Kalashanti (un instant de paix), sur le toit du monde.

2 minutes de lecture

« Dans les libres et vastes retraites naturelles, quand demeurerai-je indépendant et détaché ? L’isolement physique et mental élimine toute possibilité de distraction. Renonce donc au monde et abandonne tous les soucis. »

Shantidéva


Devant moi s’ouvrait un chemin ardu, une longue ascension vers les hauteurs enneigées.

Devant moi s’ouvrait la Voie, la Voie de l’éveil, l’inaccessible pour le vermisseau que j’étais.

La jungle luxuriante formait une voûte d’émeraude ; des sous-bois touffus, parsemés d’arbres morts, de mousses et d’orchidées, traversés de ruisseaux ramifiés formaient d’interminables marécages boueux…

« Ces chemins marécageux sont comme le samsara, le monde de la souffrance, m’expliquait mon guide pendant nos rares haltes. Pour les traverser, tu dois t’appuyer sur deux bâtons, la sagesse et la méthode. L’un ne va pas sans l’autre. Avec un seul bâton, tu aurais tôt fait de perdre l’équilibre et te retrouver le nez dans la boue »

Et plus tard, lors d’un morceau de tsampa arrosé de thé brûlant : « La sagesse, c’est comprendre que tout ce que tu vois, tout ce que tu ressens, est aussi éphémère qu’un rêve, une illusion, une goutte de rosée, un éclair dans la nuit, une bulle à la surface du torrent. La méthode, c’est d’être empli de compassion pour tous les êtres ; en gros c’est d’avoir bon cœur. Sans sagesse, tu perçois tout de travers et sans compassion, ta sagesse ne vaut pas grand-chose ! Quand tu chemines par ces sentiers, continua mon guide, tu comprends mieux la loi de cause à effet. Si tu es distrait, si tu fais la moindre erreur, ta chute sera très désagréable. C’est pareil dans la vie : si tu agis sans réfléchir, ou pire, avec méchanceté, tu récoltes naturellement des problèmes, sans compter le tort que tu fais aux autres »

Cela faisait des jours que nous peinions sur des chemins étroits et fangeux, sinuant sous les frondaisons. L’alternance de montées et de descentes semblait ne jamais prendre fin. Les descentes, dont certaines menaient jusqu’au torrent, étaient presque pires que les ascensions, car il fallait ensuite regagner toute l’altitude perdue.

La nuit tombait et il commençait à pleuvoir. Dans le crépuscule, une trouée s’ouvrit soudain dans la végétation et de petits champs cultivés en terrasses apparurent. Une gorge profonde, en contre bas, fendait la vallée boisée d’une entaille vertigineuse. Sur le versant opposé, une grande cascade plongeait dans le Brahmapoutre, telle une écharpe de soie blanche se déployant lentement sur la muraille sombre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Mon cher Edouard ! ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0