Chapitre 15

12 minutes de lecture

Yanis

  • Il fait beau, non ?

Bravo, Yanis.

Parler du beau temps pour rompre le silence pesant, c’est sûr que c’est vraiment brillant.

Anissa relève spontanément la tête, avant de me répondre d’une voix timide :

  • Ah, oui ! Le soleil est éclatant aujourd’hui…

Je ne suis pas du tout à l’aise à l’idée de me retrouver seul avec elle, d’où mon attitude, mais je pense qu’elle non plus. Elle triture ses mains d’un air gêné depuis plusieurs minutes maintenant, tout en fixant la moquette du salon pour éviter mon regard.

Bon sang, Hana.

Tu n’aurais pas pu réfléchir à cette situation, avant de te proposer héroïquement pour aider Adam ?

Je prends une profonde inspiration pour calmer les battements vifs de mon cœur.

Ça ne sert à rien d’en vouloir à ma cadette. Elle n’y est pour rien, je le sais bien. Mais c’est tellement plus facile de déléguer la responsabilité d’une situation à quelqu’un d’autre pour ne pas faire face à ses propres manquements. Parce que je ne suis qu’un lâche, après tout. C’est vrai. Je pourrais profiter de ce moment pour observer Anissa, discuter et en apprendre un peu plus sur elle. Mais je ne fais rien. Non. Je me contente de laisser cette occasion en or me filer entre les doigts, comme un dégonflé.

  • Excuse-moi...

La voix d'Anissa me ramène à la réalité.

  • Je ne suis pas vraiment douée pour faire la conversation...

Oh non.

À force de ruminer, j'ai fini par créer un malaise.

  • Non ! Ne t'excuse pas, je rétorque. Il faut être deux pour discuter, non ?

Ma remarque la fait sourire.

Je crois qu'elle apprécie.

  • Oui, tu as raison ! répond-elle d'un ton chaleureux.

Elle plonge de nouveau son regard sur le sol, avant d'attraper son téléphone et de l'allumer. Je remarque alors instantanément le contenu de son fond d'écran : un dessin de Shōyō Hinata.

  • Tu aimes bien Haikyuu ? je demande alors spontanément.

Elle reporte son attention sur moi, un sourcil arqué marquant son étonnement.

  • Euh, oui... Attends, tu connais Haikyuu ?
  • Bien sûr que je connais ! C'est un de mes animes de sport préférés !

Cette fois, elle se retourne complètement pour me faire face, me gratifiant au passage d'un magnifique sourire à pleines dents.

  • Je ne savais pas que tu aimais les animes ! déclare-t-elle.
  • J'adore ça ! Je regarde des animes et je lis des mangas depuis la primaire !
  • Moi aussi ! Je suis tellement contente de rencontrer quelqu'un qui partage mes goûts !

Ses prunelles à la couleur des noix pétillent d'excitation.

Alors je poursuis :

  • C'est vrai ? C'est la première fois que tu rencontres quelqu'un qui aime aussi Haikyuu ?

Elle se met à glousser discrètement avant de secouer la tête négativement.

  • Non... Je veux dire, c'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui apprécie l'univers des mangas.
  • Quoi ?

Je laisse échapper un cri de surprise malgré moi.

  • Mais pourtant, moi j'en connais plein ! Le soft power japonais s'est beaucoup diffusé en France, ces dernières années... C'est impossible qu'aucune personne de ton entourage ne connaisse cet univers !

Anissa hausse alors les épaules nonchalamment, l'air incrédule.

Mais je crois que mes propos l'ont touchée.

Je passe la main dans mes cheveux pour réfléchir un instant, silencieux, lorsque je finis par comprendre. Elle a dit tout à l'heure qu'elle n'avait jamais invité qui que ce soit dans son appartement, alors peut-être qu'elle n'a tout simplement pas d'amis... Sans parler du fait qu'elle ait redoublé son année à cause d'un problème de santé... Peut-être qu'elle se faisait harceler au lycée à cause de sa maladie ?

  • Désolé, ma remarque était peut-être déplacée, je reprends.
  • Non, ne t'inquiète pas... me rétorque Anissa d'une voix atone.

Elle profite du silence pour replacer l'épingle de son voile correctement, avant de soutenir de nouveau mes prunelles.

  • Ta remarque était parfaitement légitime...

Je l'observe, sceptique, sans laisser de son franchir le seuil de mes lèvres. L'atmosphère régnante est étrange. Je n'irais pas jusqu'à la qualifier de pesante, mais je sens qu'Anissa cache quelque chose. Ses paupières battent excessivement des cils et tous ses membres sont tendus, comme si un événement douloureux, ancré au plus profond d'elle-même, refaisait progressivement surface en elle. Alors à mon grand étonnement, cette fois je m'arrache de ma zone de confort et je me lance :

  • Tout à l'heure, tu as parlé d'un redoublement à cause d'un problème de santé...

