont saccadés et sans contexte, alors je ne suis pas certaine, mais je crois que Yanis est en train de monologuer sur une expérience plutôt récente.

  • Ce n'était pas un accident, j’en suis sûr ! s’écrie-t-il brusquement, d’une voix stridente.
  • Tu comptes porter plainte ? rétorque Reda, dont le ton est beaucoup plus calme et posé.
  • J’en sais rien... En fait, je voulais surtout aller le cogner.

Oh mon dieu.

Je manque de m'entailler un doigt en entendant ces bribes de conversation.

Mais dans quels problèmes mon frère est-il allé se fourrer ?

Et pourquoi est-ce qu'il en parle à cet inconnu, plutôt que se confier à sa propre sœur ?

J'entends les rires de Reda éclater face à la spontanéité de Yanis.

C'est une blague ? C'est comme ça qu'il compte le sortir de ce pétrin ?

Soudain, je réalise de nouveau les pensées négatives traversant mon esprit et je secoue vivement la tête pour me ressaisir. Je ne dois plus me mêler. Ses affaires ne me regardent pas.

Je tente de chasser ces idées pour me recentrer sur mon occupation principale, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. Finalement, ne pas s’impliquer s’avère bien plus facile à dire qu’à faire…

* * *

Le plat est prêt.

Je prends le temps d’arroser mon riz avec de la sauce soja sucrée, avant de le répartir équitablement sur deux assiettes plates. Les mains sur les hanches, j’observe le résultat de mon travail avec satisfaction.

Yanis n’est pas difficile en nourriture. Il mange toujours les plats que ma mère prépare, sans jamais se plaindre, même s'il m'a avoué récemment qu'il ne supportait plus de devoir ingérer des couscous tous les dimanches.

Non. En fait, c'est plutôt son ami qui m'inquiète. À défaut d’être poli, j’espère au moins qu’il saura rester clément sur mes capacités culinaires...

J'envoie un message à mon frère pour lui intimer de venir récupérer les assiettes. Hors de question que j'aille les servir moi-même. J'ai déjà rendu suffisamment de services pour aujourd'hui.

Il s'empresse de me rejoindre dans la cuisine, me gratifiant au passage d'un énorme sourire aux lèvres.

  • Waouh.

Je me mets à glousser.

  • C'est tout ?
  • Je reste sans voix, tout simplement. Je savais que tu te débrouillais bien en cuisine, mais je ne pensais pas que tu arriverais à faire quelque chose d'aussi stylé avec le peu d'ingrédients qu'il restait...
  • Arrête d'exagérer ! C'est juste du riz sauté.

Je m'avance pour lui tapoter l'épaule.

  • Tu n'es pas obligée de me complimenter juste parce que tu te sens redevable, tu sais.

Il fronce les sourcils.

  • Bien sûr que non ! Tu crois vraiment que je suis ce genre de personne ?

Je fais mine de l'ignorer.

  • Je suis sincère, Hana ! Le plat est beau et ça sent super bon.

Sur ces mots, le rouge me monte aux joues.

Pour être honnête, je ne sais jamais réellement comment me comporter face aux compliments qu'on m'adresse. S'ils ne sont pas sincères, je les cerne plutôt rapidement. Mais si au contraire, ils sont authentiques, mon corps finit par s'exprimer à ma place. Rire nerveux, rougissement, déni, tous les mécanismes de défense possibles et inimagineables se mettent en place pour ne pas les intégrer.

  • C'est le principal, si tu aimes... je murmure alors, un peu embarrassée.
  • Merci, Hana.

Il m'ébourrife la tête, comme à son habitude, avant de prendre les assiettes et de retourner avec Reda.

Lorsqu'il a enfin disparu de mon champ de vision, je laisse échapper un soupir de soulagement. Je me sens enfin libérée d'un poids qui m'oppressait depuis le début de la soirée. Et je vais enfin pouvoir retourner dans ma chambre pour me concentrer sur mes propres occupations. Comme mes devoirs à rendre, par exemple.

