3 - Constantinople

Une minute de lecture

Je venais en tant que précepteur auprès du fils cadet de Murad 1er. Sa mère était la princesse byzantine Holofira (Hélène) connue sous le nom turc de Nilüfer Hatun.

Murad avait deux filles : Aslihane et Yezmègül ainsi que quatre fils : Yakub Çelebi, Bayezid 1er, Savci Bey et Ibrahim. Le sultan mourut en 1389 à la suite de la première bataille de Kosovo. C'est Bayezid, mon élève, qui lui succéda.

Bayezid 1er, Yıldırım Beyazıd, sera connu plus tard sous le nom de Bajazet. Je lui enseignais Aristote et Pythagore, Hippocrate et Thalès, tout ce qu’un pacha doit savoir, puisque, désigné par testament, il devait succéder à son père Murad 1er.

De même nous récitions l’alphabet et la grammaire, l’anglais et le français, langues diplomatiques s’il en est (j’étais bien placé !). Nous apprenions le droit canon, la calligraphie et la poésie perse. Omar Khayyâm, le dissipateur de biens, expression qui dans la terminologie soufie est attribuée à « celui qui distribue ou ignore les biens du monde constituant un fardeau dans le voyage qu'il entreprend sur le sentier soufi »

« Khayyâm, qui cousait les tentes de l'intelligence,

Dans une forge de souffrances tomba, subitement brûla ;

Des ciseaux coupèrent les attaches de la tente de sa vie

Le brocanteur de destins le mit en vente contre du vent. »

Bayezid était attentif, vif mais coléreux. Toujours curieux de mon enseignement, il se révoltait souvent contre l’indolence levantine. C’est pourquoi je lui martelais :

- Fais en sorte que ton prochain n'ait pas à souffrir de ta sagesse. Domine-toi toujours. Ne t'abandonne jamais à la colère. Si tu veux t'acheminer vers la paix définitive, souris au Destin qui te frappe, et ne frappe personne.

Mais en vain…

À peine eut-il pris le pouvoir qu'il fit étrangler son frère aîné Yakub Çelebi. Son caractère emporté, et la rapidité de ses décisions lui valurent son surnom de Foudroyant. Fait prisonnier par Tamerlan en 1402, il mourut en captivité.

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