Elle tressaille instantanément.

  • Est-ce que c'est quelque chose de grave ?

Elle se pince la lèvre inférieure d'un air penaud.

  • Tu n'es pas obligée d'en parler si tu ne veux pas ! C'est juste que ça m'inquiète un peu...

Oh, non.

La dernière remarque n'était pas du tout nécessaire, Yanis.

Pourtant, malgré mon embarras, le visage d'Anissa se détend.

Elle me décoche un petit sourire en coin avant de s'éclaircir la gorge et d'ajouter :

  • Tu es vraiment quelqu'un de gentil, Yanis...

Mes joues prennent feu.

L'entendre me complimenter et prononcer mon prénom en même temps me déstabilise un peu.

  • Je n'aime pas forcément m'étaler sur mes soucis personnels... poursuit-elle.
  • Comme je t'ai dit, tu n'es pas obligée de...

Elle ne me laisse pas le temps d'achever ma phrase.

  • Mais avec vous, c'est différent.

Un ange passe.

  • Je ne sais pas si c'est l'aura que vous dégagez, ta sœur et toi, mais étrangement, me confier à vous... à toi... ça ne me dérange pas...

Je continue de l'écouter me complimenter, surpris. De toutes les personnes possibles et inimagineables, c'est nous qu'elle a choisis. Hana et moi.

Pour être honnête, c'est confus. Oui, en fait tout est confus dans mon esprit. Je ne comprends pas comment ni pourquoi de parfaits inconnus puissent la mettre en une telle confiance. Mais une chose est certaine, c'est qu'elle a besoin d'aide. Et elle peut compter sur moi pour lui en offrir.

  • Alors confie-toi à nous. Confie-toi à moi. Je ferai de mon mieux pour te soutenir.

Je balance cette affirmation en l'air, sans réaliser tout de suite l'ampleur de mes propos. Mais je ne les regrette pas. La perspective d'aider Anissa après l'accident m'enchante vraiment et je ne laisserai pas filer cette occasion en or une seconde fois. Alors lorsqu'elle m'intime de m'asseoir près d'elle, sur le canapé en cuir de son salon, j'obtempère instantanément.

* * *

J'inspecte les alentours de son salon.

La pièce est plutôt petite. Le canapé en cuir surplombe une petite table basse en verre, sur laquelle sont disposés une théière marocaine ainsi que quelques petits fours à la fois sucrés et salés, de quoi me donner l'eau à la bouche. Je lutte pour ne pas céder à l'appel de mon estomac et garder une attitude distinguée devant mon hôtesse.

De l'autre côté du salon, je peux apercevoir Hana et Adam, visiblement très concentrés. Je ne sais pas ce que ma cadette lui a fait, mais il a l'air beaucoup moins agité qu'auparavant et semble presque prendre plaisir à effectuer ses exercices. Je ne peux m'empêcher de sourire face à cette scène, fier des compétences pédagogiques de ma petite sœur.

Je continue d'observer minutieusement le décor qui m'entoure, tout en prenant soin de laisser une certaine distance avec Anissa. Malgré la potentielle proximité de notre future conversation, je ne tiens pas non plus à dépasser certaines limites.

  • N'hésite pas à te servir, déclare-t-elle.

Elle se met à verser un peu de thé à la menthe dans les verres. Ses gestes sont fins et délicats, à l'image de la douceur qu'elle dégage de tout son être.

  • Merci. Peut-être plus tard, je me contente de répondre.

Elle hoche la tête, l'air de dire qu'elle compatit à ma timidité, et boit une gorgée de l'infusion. Puis elle s'arrête un instant, silencieuse, avant de reposer le verre et de s'éclaircir la gorge :

  • Je ne sais pas vraiment par où commencer... Alors je vais essayer de faire simple.
  • D'accord.
  • Je suis atteinte d'une bêta-thalassémie depuis le plus jeune âge.

Je la fixe, le souffle coupé, les prunelles écarquillées. Pour être honnête, je n'ai jamais entendu parlé de cette pathologie, mais son nom ne m'évoque absolument rien de bon.

En voyant ma réaction, Anissa se met à glousser.

  • Ce n'est pas si grave ! reprend-elle en se calmant. Ne t'inquiète pas !
  • Ah bon ?

J'ai l'impression de passer pour le pire des idiots. Surtout que ce n'est pas comme si c'était la première fois que je me ridiculisais devant elle.

  • Oui ! En gros, c'est un type d'anémie.
  • Ah, ça je connais !

