Jour 2 - Tranquil || Tranquille
S'occuper des vacances des autres, c'était assez amusant quand on observait le phénomène de loin. L'idée en elle-même était séduisante. Voir tous les coins paradisiaques du monde. Visiter des hôtels luxueux. Avoir l'impression que le monde est à vos pieds seulement parce que vous avez un gros portefeuille à disposition. Oui, cela pouvait vendre du rêve à beaucoup de personnes.
Mais Enora avait terminé depuis longtemps sa lune de miel avec son métier. Elle avait mal aux pieds, et elle n'arrivait toujours pas à se faire à l’immense décalage horaire lorsqu'elle arrivait à Tahiti.
Parfois, elle regardait le ciel bleu tout en sentant le soleil brûlant mordre sa peau pâle... Elle profitait de quelque seconde, puis le mal du pays venait peu à peu la grignoter. Elle repensait à ses deux familles bien différentes. Celle de sa mère, calme et joyeuse, et celle de son père vivant à moitié dans la forêt.
Elle y avait vécu aussi... Dans cette forêt. La plus grosse partie de son existence même. Enora trouvait qu'elle ne s'en était pas trop mal sortie pour une fille sauvage. Elle pensait également qu'elle avait bien changé de l'époque où elle se roulait dans la boue. Maintenant, elle se roulait dans des draps en satin.
Roulant sa petite valise de voyage derrière elle, la jeune femme à la longue chevelure blonde arrivait devant la porte de chambre numéro 429. À Tahiti, c'était toujours celle-là qu'on lui réservait. Elle ne s'en plaignait pas. Un petit peu de repère c'était agréable dans un pays qui n'était pas le sien et où elle n'avait aucun ancrage.
Une fois la porte refermée derrière elle, le brouhaha des vacanciers se turent -merci la merveilleuse insonorisation-. Et dès lors, le silence pu calmer le tumulte qui existait dans le cœur et l'esprit d'Enora. Maintenant, c'était comme si elle rentrait chez elle, pouvait reprendre une routine bien huilée dans un environnement calme et serein.
Tout d'abord, elle se débarrassa de ses talons hauts qui lui fendaient les talons. Ensuite, elle abandonna sans regret le blazer et la jupe tailleur orange pâle qui lui servait d'uniforme de travail. Elle déboutonna son chemisier d'une main experte, tandis que de l'autre, elle retirait ses boucles d'oreilles discrètes.
Une fois à l'aise et débarrassée de ces vêtements qui cherchaient à lui faire vivre l'enfer, elle prit possession de la salle de bain et ouvrit les vannes qui empliraient avec de l'eau chaude la baignoire à balnéo. Elle aimait beaucoup cette chambre rien que pour ce petit bijou.
Il ne restait plus qu'à attendre que l'eau remplisse la cuve et que la mousse de bain qu'Enora venait incorporer emplisse la pièce d'une douce odeur de vanille -Typique de Tahiti-. Pendant ce temps, la jeune femme prit soin de préparer la tenue qu'elle porterait au dîner et son maillot de bain pour un dernier plongeon dans l'océan pacifique. Elle aurait assez de temps après manger pour profiter de l'étendue bleue.
Lorsqu'elle ouvrit le minuscule réfrigérateur, elle y découvrit avec émerveillement que la réception pensait toujours à son petit confort. Une bouteille de vin rosé y était bien fraîche et n'attendait qu'elle pour être dégustée.
Le sourire aux lèvres, Enora attrapa l'un des deux verres à vin disponible et s'embrassa d'ouvrir la bouteille avec son petit couteau-suisse qui ne quittait jamais sa petite valise. Les arômes fleuris et le gout acidulé du breuvage réchauffait sa gorge et son estomac autant que son cœur. Même si elle était loin de sa patrie, ce petit détail éloignait sa mélancolie.
Son verre dans la main, un livre de poche dans l'autre, son corps douloureux correctement immergé dans l'eau chaude et mousseuse de son bain, il ne restait à Enora qu'une seule chose à faire : profiter de ce moment d'intense tranquillité et oublier tout le reste...
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