Chapitre Six : Désillusion écrit par Lindsay Hardy-Mussard

Ethan retrouvait enfin sa mère…mais pour une courte durée. Celle-ci lui expliqua avoir commis une faute très grave et qu’elle ne pourra rentrer à la maison avec lui. Les policiers allaient devoir les séparer l’un de l’autre pour une durée indéterminée. Indéterminée ? Ce mot, tranchant comme une sanction, paniqua le pauvre Ethan qui ne comprenait décidément rien à la situation. Elle, devait aller en prison et lui serait accueilli dans une famille, lui expliqua-t-elle.

- Ecoute-moi bien mon chéri, je ne t’abandonne pas. Je ferais tout pour te récupérer le plus vite possible, d’accord ? Quand tout sera réglé avec la police, je t’expliquerai tout, promis !

Un dernier câlin en guise d’adieu et les hommes en uniformes éloignaient déjà sa mère de son petit corps tremblant de peur. Avec un regard emplit de tristesse teinté de honte, sa mère s’éloigna définitivement du champ de vision de son fils resté debout au milieu d’un champ de neige et de débris. Des flocons s’accrochaient aux joues du garçon, se mélangeant aux larmes qui striaient son doux visage.

Des milliers de questions se bousculaient dans la tête d’Ethan. Où allez-t-il vivre ? Quand reverrait-il sa maman ? Ira-t-il toujours à l’école ? Une femme au teint rubicond s’approcha alors de lui et l’emmena vers le camion de pompier où l’attendait un médecin.

- Je m’appelle Anna. Je suis là pour m’occuper de toi mon enfant. Avant que tu puisses te reposer, le médecin et moi allons nous assurer que tu n’es pas blessé, d’accord ?

Ethan hocha de la tête, intimidé par cette inconnue qui lui prenait la main. Après avoir été examiné sous toutes les coutures, Ethan finit par s’éloigner du lieu du crash non sans admirer les pompiers éteindre les dernières flammes. Encore groggy de l’accident, il cherchait dans sa mémoire des éléments de réponses à son tourbillon intérieur lorsqu’il fut interrompu par Anna.

- Je suis désolée de ce qui t’arrive Ethan. Te souviens-tu du monsieur qui est venu te chercher à l’école ? Et bien celui-ci a commis un acte très grave dont ta maman s’est rendue complice. Sais-tu ce que veut dire complice mon garçon ?

Ethan avait une vague idée, mais la définition exact lui échappa. Alors, pour ne pas contrarier Anna, il hocha la tête.

- Bien. Tous les deux vont être entendus et jugés pour leur crime. En attendant de savoir si quelqu’un de ta famille peut t’accueillir, les services sociaux pour lesquels je travaille vont te placer dans une nouvelle famille.

Crime ? Nouvelle famille ? Le garçon n’en voulait pas, il voulait la sienne à lui, avec sa maman et son papa si possible. Le trou béant dans son cœur depuis l’accident se rappelait alors à lui.

Assoupi par ses aventures nocturnes, il entendit une porte claquer et ouvrit lentement les yeux ébloui par les premiers rayons du jour. Une maison de brique se tenait devant lui, entourée d’un jardin fatigué par le temps où se dressait une balançoire d’un autre siècle. Près de la voiture, Anna discutait avec un couple d’âge moyen, monsieur et madame Gardoque entendit-il. L’homme à la moustache proéminente serra la main de l’assistante sociale tandis que sa femme, lèvres pincées, hocha simplement la tête en guise de bonjour. Pas très loquace la mère Gardoque.

- Bonjour Mr et Mme Gardoque. Bon, voilà la situation : Ethan va rester auprès de vous quelques jours, voir quelques semaines en attendant de voir si la garde revient à son grand-père. Son placement est assez délicat. Sa mère s’est rendue complice du meurtre de son mari, une histoire de violences domestiques apparemment... Bref, je vous laisse prendre soin du petit et reviens rapidement vers vous pour une prise en charge psychologique.

L’homme à la moustache tourna la tête vers la voiture. Ethan referma immédiatement les yeux, prolongeant cet instant de flottement, curieux d’en apprendre davantage sur la situation dont il est victime.

- Le garçon a-t-il lui aussi été battu par son père ? demanda Mme Gardoque qui ouvrait la bouche pour première fois.

- Il ne semble pas, mais seule l’expertise psychologique nous le dira. Sa mère a révélé être l’unique victime des coups de son époux. De ses dires, la violence s’exprimait en catimini, le père voulant protéger l’image que son fils avait de lui. Un malade si vous voulez mon avis...

Son père, un méchant qui tapait maman ? Comme est-ce possible ? Non, elle devait se tromper. Lui, si gentil, si doux. Il est vrai que parfois il l’entendait gronder maman qui finissait irrémédiablement par pleurer au son de la ceinture qui claque. Une fois, il l’avait surpris un vase à la main, prêt à le lancer vers le visage de maman. C’était un jeu lui avait-il expliqué. Il voulait simplement qu’elle l’attrape pour y mettre les fleurs qu’il venait de lui offrir. Et si papa le disait, c’était forcément la vérité.

Réglant les dernières formalités administratives, Anna alla enfin chercher Ethan qui faisait toujours semblant de dormir. Sorti de sa torpeur et des nombreuses questions qui l’assaillait, celui-ci suivi l’assistante sociale où l’accueillirent avec distance le couple Gardoque. Après une présentation formelle, il pénétra la demeure où des enfants prenaient leur petit déjeuner. Observant les visages plongés vers leur bol de chocolat chaud, Ethan la vit.

Là, parmi deux autres enfants, Sophie son amie du jardin Magique avalait les dernières gouttes de la boisson, laissant apparaître une moustache cacaotée sur sa lèvre.

Que faisait-elle ici ?

Son grand-père viendrait-il le sauver de cet énorme malentendu ?

Alors qu’un tourbillon d’incompréhension l’envahissait, Ethan sombra dans le noir où la douce image de son père se consumait.