Jour 18 - Bottle || Bouteille
Il y a certain jours où certaines idées semblent très bonnes au premier abord. Plonger à l'eau pour sauver la vie d'un autre être humain par exemple. Puis, une fois en plein dedans, c'est la douche froide et on se rend compte qu'on ne sait pas si bien nager que cela et que vous êtes en hiver.
C'était un peu ce genre de sentiment qu'avait Arthur en cet instant. Quand son meilleur ami, Victor Fleury était enfin rentré à Paris, il s'était dit qu'il ne pouvait pas ne pas fêter ça. Qu’ils devaient se revoir et au moins trinquer à leurs retrouvailles. Après tout, cela faisait presque une année entière qu’ils ne s’étaient plus croisés. Que ce soit à Paris ou bien dans un pays à l'autre bout du monde.
En un an, on oubliait facilement les mauvais côtés des personnes, encore plus les défauts des personnes à qui on tient le plus. C'était aussi juste avec Arthur. Ce dernier avait oublié le gout du défi du sorcier qu'il considérait comme son frère et ce, depuis l'enfance. Aussi, un peu fatigué, il avait accepté le premier défi que Victor lui avait lancé : le premier qui finit son verre cul sec ? Pas de problème.
Quatre verres de rhum plus tard, la bouteille avait été bien massacrée. Si Victor ne montrait aucun signe d'intoxication, Arthur faisait de son mieux pour garder la face également. La vérité étant qu'avec le temps, il n'était peut-être plus aussi résistant à l'alcool qu'il voulait bien le faire croire. Les folles soirées beuverie dans le sous-sol de la famille Fleury, c'était fini pour lui. À moins que ce ne soit les soudaines retrouvailles avec l'homme face à lui qui commençait à lui faire tourner la tête.
— Et avec Sabine alors ? Aurore m'a dit que vous étiez toujours ensemble... Vous allez finir par plus jamais vous lâcher hein ? Tu trouves pas ça marrant ? Si jamais tu le fais à la mairie, je serais ton témoin et ma sœur celui de ta copine ! Ça ferait un peu comme sur l'une des photos de maman ! S'exclama Victor qui visiblement ne contrôlait plus le volume de sa voix.
Arthur eut l'idée très adulte de tirer la langue à son interlocuteur, faisant éclater de rire ce dernier. Victor n'avait jamais vraiment compris toute la satisfaction et le bonheur que l'on pouvait tirer d'une relation stable. Aussi, l'homme ne chercha ni à lui confirmer son amour qu'il portait à sa petite copine, ni à prendre des nouvelles des quelques conquêtes de son ami.
— Bon aller, cette bouteille est bien triste à moitié entamée ! Celui qui se couche a perdu ! Reprit Victor en servant deux nouveaux généreux verres d'alcool.
Arthur laissa son meilleur ami faire. Si c'était un défi et bien il ferait de son mieux pour tenir. Oui, c'était ce qu'il s'était dit au cinquième verre.
Au septième par contre, son regard ne pouvait pas s’attarder plus de quelques secondes sur un objet. Son estomac se vrillait étrangement et lorsqu'il parlait, sa langue ne semblait plus pouvoir lui obéir correctement. Une seule explication à ce phénomène, il était ivre. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas été dans cet état. L'explication la plus simple à ce phénomène était que sans Victor dans les parages Arthur était finalement un garçon sage.
Victor vacillait un peu lui aussi. Il clignait des yeux pour retrouver un peu de contenance et quand il voulut attraper la bouteille, Arthur l'avait déjà en main et la vidait sur le sol, restant sourd aux protestations du barman qui devrait nettoyer. La bouteille maintenant finie, personne ne perdrait ce combat.
Avec un certain soulagement, les deux jeunes hommes regardèrent la flaque de rhum ambré avant d'éclater d'un rire franc. Payant au comptoir en laissant un généreux pourboire pour le dérangent avant de partir en se tenant par les épaules pour se maintenir au mieux sans tanguer.
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