Alors que je m'apprête à retourner vers l'escalier, je suis interrompue dans mon mouvement :

  • Hana, est-ce que tu pourrais venir ? me demande mon frère, de l'autre côté.

Oh non.

J'espère que c'est une blague.

  • On a un petit problème, ajoute-t-il. On a besoin de toi !

Un problème ?

Mais quel genre de problème nécessiterait ma présence pour être réglé ?

Pour être honnête, la perspective de revoir Reda ne m'enchante pas du tout. Sa première impression m'a laissée très perplexe et je ne veux pas empirer l'idée que je me fais déjà de lui. Ni embêter Yanis avec mes appréhensions.

  • D'accord, je finis tout de même par rétorquer.

Parce que je ne peux pas décliner la demande d'aide de mon ainé.

Je ne peux pas me permettre d'être égoïste lorsqu'il a besoin de moi.

Alors je vais prendre sur moi.

Mais seulement pour cette fois.

* * *

Je fixe mes interlocuteurs discrètement.

Yanis est affalé sur le canapé en velours, les yeux rivés sur l'écran de la télévision.

Reda, lui, me paraît un peu plus distrait. Son regard alterne régulièrement entre le programme et la décoration du salon. Coussins roses, tapis beiges, toute cette ambiance cosy créée par ma mère semble l'intriguer. Même le crépitement des flammes de notre petite cheminée.

J'avance d'un pas en arborant un air confiant.

Un air faussement confiant, évidemment.

  • Qu’est-ce qui se passe ?

Ma voix légèrement chevrotante me trahit cependant rapidement. Reda détourne la tête pour me scruter minutieusement. Il décortique chaque parcelle de mon corps, l'expression insondable, comme s'il cherchait à déceler mes moindres failles.

Je soutiens son regard perçant durant quelques secondes, non sans peine, avant de le rediriger sur la table basse. L’assiette de mon frère semble bien entamée, tandis que l’autre est restée intacte. Alors je hausse un sourcil interrogateur en direction de mon ainé.

  • Comme tu le vois, Reda n'a pas touché à son assiette...

Oh non.

Je crois rêver.

Il a vraiment osé critiquer mes capacités culinaires ?

Je reporte mon attention sur Yanis, qui me semble nerveux.

  • En fait...

L'espace d'un instant, il s'arrête pour triturer ses mains, avant de répéter :

  • Comment dire... en fait...

Mais accouche !

  • Reda est...
  • Allergique aux poivrons, le coupe alors ce dernier en constatant sa difficulté à articuler.
  • Oh.

Je suis partagée entre l’envie de soupirer de soulagement et l’incompréhension face à l’attitude exagérée de mon frère. Qualifier ça de problème, c’est quand même gros. Après tout, ce n'est pas de sa faute, s'il est allergique.

  • Ce n'est rien, je réplique alors en lui décochant un sourire.

Un sourire qu'il ne me rend évidemment pas, mais je ne me laisse pas abattre :

  • Donne-moi ton assiette, je vais les retirer.

L'espace d'un instant, il me fixe, d'une expression indéchiffrable, avant de me toiser.

  • Non. En fait, quand je dis allergique, ça veut dire allergique.
  • Quoi ?

Je lui rends son regard méprisant.

Son attitude condescendante commence sérieusement à me taper sur le système.

Parce que j'ai l'impression qu'il me prend vraiment pour une idiote.

  • Où est-ce que tu veux en venir ?
  • Ce que je veux dire, c'est qu'à partir du moment où les poivrons ont touché le plat, je ne peux plus rien manger.
  • Quoi ?!

Je laisse échapper un rire nerveux.

  • C'est une blague ?
  • Non, achève-t-il alors sèchement.

Je lutte intérieurement pour garder mon calme.

Je viens de passer plus d'une demi-heure dans la cuisine, à tenter de m'en sortir pour préparer un plat convenable malgré le manque d'ingrédients, pour qu'on me demande implicitement de tout recommencer ? Sérieusement ?

