suite et fin - 4

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Arrivé à ce stade de théologie négative, c’est justement qu’il faut semer, débroussailler, fumer, faner, couper du bois pour l’hiver, suivre les mouvements de la vie au plus près, être persuadé que le cours de l’agneau pèse davantage que la marche de l’humanité. Et toute cette gymnastique se fait finalement avec de l’amour, des coups et des blessures, soit, mais au bon air, et ceux qui mangent nos produits vont dans la Lune.

Si les hollandais viennent nous voir, c’est que nous sommes beaux et qu’ils sont riches. Ils nous félicitent de savoir maintenir ces différences qui justifient leur déplacement. Ces barbares ont du goût pour le sauvage et la photographie. Cela tombe bien. Le Massif Central, qui abreuva la France de ses eaux curatives et lui fournit des bougnats-penseurs, est justement sur le point honorifique de devenir le parc naturel européen des cocus de l’histoire. A propos de tourisme, donc, une rumeur persistante soutient que les lâchés d’aspic ont bien eu lieu dans nos côtes, pour faire encore plus vrai. C’est possible, nous connaissons des précédents : déjà des rapaces de différentes marques fondent sur nos volailles peu prévenues des dangers du tourisme, et nous sommes tenus par des décrets de Bruxelles d’observer la scène sans broncher. Aussi, que des écologistes débonnaires et biens placés arrêtent qu’en nous laissant mordre par des vipères nous participons avec abnégation, sinon ferveur, au rétablissement de l’équilibre sylvopastoral, me semble scientifiquement inattaquable, philanthropique et ravissant. J’aimerais que ma femme s’appelle Cléopâtre dans la pièce qu’ils nous proposent de jouer, contre un chèque à mon nom ; pendant ce temps je ferais faire du cheval aux mémères !

Pour leur part, les autochtones purs porcs se montrent plus nuancés, lorsqu’ils parlent. Pour la mienne, s’il faut faire l’ours avec ma cabrette, je suis prêt. De ma fenêtre, je vois les saumons : sous la chute du barrage, ils cabriolent et se mordent la queue à l’idée d’avoir à se reproduire devant des touristes belges. L’avenir nous appartient sans équivoque.

Dans ce décor préhistorique où je me cache et m’abrutis en conscience, même mon chien ne me reconnaîtra plus, s’il le faut ! »

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