J'essaie de me rattraper comme je peux.

Elle me gratifie de nouveau de son sourire radieux avant de poursuivre :

  • Selon le médecin, mes globules rouges ne se sont pas formés correctement. Leur taille est diminuée et par conséquent, ils n'arrivent pas à produire assez d'hémoglobine.
  • Et c'est grave ?

Elle hausse les épaules nonchalamment.

  • Je suppose que ça dépend du stade d'évolution. Dans mon cas, je suis atteinte d'une forme moyenne, dite intermédiaire.

J'opine du chef, très attentif à ses explications.

  • Il m'arrive souvent d'être fatiguée, ou essoufflée par le moindre effort. J'ai aussi eu droit à quelques troubles de la croissance durant mon enfance.
  • Mais alors c'est super grave !

Oups.

Je me maudis d'être aussi spontané, parfois.

  • Excuse-moi, ce n'est pas ce que...
  • Non, non ! me coupe-t-elle. Tu as raison, ce n'est pas toujours évident. J'ai dû me priver de pas mal de choses, finalement. Le sport faisait partie de mes contre-indications principales, et je dois avouer que ça n'a pas été facile pour moi d'y renoncer alors que je rêvais de faire de l'athlétisme.

Les aveux d'Anissa me touchent. Je n'ai jamais réalisé à quel point Dieu m'avait béni en m'offrant la santé jusqu'à aujourd'hui. J'ai toujours pris ce bienfait pour acquis, comme s'il m'était dû, alors même que Muhammad, le prophète de notre religion, – que la paix et le salut soient sur lui –, nous avait mis en garde sur l'importance de la santé et sa valeur. Si je n'avais pas eu le basket pour me défouler pendant toutes ces années, je ne sais pas si j'aurais supporté tous mes soucis. Je ne suis défintivement pas assez reconnaissant pour tous ces cadeaux.

  • Mais il n'existe aucun traitement pour améliorer ta condition ? je finis par demander.
  • Si, mais ce sont des traitements occasionnels. Je dois subir quelques transfusions sanguines par an, par exemple. Mais on n'en guérit pas vraiment, à moins de se faire opérer... Dans les formes graves, les patients subissent des greffes de moelle osseuse, par exemple.

Transfusions, greffes, opération... Tant de noms barbares qui ne me rassurent pas du tout. Vivre avec une maladie chronique semble bien plus lourd émotionnellement que ce que l'on peut croire.

  • Alors c'est pour cette raison... que tu t'es absentée au lycée ? je bredouille. Je veux dire, les transfusions, la préparation de l'opération...

Je suis gêné de poser autant de questions, mais je ne peux me résoudre à réprimer ma curiosité. J'ai besoin d'en savoir plus, j'ai besoin de comprendre ce qu'a traversé Anissa par le passé et ce qu'elle risque encore de traverser à l'avenir.

Je crois qu'elle remarque ma confusion.

Ses épaules s'affaissent et elle me décoche un sourire au coin :

  • Pas exactement...

Elle détourne alors ses prunelles avant de se masser la tempe, l'air embarrassé à son tour.

  • En fait, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si j'ai redoublé, finit-elle par me confier.
  • Quoi ? Mais non, Anissa ! Tu n'as pas choisi ta maladie, à ce que je sache !

Je ne peux m'empêcher de me montrer vehément sur ce coup-là. Je ne supporte pas l'idée qu'elle puisse culpabiliser d'une chose sur laquelle elle ne possède pas le moindre contrôle.

  • Je n'ai peut-être pas choisi la maladie, poursuit-elle, mais je choisis la manière dont je la traite. Et la manière dont je suis les conseils des professionnels de santé.

Je ne comprends pas vraiment où elle veut en venir, alors je me contente de l'écouter attentivement.

  • Pour être honnête, ça n'a pas vraiment été facile pour moi de vivre de cette manière... Entre les concessions que j'ai dû constamment faire pour l'anémie, le stress instauré par les révisions du bac, et mes difficultés à maintenir des relations amicales à cause de mes absences... J'ai fini par craquer.

C'est logique.

Quelle personne sensée ne craquerait pas en subissant autant d'épreuves ?

  • Alors j'ai essayé de sortir de ma zone de confort... en dépassant les limites.
  • Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je l'observe, sceptique, redoutant sa réponse.

  • Je me suis inscrite à un marathon.
  • Oh.

Je ne sais pas pourquoi, mais lorsqu'elle a parlé de dépasser les limites, j'ai pensé à des choses bien plus graves. Comme des choses illicites, entre autres.

  • Mais comme je te l'ai dit, je ne suis pas censée faire trop de sport, au risque d'aggraver mon anémie...
  • Et c'est ce qu'il s'est passé ?

