Peu après minuit, Ada quitta ses camarades de la base auxiliaire de Bretteville-sur-Odon. Malgré le froid mordant, le moteur Volkswagen démarra au quart de tour, et c'est sur son tapis volant à roues comme elle aimait à décrire son petit véhicule, que la conductrice regagna la ferme des Mainemer. Cécilien, le père, veillaient l'âtre rougeoyant de la cheminée en compagnie de Louise et Bernadette. Ada ressentit cette chaleur — celle la même éprouvée à Noël lors de la remise des cadeaux aux enfants de la famille. L'allemande regagna la chambre réquisitionnée à son intention, abandonna son uniforme gris pour une sobre tenue civile. La voix de Cécilien rompit le silence. Ada répondit qu'elle n'en savait rien. Personne ne pouvait savoir combien de temps encore durerait cette guerre et quand enfin, la tourmente s'achèverait.