Chapitre Prologue 2 : Emy Saurror Laetifa
La nuit tombait, les monstres se dévoilaient, l'heure de la chasse avait commencé. Les monstres, affamés, les griffes tranchantes, les crocs acérés, les yeux terrifiants, grognant d'animosité et de folie, fuiyaient. Elle arrivait, silencieusement, son regard sauvage empli de rage, dégageant des lueurs de prédation. Les armes en main, elle était maîtresse de la nuit, une chasseuse des ténèbres, un monstre humain.
Ce jour-là comme tant d'autres, elle cherchait des proies. Celles qui ne sont pas humaines, ni même animales. Celles qui ne sont pas chassées pour être mangées, ni même pour du divertissement. C'était celles qui n'auraient pas dû exister pour l'humanité.
Son humeur était aussi mauvaise que sa répuation : elle n'avait qu'à marcher droit devant elle, tous l'évitaient rien qu'à son regard, élèves comme professeurs. Sans amis, sans famille, du moins biologiquement, avec des rumeurs aussi nombreuses que de morts dans le monde, une réputation aussi désastreuse que les catastrophes naturelles, elle était la cible parfaite des brimades et harcèlements.
Pourtant sa vie scolaire a été plus ou moins "paisible". La raison était simple, parce qu'elle inspirait la peur, ni plus ni moins. Du moment qu'on gardait ses distances, elle ne "mordra pas". Il était bien arrivé quelques fois où des plus courageux ont tenté de lui chercher des ennuis. Mais cela remontait au temps du collège. Elle venait de perdre un être qui lui était cher.
— Mais fait attention non ? T'es aveugle ou quoi ? Fait pas comme si tu m'as pas vu !
C'était la faute de la jeune fille, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu à dévier sa trajectoir pour éviter de rentrer en collision avec quelqu'un. Pour elle, ou plutôt pour les élèves du collège, il fallait bien du courage pour lui rentrer dedans.
— A-arrête Henry ! Cette fille n'est pas comme les autres, mieux vaut l'ignorer, lui chuchote son camarade.
— La ferme ! Personne ne me manque de respect ici ! Pas même les profs !
Pendant un bref instant, il n’y avait plus un seul bruit dans le couloir. Tous les regards étaient sur elle, attendant sa réponse. Mais elle ne répondait pas, elle se contentait simplement de l'ignorer. Les élèves dans le couloir sentirent tous une impression de malaise, comme si le regard de la terrifiante jeune fille scrutait les pensées les plus profondes de leur être, leur âme engloutie dans les ténèbres de son aura. Pourtant le petit Henry ne se laissait pas impressionner ni par les rumeurs ni par l'attitude et le physique étrange de sa camarade, rappelant celui d'une poupée de film d'horreur.
Les deux enfants avaient, l'un, un tempérament explosif avec un vocabulaire violent et provocateur, l'autre un tempérament froid et se contentant de l'ignorer. Mais le garçon atteignit très vite à la limite de sa patience, la non-réaction de la jeune fille lui fît perdre son sang-froid et la situation évolue en conflit armé, bien que l'un n'est armé que d'une simple cannette de soda vide, l'autre armé d'une bague servant de poing arméricain. Son camarade essaya tant bien que mal de l'arrêter mais il n'était pas suffisamment fort pour le retenir. Les autres se contentaient d'observer la scène.
L'issu était évident, comme l'avait prédit la plupart, la jeune fille d'un coup assomma le garçon. Certains, en entendant l'histoire, auraient espéré que le garçon gagnerait, et que la réputation de la jeune fille ne tenait que de l'exagération. Ils avaient eu tord. Pour une fois, dans cet établissement, les rumeurs dirent vrais. Elle était dangereuse.
Peut-être depuis cet incident, ou d'autres qui sont survenus ultérieurement, plus grand monde n'oser s'approcher d'elle. Ainsi, elle vécu une scolarité plus ou moins paisible, dans un violent silence solitaire.
Aujourd'hui encore, elle était de mauvaise humeur, "ses collègues" lui ont refilé encore une fois une mission supplémentaire alors qu'elle pensait se détendre un peu avec sa sortie scolaire. Suivant le troupeau que formait sa classe, guidé par leur professeur qui se faisait un plaisir de leur présenter l'histoire de la ville, la jeune fille sentit la présence d'une "proie". Elle releva sa tête pour voir d'où venait cette présence qui lui donnait la chaire de poule, et elle découvrit un homme d'âge mûr, avec probablement sa femme et sa fille en train de manger tous ensemble autour d'une table, à l'air libre dans un restaurant très commun. Cet homme devait probablement être la cible de sa mission. Elle l'avait cherché depuis le début de la sortie, elle le trouva enfin.
