Si vous connaissez la petite boutique parisienne "Ambroise&Co" c'est sûrement que vous appartenez à l'autre univers. L'univers que les humains n'ont jamais vu et qu’ils ne connaissent pas. L'univers qui se mêle au leur et qui est remplie de non-humains appelés poétiquement "fées"...

Si vous connaissez l’échoppe "Ambroise&Co", vous avez sans doute déjà rencontré la vendeuse y officiant.

Aurore n'avait pas vu l'heure tourner. Ce jour-là, elle était arrivée en avance à la boutique. L'inventaire effectué quelques jours plus tôt avait mis en lumières quelques potions manquantes dans la pharmacie de secours. Un baume faisant instantanément repousser les écailles de sirène ne se concoctait pas en un claquement de doigts !

Ainsi, la sorcière de vingt-cinq années se retrouvait dans son laboratoire personnel, dans l'arrière-boutique du "Ambroise&Co". Là, personne ne l'embêtait, pas même son téléphone qu'elle avait pensé à éteindre.

La jeune femme avait enfilé un masque à gaz ensorcelé pour qu'il filtre également les essences magiques. Les ingrédients que la demoiselle manipulait pouvaient être toxiques pour les personnes pouvant manipuler la magie. Il était hors de question qu'elle se fasse envoûter par sa propre préparation.

L'office ressemblait en tout point à un repère de vieille sorcière. En son centre, un chaudron bouillonnant. Ce dernier était lui-même à l'intérieur d'un pentagramme tracé à la craie et agrémenté de symboles venu d’autres cultures. Cependant, tous ces signes n'avaient qu'un seul objectif : la protection.

Pendant qu'Aurore suivait la recette qu'elle ne connaissait pas encore par cœur, elle psalmodiait à haute voix quelques invocations et formules. Certains mots faisaient changer de couleur la mixture du chaudron, d'autres changeait le mouvement du tourbillon en son sein.

Bientôt, Aurore fut ravie de constater que son idée de masque à gaz lui était plus profitable qu'elle ne la rendait ridicule. En effet, au milieu de la recette, le chaudron s'était mis à bouillonner et à faire exploser de grosses cloques. Comme si la mixture faisait éclater de grosses pustules. L'une d'elle venait de lui exploser au visage, s'étalant sur la visière du masque.

La sorcière laissa son visage se tordre en une moue dégoutée. Elle était littéralement écœurée par le phénomène. Au moins sa peau n'était pas touchée. Il ne lui fallut qu'un coup de chiffon sur la protection en plastique pour voir à nouveau correctement son environnement.

Ce dernier avait changé en quelques secondes. Si l'ambiance avait été sombre et secrète quelques secondes auparavant, c'était comme si les petites explosions du chaudron venait de créer une nouvelle ambiance. S'élevait du chaudron des effluves colorés de mauve et de bleu pailleté. Ces filets de couleurs donnait l'impression d'être animés d'une volonté propre, et semblait découvrir la pièce avec curiosité.

Aurore savait que ces invocations étaient totalement normales, mais elle n'en restait pas moins impressionnée à chaque fois qu'elle arrivait à cette étape de la potion. Sans attendre l'échec de sa préparation, elle embrasa le chaudron et la chaleur rappela les tentacules de fumée à l'intérieur de leur récipient. À nouveau. La couleur changea et devint blanc perlé tandis que la texture se faisait plus épais.

Parfait. La potion était arrivée à son terme et se trouvait être réussie. Un dernier sortilège plus tard en guise de conservateur et Aurore pu laisser glisser dans quelques fioles, la lotion qu'elle venait d'achever. Les petits flacons rejoignirent leurs semblables dans une armoire. Tous étaient estampillés de divers petits pictogrammes et autres sigles encourageant les précautions d'emplois. Beaucoup de ces préparations étaient toxiques et la plupart étaient à utiliser avec modération. De la même manière qu'une pharmacienne, Aurore devait mettre en garde ses clients souhaitant se procurer ses poudres et onguents dangereux. Après tout, la jeune sorcière était une potionniste, pas une vulgaire empoisonneuse.