  • Hana ! s'exclame Yanis. Au pire, on va commander ! Ne t'en fais pas !

Je comprends mieux l'attitude de mon grand frère, maintenant, loin d'être exagérée finalement.

  • De toute façon, je n'ai pas très faim, ajoute Reda en haussant les épaules avec indifférence.

Toi, je me passerais bien de tes commentaires !

Un instant, je fixe les deux garçons, d'un air surpris, le temps de digérer la nouvelle. Dans un sens, ce n'est pas vraiment de sa faute, s'il est allergique aux poivrons. Il aurait simplement pu le mentionner plus tôt...

  • Ce n'est pas grave, je finis par annoncer calmement. Je vais cuisiner autre chose.

Je sens les prunelles vertes de Reda me sonder de nouveau. Il a l'air partagé entre un sentiment de surprise et de satisfaction face à ma réaction.

  • Hana, tu as déjà fait beaucoup... ajoute mon frère, visiblement confus.
  • C'est bon. Ça ne me dérange pas.

Je lui décoche un sourire hypocrite pour essayer de le rassurer. Même si en réalité, je mens. Bien sûr que ça me dérange. J'ai autre chose à faire que de passer ma soirée dans la cuisine. Ce n’est pas la liste d’obligations qui manque. Mais je ne veux pas le mettre dans une position délicate. Alors je prends sur moi. Une seconde fois. Et cette fois, ce sera la dernière. Du moins je l'espère.

Je reporte de nouveau mon attention sur notre invité.

  • Est-ce que tu es allergique à autre chose ? je l'interroge.

Non parce qu'il ne manquerait plus que le scénario ne se répète à l'infini !

Il se pince l'arête du nez, comme pour réfléchir, ce qui me déstabilise. Parce que j'ai la même habitude que lui, lorsque je dois me concentrer pour réfléchir. Et c'est plutôt déroutant.

  • Non, pas à ma connaissance.
  • Une omelette, ça te va ?

Il se contente de hocher la tête pour acquiescer.

Je crois que me remercier, c'est au-dessus de ses forces.

* * *

  • Il m'insupporte, Lucy !

J'entends mon interlocutrice s’esclaffer de la situation, de l’autre côté du téléphone.

  • Pourquoi est-ce que tu rigoles ? Ce n'est vraiment pas drôle !
  • Je n'arrive pas à croire que tu aies dû refaire un plat tout entier juste pour lui !
  • Ce n'est pas comme si j’avais eu le choix... Je n'allais pas le laisser mourir de faim non plus.

Lucy s'arrête un instant, pensive, avant de reprendre :

  • Moi, je pense surtout qu’il a voulu se moquer de toi.
  • Quoi ?

Mais qu'est-ce qu'elle raconte ?

  • Réfléchis un peu, Hana. L’allergie au poivron, c’est une allergie orale.
  • C’est-à-dire ?
  • C’est une réaction de ton organisme face à des protéines végétales.

Décidément, Lucy est vraiment très cultivée.

Depuis le plus jeune âge, ses parents l'éduquent dans l'optique de lui inculquer des connaissances dans tous les domaines. Et maintenant qu'elle vit seule, elle poursuit ce travail en autonomie. Ce qui me fascine toujours autant.

  • Je ne comprends toujours pas le rapport…
  • Ce que je veux dire, c'est que tant que tu ne consommes pas l'aliment en question, tu n'as aucune chance de développer des symptômes liés à l'allergie.

Là, je crois que je commence à comprendre où elle veut en venir...

  • Oh non, ne me dis pas que...
  • Si si, m'interrompt la blonde. Enlever chaque poivron aurait largement suffi. Il a juste voulu te faire tourner en bourrique.

Je me mordille la joue intérieurement pour réprimer un cri de colère.

  • Mais qu'est-ce qu'il lui a pris ? Qu'est-ce que je lui ai fait pour mériter ça, bon sang ?
  • Là, tu m'en demandes trop.