La "chasse" débuta. Elle s'assurait d'abord de "l'identité" de sa proie. Son odeur, son physique, son comportement, tout pouvait servir d'indice pour la renseigner sur ses caractèristiques :
Cheveux bruns, iris légèrement dorés, les canines développées, pilosité importante, musculature remarquable, une odeur particulière qui rappelait le fauve, des vêtements amples et extensibles, elle avait déjà rassemblé déjà assez d'information sur sa proie à présent.
La deuxième étape était alors de trouver un lieu et une date adéquate pour la chasse et y attirer sa proie. Elle écrivit alors une lettre — page arrachée de son cahier — qu'elle posa sur la table de l'homme sans vraiment chercher à être discrète. La famille la remarqua aussitôt, mais la fille disparut si vite que l'homme n'eût pas même le temps de l'interpeler. Le contenu de la lettre était de sorte à ce que l'homme ne pouvait l'ignorer, ni même sa femme qui fut très mécontente. Le futur de la famille en dépendait.
Elle l'avait invité à la rejoindre le lendemain matin dans la montagne d'à côté. Elle était presque sûre qu'il viendrait. Alors elle entama la troisième phase de sa chasse, à savoir les préparatifs. Il était prévu le lendemain une potentielle averse, alors elle comptait utiliser des armes électriques comme des matraques électriques, des pistolets à impulsion électrique, mais bien sûr des armes traditionnelles comme sa dague héritée de son mentor, des protection contre la pluie et l'électricité, mais elle pris tout de même sa cotte de maille par mesure de sécurité. Les terrains seraient probablement boueux, il lui fallait des bottes spéciales qui pouvaient lui éviter de trop glisser tout en soutenant son poids car elle serait lourdement équipée comme d'habitude.
La pluie pouvait servir à masquer le bruit de ses coups de feu, mais elle prit tout de même la précaution de munir ses armes de sliencieux. La météo n'était pas forcément la plus agréable, mais avait ses avantages, "un bon chasseur se devait de tirer profit de toutes les situations", d'après les dires de son mentor. Malgré toutes ces années elle s'en souvenait encore mot pour mot.
Il ne lui restait plus que prendre contact avec un certain collègue, celui qui lui fournissait des informations et des équipements presque gratuitement, le prix dépendait de son humeur et de ses envies du moment. Ils se donnèrent rendez-vous dans un antiquaire le lendemain, car une vieille connaissance de son collègue s'y trouvait ainsi qu'une salle secrète anciennement utilisée pour des trafics d'armes illégaux. Se procurer des armes n'a jamais été aussi facile pour lui, pourtant, ce mystérieux personnage travaillait déjà avec son mentor, aujourd'hui il continue de travailler avec l'élève de son ancien collègue, mais il était et il est resté toujours aussi jeune, si jeune qu'il arrivait à se faire passer pour un adolescent. Depuis près de dix ans déjà qu'elle le connaît, mais il ne semblait pas vieillir, aucune ride, le temps ne semblait nullement l'affecter.
Elle aurait voulu lui demander son secret, mais cet homme parlait et agissait de manière à ce qu'elle n'avait jamais l'occasion de lui demander quoique ce soit de plus que des informations pour l'aider dans ses missions.
— Oh, et puis, comme je suis de bonne humeur, je t'offre ce shampoing, il sent bon en plus ! Je suis sûr qu'avec ça tu trouveras ton âme-soeur !
La jeune fille lui répondit simplement d'un regard froid, et ne dit rien. Ce n'était pas la première fois que le jeune homme tentait de jouer l'humouriste pour rendre l'atmosphère moins sérieuse et plus tranquille, mais à chaque fois la réaction de la jeune fille était la même. Il ne perdait pas espoir pour autant, et continuait à se comporter comme d'habitude, après tout il y a bien une personne avec qui il pouvait partager cet humour.
— Ah ! Et d'ailleurs je t'offre ce déodorant aussi, ce sera forcément utile quand tu iras un jour combattre dans des tranchées !