Elle acquiesce timidement.

  • Oui. Mon corps n'a pas supporté les efforts demandés par le marathon et j'ai fini à l'hôpital.
  • Oh mon dieu.
  • Finalement, je m'en suis plutôt bien remise. Mais cet événément a été un véritable choc pour moi. Mon estime de moi en a pris un coup.

Le visage d'Anissa s'assombrit. J'aperçois quelques larmes se faufiler progressivement au creux de ses paupières et je m'empresse de lui tendre un papier d'essuie-tout errant sur le plateau de thé.

  • Merci... murmure-t-elle en l'acceptant.

Elle prend une profonde inspiration pour se calmer, mais ses larmes ne tarissent pas. Je commence à m'en vouloir de lui avoir demandé de ressasser des événements aussi douloureux.

  • On peut arrêter là, Anissa. Je suis désolé. Je suis vraiment...
  • Non, ne t'inquiète pas. Même si ça ne se voit pas, te parler me fait du bien...

Je suis touché par la sincérité de ses propos. Dévoiler sa vulnérabilité n'est pas une chose aisée et je l'admire vraiment pour avoir eu le courage de le faire. Et je lui suis aussi reconnaissant de m'avoir choisi moi, pour ce rôle.

  • D'accord.
  • Donc je disais... mon hospitalisation s'est bien passée. Mais un des médecins du service s'inquiétait quand même de me voir aussi triste... Alors il a fait appel à un psychiatre.
  • Un psychiatre ?! Mais tu n'es pas folle !

De nouveau, elle se met à glousser.

  • Les psychiatres ne s'occupent pas que des psychoses... Ils diagnostiquent également des maladies plus communes, comme des troubles de la personnalité, des burn-outs, mais aussi la dépression...
  • La dépression... ?

Elle fait oui de la tête.

  • J'étais tout le temps triste, molle, et j'avais perdu de l'intérêt dans beaucoup de choses... En fait, le psychiatre m'a dit que tout ça était lié à une dépression sous-jacente...
  • Oh.

Je ne m'attendais pas à ce qu'Anissa souffre au point de faire une dépression. Mais en même temps, en y repensant, c'est tout à fait normal.

Elle se tortille alors les mains, avant d'ajouter :

  • La maladie, le stress des cours, mon anxiété qui n'a pas aidé... Tout ça n'a pas fait bon ménage chez moi...
  • Oui, je comprends...
  • J'ai dû ajouter à ma liste déjà longue de médicaments un nouveau traitement pour mon humeur, et des thérapies avec des psychologues...
  • J'imagine que ça n'a pas dû être facile...

Cette fois, elle secoue la tête pour dire non.

  • Vraiment pas. C'est donc ce qui m'a conduite à redoubler...

Alors un silence s'ensuit.

Un long silence durant lequel l'air lui-même semble retenir son souffle.

Tous ces aveux sont déjà terribles à digérer en tant que bonne écoute, alors je n'ose même pas imaginer les difficultés qu'a dû endurer Anissa.

L'ambiance pesante de la pièce est rompue par les bruits de frottement du crayon d'Adam sur le papier de son cahier d'exercices, ainsi que par le tressaillement de Hana. Elle nous scrute au loin, d'un oeil furtif, se demandant probablement ce qu'il se passe. Je détourne instantanément mon regard du sien et j'en profite pour reprendre la conversation avec mon interlocutrice :

  • Je ne sais pas si tu le savais, mais Hana est en licence de psychologie.

Anissa relève la tête vers moi, entre deux reniflements. Elle masque du mieux qu'elle peut son état mais l'irritation rouge autour de ses paupières trahit immédiatement ses sanglots étouffés.

  • Si tu l'avais rencontrée plus tôt, tu aurais pu la consulter !

Elle se met à éclater de rire. Essayer de détendre l'atmosphère par une blague douteuse était un gros risque à prendre, mais force est de constater que ma tentative d'humour a fonctionné. 

  • Oui, je n'en doute pas une seule seconde ! réplique-t-elle.

Je continue d'essayer de la faire rire, après cet épisode plutôt poignant, et nous finissons par reprendre nos premiers sujets de discussion plus légers sur les derniers mangas que nous avons pu lire, ces jours-ci.

Le reste de l'après-midi, mon esprit est tourmenté par une multitude de questions, du style : comment se sent-elle, maintenant ? A-t-elle repris le lycée ? Comment vit-elle le retour au quotidien, après une année aussi troublante ? Et que compte-t-elle faire à l'avenir, après le lycée ?

Cependant, cette fois, je décide de faire taire ma curiosité. Par respect pour Anissa, mais aussi pour moi.

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