Jour 4 - Spell || Ensorceler
Coline Fleury faisait partie de ces personnes qui adorent les gens. Elle avait toujours été généreuse, le cœur sur la main et le sourire sur les lèvres. Sans rien attendre en retour, elle n'avait jamais compté ce qu'elle donnait à son prochain. Peut-être cela était-ce dû à son enfance heureuse ? Personne n'avait cherché à savoir d'où venaient ce besoin et cette envie de faire le bien autour d'elle.
Cependant, même si elle aimait les gens, leur parler, les écouter et leur tendre les bras. Il y avait certain moment où être seul était important pour elle. Pour se recentrer, il était nécessaire qu'elle s'isole dans son refuge.
Ce dernier ne se trouvait pas loin de son quotidien animé de la villa. Il se trouvait d'ailleurs sur le même terrain. La serre au fond du jardin lui servait de sanctuaire paisible. Une fois à l'intérieur, les quelques soucis et tracas qu'elle pouvait avoir la quittaient. Comme s’ils leur étaient impossibles de rester en présence de la simplicité et la candeur des êtres végétales.
Dans cette serre, il n'y avait ni salade, ni tomate, mais une généreuse collections de simples et autres plantes médicinales. Il y avait quelques racines dangereuses, mais ce que venait voir Coline, c'était ses orchidées. Ses plantes si majestueuses auxquelles elle tenait et qu'elle entretenait comme de véritable petite créature précieuses.
Le chant des oiseaux à l'extérieur de sa cachette rythmait les mouvements qu'elle effectuait, caressant un pétale, arrosant les feuilles. Ses mains nues dans la terre, Coline n'était pas dérangée par la terre généreuse qui s'attachait à ses doigts. Au contraire, ce contact simple avec l'un des éléments primordiaux semblait la ressourcer autant que la terre permettait aux plantes de s'épanouir.
— « C'est une fleur de Paris » ... Commença à chantonner la mère de famille d'une voix un peu timide.
Finalement, elle avait sorti ses doigts de la terre et commença à s'occuper de petites boutures qui étaient maintenant assez développées pour regagner la terre véritable.
Penchée au-dessus de sa table de travail, la femme examinait les racines tout en continuant sa vieille chanson d'une de plus en plus mélodieuse et assurée.
— « Du vieux Paris qui sourit,
Car c'est la fleur du retour,
Du retour des beaux jours.
Pendant quatre ans dans nos cœurs
Elle a gardé ses couleurs,
Bleu, Blanc, Rouge »
Plus elle chantait et plus les plantes s'ouvraient sous ses paroles. C'était comme si la chanson de Coline était l'eau que les fleurs avaient toujours cherché à goûter. Pourtant, Coline n'avait pas la voix d'une cantatrice. Elle chantait plus ou moins juste. Cependant, l'âme qu'elle mettait dans sa chanson suffisait à faire opérer la magie. Les êtres de la nature avaient cette capacité à reconnaître les ondes positives lorsqu'elles flottaient dans l'air. En cet instant, ces ondes positives, qui se dégageaient de la sorcière, inondaient totalement la serre. Laissant baigner chaque brindille dans un univers bienfaisant.
— « Avec l'espoir elle a fleuri,
Fleur de Paris. »
Les mains de Coline continuaient à s'affairer à rempoter les petits plants de sauge de thym et de romarin. Les yeux de la femme pétillaient toujours autant d'émerveillement lorsqu'elle observait ses plantes heureuses de l'entendre chanter. L'enchantement était partagé. Si la sorcière donnait assez d’énergie à ses plantes pour que ces dernières dansent pour elle, alors les plantes lui offraient un spectacle unique qui laissait Coline en totale admiration.
Finalement, le charme se dissipa à la fin de la chanson. Cependant, l’horticultrice amateure était persuadée que son chant avait aidé quelques plantes à se redresser et d'autres à grandir un peu. On disait souvent que chanter permettaient aux végétaux de grandir plus rapidement et d'être plus vigoureux. Coline en était pleinement convaincue et était heureuse de voir que ses plantes appréciaient ses petites comptines.
Heureuse de son temps passé avec ses fleurs, Coline pu quitter son havre de paix et regarder l'adorable tourbillon d'émotion qu'était sa maison.
(Chanson de Maurice Chevalier « Fleur de Paris »)
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