Cela faisait un moment que Victor n'était pas parti pour des voyages aussi courts. À peine deux semaines et il revenait déjà sur le sol français. Son corps était épuisé par les nombreuses heures de vols, mais il tenait bon. Son paquetage sur le dos, il était encore plus chargé qu'à l'allée car, évidemment, il ne revenait pas les mains vides. Encore une fois, il avait tenu à offrir à chaque membre de la famille Fleury ainsi que tous leurs réfugier, un présent qui leur donnerait un aperçu du pays dont il revenait.

Le Brésil était un pays généreusement coloré, plein d'épice et de couleurs, Victor n'avait pas eu de mal à trouver des petites babioles à rapporter même s'il avait dû choisir à la va-vite avant d'être en retard pour son vol. La seule personne pour laquelle il avait mis toute son inventivité avait le cadeau qu'il allait faire à sa petite sœur, Aurore. Lors de son dernier voyage, il s'était comporté de façon quelque peu maladroite envers elle et il avait passé une semaine de vacance infernale. Pas question de remettre ça une nouvelle fois.

D’ailleurs, le cadeau qu'il avait prévu était celui qui était le plus encombrant. Le plus encombrant et aussi le plus lourd et le mieux emballé. Victor se félicitait lui-même de tous les efforts qu'il avait fournis pour un seul souvenir. Aurore ne pourrait pas lui reprocher de l'avoir "oublié" cette fois-ci.

Après avoir pris un taxi et s'être endormit une petite heure à l'intérieur, il se trouvait enfin devant la villa Fleury, cette ancienne maison bourgeoise reconvertie en maison d'accueil pour les Fées paumées. Il était encore, la nuit avait encore son voile sombre de déposé sur la capital. Cependant, ce n'était qu'une question du temps pour que la lumière éclaire les rues parisiennes.

Sans sonner, le sorcier entra sur la propriété puis dans la maison. La lumière de la cuisine et de la salle à manger était allumée et depuis le hall, Victor pouvait entendre un couteau frapper avec régularité la planche à découper. Ce son, il l'aurait reconnu entre mille, c'était sa mère qui préparait le repas.

Délaissant ses bagages, il s'approcha calmement sans pour autant chercher à se faire trop discret. Quand il près de la cuisine, il s'arrêta dans l'encadrement de la porte avant de prendre la parole.

— Tu penses qu'il y aura assez pour un couvert de plus ? Questionna Victor pour annoncer son retour.

La mère de famille ne put cacher ni sa surprise ni contenir sa joie de retrouver son fils. Comme à chaque fois, elle lui sauta au cou pour le serrer contre elle. Victor la laissait faire avec un plaisir non dissimuler. Qu'il était bon de retrouver le foyer maternel. À son tour, il la serra contre lui, récupérant un peu de l'affection dont ses voyages loin de sa famille le privaient.

Comme à chaque fois qu'il revenait, sa mère tenait à lui préparer un festin, et voilà qu'en quelques instants, le globe-trotteur se retrouva avec une généreuse pile de pancakes sous le nez. Visiblement, sa mère trouvait qu'il avait peut-être maigri.

Un jour de dimanche, les habitants de la villa se réveillaient lentement et sans se presser. Aussi, il ne fut pas surpri de ne pas voir le visage de sa petite sœur avant dix heure et demi. Enveloppée dans une robe de chambre de satin, elle fut surprise de voir Victor attablé, mais passa rapidement à autre chose. L'appel des Pancake était plus puissant.

— Tiens ! Déclara soudainement Victor en déposant un paquet cadeau lourd, mesurant plus d'un mètre de long.

— Tu es sûr que tu ne veux pas le filer à Ethan ? C'est un nouveau venu tu sais... Il saura peut-être en faire meilleur usage que moi. Bougonna la jeune femme.

Victor soupira devant le caractère rancunier de la demoiselle. Il ignora la pique et attendit avec patience qu'Aurore délaisses son petit-déjeuner pour ouvrir son paquet. Elle avait beau faire mine d'être désintéressée, ses yeux brillaient de joie à l'idée de découvrir ce que camouflait l'emballage.

Le sorcier avait galéré à trouver une boite en carton assez grande et solide pour l'objet qu'il contenait. De même pour le papier cadeau qui fut déchiré en quelques secondes.

Le nez dans la boite, Aurore eu quelques difficultés à sortir l'étrangeté du contenant. Finalement, le cadeau était maintenant en travers de la table. Il s'agissait d'une sculpture sur bois de couleur marron clair représentait traits pour trait un serpent à deux têtes côte à côte ondulant.

— Tu sais ce que c'est ? Questionna Victor, fier de sa trouvaille.

Aurore lui lança un regard agressif et éloquent : oui, elle savait parfaitement de quoi il s'agissait.

— C'est un Custode Spiritus... Un esprit gardien.

— Oui tout à fait.

— Ils protègent un lieu en l'absence de leur propriétaire... Lorsqu'une tête dort, l'autre veille et inversement. En cas de violation de l'endroit à protéger, l'esprit gardien se divise et se fait menaçant tout en prévenant son propriétaire... Le seul moyen de forcer un esprit gardien à abandonner sa mission est de tuer son maître. Expliqua Aurore tout en restant fasciner.

— Je me suis dit qu'une forme de serpent te plairait plus qu'autre chose. Ponctua Victor.

— Il est magnifique ! Je l'adore déjà ! Déclara Aurore, totalement fasciné par son cadeau.

Victor n'en attentait pas moins de son présent. Avec ça, il était certain qu'Aurore le laisserait tranquille avec cette histoire de cadeau oublié de la dernière fois.