Le soleil s'élevait, le jour se levait, il était désormais l'heure d'aller au rendez-vous principal. La jeune fille se prépara, elle cacha ses armes dans son gros sac à dos, mais aussi sous ses vêtements, vêtue d'un manteau imperméable, elle ressemblait à un manchot, pourtant personne ne la remarquait, ou plutôt on ne voulait pas la remarquer. Pour le dernier jour du voyage scolaire, le lycée avait décidé de laisser trois heures de temps libre le matin pour que les élèves puissent faire ce qu'il leur plaît une dernière fois. Il y avait toujours ces élèves qui donnaient le cafard aux professeurs, alors ceux-ci étaient accompagnés et surveillés, mais les autres qui étaient plus responsables et discplinés, du moins aux yeux des professeurs, étaient totalement libres.
— Et pour Emy ?
— Je pense... qu'on peut la laisser seule.
— Vraiment ? Tu n'as pas peur qu'elle aille tabasser des mecs imprudents dans la rue ? plaisanta la professeur.
— Oh, je sais qu'elle est instable mentalement mais elle n'est pas sans un minimum de discipline !
— C'est elle qui discipline les gens plutôt !
— Discipliner qui ? Un professeur de sport qui a trop pris la confiance ?
Les deux professeurs rièrent de cette mauvaise plaisanterie sur l'incident arrivé à leur collègue qui eut un peut trop d'audace et la malchance de mal connaître la Demoiselle de l'horreur.
Les pentes étaient raides, la terre fraîche était molle et parfois glissante, mais grâce à ses bottes spéciales ses pieds ne s'enfonçaient pas dans le sol, mais rendaient la marche difficile. Cette situation était empirée par les lourds fardeaux qu'elle portait, mais dont elle ne pouvait s'en débarasser car ils constituaient ses armes et ses équipements de combat.
Enfin elle arrivait au point de rendez-vous, le portail du parc Leboisé, un parc récemment construit avec l'objectif de promouvoir le bio-tourisme. Elle était légèrement arrivée en avance, mais sa cible l'attendait déjà. Il devait être impatient d'avoir des explications.
— Bonjour, alors je ne sais pas qui tu es et je n'ai pas envie de me présenter. Sache juste qu'on ne se connaît pas, peut-être s'est on déjà vu quelque part, mais je ne me souviens pas de toi. Je ne veux pas te chercher des ennuis alors en retour ne me cherche pas des ennuis non plus, d'accord ?
L'homme était stressé et furieux à la fois, il voulait des explications mais il comptait bien déjà vider son sac. Cependant la jeune fille ne se souciait guère de ce qu'il disait, elle lui dit simplement :
" Viens, on va causer dans un endroit plus tranquille. "
Puis, elle lui tourna le dos et marcha vers le fond de la forêt. L'homme n'avait pas fini de parler, et il n'avait pas encore eu de réponse à ses questions, alors il s'empressa à la suivre.
Arrivés loin des attroupements des touristes et éloignés des itinéraires des randonneurs, la Demoiselle de l'horreur révéla un pistolet et tira presque à bout portant sur sa proie. L'homme s'écroula, se tordit de douleur, le projectile n'était pas un projectile classique, c'était une flèchette contenant un produit "spécial". Le corps de l'homme se déformait, ses os s'allongeaitent à une vitesse impressionante, parfois les muscles n'avaient pas le temps de se régénérer, alors les os perçaient la peau, la chaire se déchirait puis les plaies se refermaient pour ensuite se redéchirer. Le corps de l'homme se couvrit de poils, ses yeux devinrent jaune, les dents lui tombèrent de sa machoire qui se déformait et s'allongeait, pour laisser place à de terribles canines.
L'homme ne ressemblait plus à un homme, plutôt une bête sauvage dans des lambeaux d'habits humains. Ses yeux luisants dégageaient une lueur de colère, la rage et l'animosité déformaient son visage mi-primate mi-canidé. Pourtant celui qui avait peur, c'était bien lui. Les lueurs du soleil à travers les feuillages lui donnaient des sensations de brûlures. Il souffrait, il n'avait plus les idées claires, il s'agitait dans tous les sens. Mais avant même qu'il n'eût terminé sa transformation que la jeune fille tira et la bête s'envola vers l'arrière, retombant sur le dos. Sa tête était couverte de sang, la jeune fille avait bien visé entre les yeux. Pourtant, par chance, les os de son crâne était assez épais pour le protéger d'une blessure fatale.
