Kalashanti - 2

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A notre arrivée au village, une femme était assise devant un métier à tisser. Sa navette allait et venait comme par magie. De temps à autre, la tisserande nouait sans hésiter de nouveaux fils de soie aux couleurs éclatantes, ayant clairement à l’esprit la complexité du motif qui naissait sous ses doigts. Tout en en œuvrant, elle conversait avec mon guide. A un moment donné, Rinpoché se tourna vers moi : « Ce métier à tisser est un enseignement à lui tout seul. La chaîne, vois-tu, montre qu’en ce monde toutes choses sont reliées les unes aux autres. Si tu tends ou relâches l’un des fils, ton action se répercute sur tous les autres fils. La navette, elle, représente ton esprit et la motivation de tes actes. C’est elle qui crée la beauté ou la laideur de la trame de ton existence. Selon que ton esprit est bien ou mal intentionné, selon qu’il fasse passer dans la chaîne de tes actes les fils de soie de l’altruisme ou le crin de l’égoïsme, il fera de ta vie une magnifique étoffe aux couleurs resplendissantes ou une toile rêche, tout juste bonne à faire une camisole.

- Oui, mais je ne suis pas seul au monde. Les autres interviennent dans mon tissage, ils m’aident ou ils m’entravent !

- C’est à toi, le maître d’œuvre, d’intégrer dans ton travail leurs actions, leurs espoirs et leurs craintes, afin de fabriquer un tissu suffisamment grand pour tous les vêtir ».

Ce n'était qu'une étape...

Nous longions à présent un ravin abrupt au fond duquel dévalait un torrent tumultueux. Ses bouillons d’écume heurtaient d’énormes blocs noirs qu’ils lissaient depuis des siècles, tourbillonnaient autour de fosses invisibles et éclataient en poussière d’argent où souriaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Nous rencontrâmes les premiers placards de neige. L’ascension devint raide !

La végétation changeait rapidement. Gentianes élancées jaunes puis naines et bleues, edelweiss et genévriers avaient remplacé la flore tropicale. Des drapeaux de prières flottaient au vent. Je découvris alors au détour d’un verrou glacière un immense cirque de parois rocheuses surmontées de crêtes encapuchonnées de neiges éternelles. Ce cirque presque parfait enserrait une plaine de bruyère et de sapin. Au milieu serpentait une rivière aux reflets bleus. Sur la droite, à quelques heures de marche, posé sur un éperon rocheux, un petit temple, une miette d’or sur les montagnes noires, étincelait au soleil.

Du paysage tout entier se dégageait une impression de paix et de majesté immuable…

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