Jour 3 - Roasted || Rôti/Grillé
Maxime Fleury aimait sa vie. Il n'en aurait changé pour rien au monde. Il était marié à une femme merveilleuse et avait des enfants pleins de vie et passionnés. Cependant, les moments où il pouvait profiter de la présence des soleils de sa vie étaient rares. Son travail de chirurgien l'accaparait la plupart du temps. Tant et si bien qu'il avait l'impression de vivre le plus souvent à l'hôpital que dans les bras de Coline, son épouse.
Margé ces constats, Maxime avait eu le droit à un jour de repos. Et ce jour était aujourd'hui. Un dimanche de juillet ensoleillé. Tout le monde était dehors, cocktail à la main, discutant de façon animée de divers sujet tandis que Coline s'occupait en arrachant quelques mauvaises herbes ayant osé s'incruster dans son rayonnage de tomate.
Devant Maxime, un large barbecue de pierre et de brique diffusait l'odeur épicée et juteuse d'une viande rouge et de quelques merguez.
Pudique, le père de famille faisait de son mieux pour masquer les gargouillis de son estomac affamé. Il avait l'eau à la bouche. Cela le changerait tellement de la cantine de l’hôpital. Il en salivait d'avance.
Un peu plus loin, Aurore et Victor se chamaillaient comme des enfants en manipulant des grenouilles égarées dans le jardin.
Maxime ne disait rien. Il aimait trop la voix de ses enfants pour les faire taire. L'air extérieur lui faisait du bien. Inspirant profondément, il sentait que cet environnement naturel lui avait manqué. Après tout, il était habitué aux salles stériles et aux endroits aseptisés.
— Maxime... Je crois que la viande est en train de cramer... Murmura Coline avec un amusement qu'elle peinait à contenir.
Le regard de l'homme vira immédiatement sur les merguez qui, de rouge, avait viré au noir charbon.
Avec adresse et geste précis. Le chirurgien attrapa les quelques petits boudins carbonisés pour les placer dans l'assiette, tout comme il récupéra la pièce de bœuf qui commençait à ressembler à ses petites copines.
S'il avait commencé à ressentir une pointe de honte ou de déception face à cet échec en tant que chef cuisinier, il ne s'en rendit compte que lorsque le poids de ces sentiments négatifs s’apaisa sous la main que Coline lui passait amoureusement dans le dos.
Finalement, elle s'écarta de lui pour réunir les convives autour de la table extérieure, sous le saule pleureur qui constituait un parasol naturel dans leur jardin. Il n'y avait pas que les enfants de Maxime et Coline. Il y avait d'autres adolescent et jeunes adultes venus chez eux pour découvrir le fonctionnement du monde des humains. Maxime les connaissaient peu, mais appréciait l'ambiance bon-enfant qui régnait dans sa maison, mais encore plus, le sourire naturel et bienveillant qu'affichait son épouse lorsqu'elle caressait du regard toutes ses petites âmes en quête de paix et de tranquillité.
— Pourquoi toutes les merguez sont grillées ?! Se plaignit Aurore sans aucun remord.
— Si tu fais tout un cinéma pour un peu de grillé, tu ne survivrais pas longtemps dans les tribus sauvages d’Amazonie. Répliqua aussitôt Victor qui se servait des saucisses épicés sans un autre commentaire.
— Si c'est pour manger du charbon, je ne vois pas ce que j'irais faire dans les tribus sauvages d’Amazonie. Se renfrogna Aurore sans pour autant se servir de la viande, préférant s'attaquer à une salade de concombre et de tomate.
— Tu manques cruellement de curiosité, petite sœur. Découvrir le monde c'est passionnant ! Remarqua le frère avant de mordre dans la merguez noire.
— J'ai un frère généreux qui me rapporte parfois des cadeaux des endroits qu'il visite. Ça me suffit largement pour avoir le sentiment de voyager !
À cette dernière remarque, Maxime ne put s'empêcher de rire avec le reste de la tablée. Sans rien ajouter, il termina de découper la pièce de bœuf qui avait été parfaitement saisie, avec son contour lécher par les flammes et l'intérieur encore saignant.
Il avait peut-être cramé les merguez, mais le plus gros morceau de viande était intact. Le chirurgien n'était pas si mauvais que cela en cuisine. Il réussit ainsi à se convaincre qu'il manquait seulement d'un peu de pratique dans l'utilisation du barbecue...
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