Les éclats de rire de mon amie cessent, pour laisser place à un ton plus sérieux.

  • Tu sais, essaie de ne pas prendre cette histoire trop à coeur.
  • Plus facile à dire qu'à faire...

J'enroule une mèche de cheveux autour de mon index.

  • Hana ! Ce n'est pas comme si tu allais le recroiser de si tôt !
  • Sauf si Yanis s'amuse à le ramener à la maison chaque semaine...
  • Alors tu t'arrangeras pour sortir à ce moment là !

Elle n'est pas à côté de moi, mais je suis certaine qu'à cet instant précis, elle fait de son mieux pour me rassurer.

  • Bon, je dois te laisser Hana. Il faut que je prépare ma valise.
  • Tu retournes déjà à Londres ?
  • Oui, j'ai pas mal de choses à régler là-bas. Je ne peux pas me permettre de rester plus longtemps en France.

Même si je sais qu'elle reviendra sûrement d'ici quelques semaines, je ne peux m'empêcher d'être attristée par son départ imminent.

  • D'accord... je me contente de répondre, d'une voix maussade.
  • Hana ! Si tu réagis comme ça, tu me compliques les choses !
  • Désolée, c'est plus fort que moi...

Nous nous mettons à glousser mutuellement.

  • Ne t'inquiète pas, on continue de se tenir au courant par texto.
  • Oui ! Bon voyage, Lucy. Qu'Allah te protège !
  • Merci, Hana. Prends soin de toi, beauté.

* * *

Ma tête laissée aller contre l'oreiller, je perçois vaguement les bruits de pas étouffés par la moquette de mon ainé. Il se positionne derrière la porte, en attente de ma validation.

  • Tu peux entrer.

Je me relève pour m'asseoir en tailleur sur le lit.

  • Est-ce que tu vas bien ? me demande-t-il, en entrant timidement dans ma chambre.

Je le scrute un instant.

Au vu de sa mine, il doit vraiment culpabiliser.

  • Oui, je vais bien. Ne t'inquiète pas, Yanis.

Il laisse alors échapper un profond soupir.

  • Et moi qui pensais que tu allais vouloir me tuer...
  • Quoi ? Mais pourquoi ?

Oui, je fais l'autruche.

Mais je n'arrive pas à affronter la figure honteuse de mon ainé.

  • J'ai l'impression d'avoir gâché toute ta soirée, à cause de cette histoire d'allergie...

C'est vrai.

Elle a été gâchée.

Et j'ai vraiment envie de coller une tarte à ce Reda qui m'a littéralement prise pour une idiote.

Mais je n'en veux pas à Yanis. Vraiment pas. Je sais que ses intentions étaient louables et je ne le blâmerai jamais pour ça.

  • Approche.

Mon frère obtempère et se place face à moi.

  • Non mais baisse-toi un peu ! On a quinze centimètres d'écart, je te rappelle.

Il s’exécute et je m’empresse alors de lui ébouriffer ses cheveux.

  • C’est moi qui ai accepté ta demande.
  • Oui mais...

Je ne lui laisse pas le temps d'achever sa phrase :

  • Et si j’ai accepté, c’est parce que ça me faisait plaisir. Est-ce que je suis du genre à accepter des choses contre mon gré ?

Il nie de la tête.

  • Alors arrête de culpabiliser. Tu n'y es pour rien !

Mon frère me fixe, les yeux écarquillés.

  • Hana, tu es vraiment trop gentille…

Mon aîné se met à tirer sur mes joues pour me provoquer fraternellement.

  • Aïe ! Ne me touche pas ! m'écrié-je, prise de court.
  • Sinon quoi ? Tu vas me toucher en retour ? Tu ne peux même pas m'atteindre, espèce de naine !
  • Quoi ? Attends de voir ça !

Pendant que nous nous chamaillons, la nuit s'abat progressivement, clôturant enfin cette journée particulièrement mouvementée.

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