3 - Whigley, an de grâce 1163
C’était un soir de mai de l’an 1171.
Dans le ciel roulaient de lourds nuages mauves, des plaques de neige grise émaillaient l’herbe rougie par le froid, nous rentrions trempés at home, les pieds emmitouflés dans des peaux d'écureuil, la faim au ventre. Berthilde avait vingt ans et je l’aimais. Des briques de tourbe fumaient plus qu’elles ne chauffaient au fond de la masure. Pa et Ma attendaient silencieusement dans un coin, accompagné des parents de Berthilde, de Panurge le berger et autres villageois.
Le seigneur devait rassembler au village, bêtes et manants, pour effort de guerre ! Henri II de Plantagenêt occupait l’Irlande… et nous étions les forces vives d’occupation ? Voilà une tâche à la hauteur de la destinée de notre seigneur Mac Croy !
Or donc, char à bœuf, char à bras et bric à brac ont pris la route de Stonehenge. Nous y avons salué Arthur (où sont passés Lancelot, Galaad, et autre Perceval ?) … et retrouvions d’autres manants dans le même équipage, de Cefn y Faenore, Welshpool et Abermulee, des bourgs voisins. Notre porc de Mac Croy éructait en tête de convoi, fier d’appartenir à la race des seigneurs. Même le prieur Donoguh chantait les louanges de Stephen, accompagné du sacristain tirant en claudiquant la carriole des objets du culte. On aurait pu croire à la cour des Miracles, c’était plutôt un miracle de cour : Berthilde en tête, derrière Stephen, arborant l’oriflamme de Belenos, la ribambelle de gamin du fief que nous étions, trois vaches efflanquées, deux canards et autres provisions de bouche, et les gueux courbés sur leur avenir incertain. A nous tous, nous allions imposer la loi de la Couronne à ses fieffés barbares ! Evangéliser le peuple Gaël…
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