Le premier jour en HDJ, comme on le surnomme, arriva. J’étais extrêmement angoissé à l’idée de sortir, mais aussi à l’idée de prendre les transports en communs. C’était pour moi une source de stress intense. Lorsque le bus arriva, je n’étais pas capable de monter dedans. Ma mère me traînait, mais je me débattais, comme si elle tentait de me faire pénétrer dans les enfers ! Un homme d'une cinquantaine d’années qui était d’une gentillesse et d’une douceur extraordinaire, alla vers moi.

— Tout va bien. Prends mon bras.

Je me tus et allai m’asseoir dans le bus.

Ma mère, stupéfaite, alla s'asseoir avec le monsieur. Il raconta avoir passé plus de vingt ans à l’hôpital psychiatrique de ma ville. Une chose est sûre, si un jour vous avez la chance de rencontrer quelqu’un qui vient de la psychiatrie, chérissez-le ! Il n’y a que la folie de ce monde qui puisse rendre bon dans ce monde de fous.

Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital de jour, j’étais pétrifié. Le regard des autres patients sur ma personne me mettait extrêmement mal à l’aise. Cette peur du rejet, celui que l’on m’avait fait subir toute mon adolescence m’invalidait, même dans un endroit pourtant sécurisé.

Ce groupe, je l’adorais. Le support était fantastique ! Il s’agissait en fait d’un atelier d’écriture thérapeutique. Nous y avons découvert beaucoup de formes d’exercices d’écriture. Peut-être est-ce cela qui m’a donné cette passion pour l’écriture ? Un de nos infirmiers était aussi un écrivain professionnel. Il écrivait régulièrement des pièces de théâtre pour des associations.

Progressivement, je pris mes aises sur le groupe. Je tombai même follement amoureux d’une jeune fille, Cecilia. Elle était d’une telle beauté. Je pris le risque et allai lui demander son numéro de téléphone. Contrairement à celui que j’ai pu être avec le cannabis, celui que j’étais à ce moment-là était extrêmement timide et réservé. .

— Ex… Excuse-moi, ça… ça te dirais que l’on garde contact ?

— Oui, si tu veux !

Elle m’envoya un message et non des moindre, il y avait un cœur !

Cette relation n’avait rien pour fonctionner. Elle était entourée d’amis toxiques qui profitaient d’elle, à tous les niveaux… Elle avait dix-sept ans, et elle était coincée. Dans l’alcool, les amitiés toxiques. Je décidai de rompre cette relation qui n’en était pas une le plus rapidement possible.

Peu après, je fis la connaissance de Nat, un jeune adolescent de seize ans. J’en avais quatorze, mais vous l’aurez sûrement compris, je n’ai toujours communiqué qu’avec des personnes plus âgées.

Nat était terriblement drôle, il faisait l’animation ! J’aimais sa compagnie.

Déjà à l’adolescence, j’avais cette tendance à m’attacher trop vite et surtout, trop fort aux personnes. Toutes mes émotions étaient fortes, trop fortes et instables et dépendaient en grande partie de mon état relationnel.

Au fur et à mesure que le temps passait à l’hôpital de jour, je commençais à montrer mon vrai visage.

Il y avait de l'anxiété, certes, mais aussi beaucoup de colère, de tristesse et d'euphorie parfois, qui alternaient rapidement. J’avais une peur constante d’être rejeté par les autres, d’être abandonné dans les relations. Il y avait de l’impulsivité dans mes actions. J'agissais constamment impulsivement. Couplé à la peur de l’abandon, je partais et revenais dans les relations, suivant comment je me sentais et comment je pensais être perçu par l’autre. Mon médecin, qui voulait me mettre sous antidépresseurs, voulait désormais me mettre sous antipsychotique, le Risperdal.

— Il agit sur vos TOC et sur vos traits d’impulsivité, de colère.

J’acceptai encore moins !