Sa subconscience savait qu'il survivrait avec beaucoup de soins et de repos, alors dès qu'il put se relever, sa première réaction était de fuir et se mettre à l'abri. Mais l'impact à la tête était terriblement handicapant. Il perdait le sens de l'orientation, il peinait à courir, en temps normal, même si un humain survivait à une pareille blessure, il devait perdre momentanément sa capacité de réflexion, d'organisation, d'exécution, mais pas pour les "Lycanthropes". Surtout lorsque les métamorphoses sont forcées, inachevée et en plus, en plein jour. La structure du cerveau est remodelée, souvent au détriment de certaines aires pour mieux développer d'autres aires, d'où par exemple le mauvais contrôle des émotions. Ici elle est mal remodelée, les aires sont re-structurée de manière aléatoire et souvent moins performante. La jeune fille connaissait mieux le fonctionnement du corps de la victime que la victime elle-même.
Elle voulut tirer une deuxième fois, cette fois visant la nuque ou au moins atteindre sa colonne vertébrale, mais la pluie, comme prévue, tomba violemment et brouilla le champs de vision de la jeune chasseuse. La bête courait sous la pluie, les pattes pleines de boue, glissant à plusieurs reprises, la pluie qui s'abattait sur sa tête lui nettoyait le sang comme une douche. Heureusement pour elle, le soleil était désormais complètement caché, ses capacités de régénération s'amélioraient. Mais, étourdie, perdue et désorientée, la bête se cognait presque une fois sur quatre contre un arbre et l'étourdissait davantage.
Soudain, des coups de feu se firent entendre, la jeune fille l'avait presque rattrapé, et sur quatre tirs, trois lui ont touché, à la jambe droite, et aux deux bras. Sa mobilité était réduite, la douleur le cloua au sol, la pluie l'a entièrement trempé. Sa capacité de régénération rapide était empêchée par les balles en argent qui lui rongeaient les cellules du corps. Il avait froid, il était désespéré, il voulut avancer mais il avait perdu presque toutes motivations de continuer. C'est alors qu'il sentit une odeur familière, cette odeur provenait du mouchoir brodé par sa femme qui était tombé de sa poche déchirée. Elle le lui avait offert pour son premier anniversaire après leur mariage. Il lui rappelait sa famille, cette famille qui attend encore son retour, qu'il a bâti avec celle qu'il l'aime. Il lui restait encore pleins de choses dans ce monde, mais il savait qu'un jour, d'un malheureux hasard, il pourrait potentiellement leur faire du mal, mais il évitera du mieux qu'il peut que cela arrive. Il faisait attention à tout, "rien ne leur arrivera, je les protégerai". Il se releva douloureusement, avança lentement, s'efforçant de s'appuyer sur ses membres blessés, ses muscles déchirés se contractaient et laissèrent un afflux important de sang en dehors des plaies, les morceaux d'os coincés à l'intérieur de sa chaire lui tranchaient ou bouchaient les vaisseaux sanguins, les balles coincées dans son corps s'enfonçaient davantage. Mais il avançait. Tout droit, sans savoir où est-ce qu'il allait, il croyait désespérément, qu'en continuant d'avancer, il retrouvera son foyer, il semera son agresseuse qui se rapprochait dangereusement, il continuera de vivre comme si de rien était, bête et heureux.
Soudain un choc électrique le parcourut, il n'eût pas le temps d'hurler qu'il se retouva paralysé. Il avait juste eu le temps de s'imaginer une dernière fois avec sa famille, avant de s'éteindre pour toujours.
La pluie cessa, le soleil revint, la jeune fille récupéra le corps en le mettant dans une sorte de sac de couchage et partit. Elle avait remarqué qu'il y avait quelqu'un qui s'abritait sous des rochers et qui a pu être témoins de la scène. Mais elle en fît abstraction. De toute façon il y avait "quelqu'un" qui s'occupera de ce genre de situation.
L'heure de récréation était terminée, tous les élèves se rassemblaient, les bus scolaires arrivèrent et les élèves ainsi que les professeurs montèrent dans les bus et tous repartirent le coeur rempli de joie.
Avant de monter dans le bus, la Demoiselle de l'horreur avait laissé le corps du Lycanthrope à sa collègue. Lorsqu'elle se rhabilla, elle remarqua son odeur de terre mais surtout de sang. Elle se souvint alors du déodorant que son ennuyant informateur lui avait offert, et elle l'utilisa pour masquer l'odeur car elle n'avait pas le de temps de se doucher.
Dans le bus, elle entendit un garçon assis derrière elle parler d'une aventure incroyable dans la forêt, il avait les cheveux et les chaussures mouillés mais surtout de la boue avec des bouts d'herbes et de feuilles collés aux chaussures, ce qui signifient qu'il était allé dans la montagne. Elle en déduit qu'il était probablement le mytérieux témoin de la scène, mais il ne l'inquiètait pas vraiment, surtout qu'il n'avait pas vraiment de preuves. Ce qui l'inquiètait, c'était surtout la famille du Lycanthrope. Avait-il été transformé avant de fonder sa famille ou après ? Était-il né Lycanthrope ou transformé ? Elle avait déjà livré le corps à "l'Église" qui analysera ça pour elle, elle pouvait se reposer à présent, le temps de récupérer pour son prochain combat.
Bientôt, le bus arriva à destination, se vida de ses voyageurs, la chasseuse s'empressa de descendre pour aller au lieu de sa prochaine mission. Cependant elle remarqua qu'elle était suivie. Le ciel commençait à s'obscurcir, le soleil se couchait, les Vices allaient se réveiller. Il ne fallait pas qu'une personne lambda soit impliquée dans tout ça, alors elle essaya de le semer, mais il était étonnamment rapide. Elle se mit alors à courir à pleine vitesse, mais son poursuivant était tout aussi rapide qu'elle. Sur une aussi longue distance, rares étaient ceux qui arrivaient à la suivre, elle était à la fois étonnée mais aussi inquiète. Ses capacités physiques étaient presque supérieures à celles des sportifs de haut niveau, alors ce qui la suit n'est peut-être pas humain non plus. Elle s'approchait en même temps du lieu de sa prochaine chasse, alors autant faire une pierre deux coups se disait-elle. Elle entra dans un chantier, le bâtiment était presque fini mais il manquait encore les fenêtres et la peinture. D'habitude cet endroit était animé par des ouvriers, pourtant la pause déjeuner était finie, mais toujours personnes. Le ciel d'automne s'assombrissait à vue d'oeil, les monstres étaient peut-être déjà réveillés.
Cette fois, d'après les informations de l'Église, une goule rôderait dans les parages. Une légende locale raconte qu'un groupe d'enfant jouait à invoquer des esprits et ils invoquèrent par accident une goule en pensant qu'elle était capable d'exaucer des voeux, ce qui fut une erreur mortelle.
En entrant dans le bâtiment inachevé, la jeune fille y découvre un terrain ensanglanté, des morceaux humains éparpillés çà et là, une odeur de sang très dense remplissait toute la pièce sombre, qui pourtant est aérée en l'absence de fenêtre. Elle entendit des bruits de pas derrière elle et une ombre furtive qui passa dans une autre pièce, elle la suivie mais elle ne trouvit rien. Elle revint sur ses pas et découvrit le garçon, celui qui était assis derrière elle dans le bus, en train de découvrir l'horrible scène devant lui et ne faisant pas attention au danger derrière lui. Il se retourna et vit le terrible monstre, grand, pâle, avec la silhouette d'une femme mais qui avait le corps en décomposition, près à lui trancher la tête de ses griffes longues et acérées.
« Pourquoi a-t-il fallu que tu te mêles de ce qui ne te regarde pas ? »
Alors que la jeune fille s'apprêtait à tirer sur la goule, le jeune homme, arrêta le coup du monstre d'une main en le prenant par le poignet et le lança contre un mur à la manière d'un javelot. Le monstre s'y cogna violemment et perdit momentanément connaissance.
Cette fois la Demoiselle de l'horreur en est certaine, ce garçon était celui qui le suivait depuis la fin de la sortie scolaire. De telles force, endurance et rapidité étaient inhumains, ce garçon était bien spécial, mais ce qui est à craindre, c'est surtout qu'il devint son ennemi. Alors elle lui posa cette question :
« Es-tu hum– »
— Ah oui ! Je ne me suis pas présenté, je m'appelle Geag Bolganien, ce n'est pas grave si tu ne le prononce pas correctement, j'y suis habitué.
— Réponds-moi simplement si tu es humain.
— Bah... oui. Enfin ça dépend en quoi, parce que j'avoue qu'en EPS je suis juste un dieu, c'est pas pour me vanter hein ! Mais...
Le jeune homme était terriblement bavard, il semblait très à l'aise alors qu'il est au beau milieu de cadavres avec un monstre difforme qui était sur le point de le tuer. Était-ce de l'insouciance ou de la malsanité ? Il était beaucoup trop à l'aise à son goût, alors elle pensa qu'elle avait affaire à un monstre encore plus puissant qu'une simple goule. Un ennemi capable de réflexion, à moins que la folie en a pris le dessus, avec une puissance physique colossale. Elle pointa alors son arme sur le jeune homme et lui redemanda une dernière fois :
« Es-tu humain ? »
— Mais tu ne m'as pas encore dit ton nom ! Et pui–
— Un monstre n'a pas besoin de nom.
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