Érise quant à elle ne semblait pas impliquée dans la conversation. Elle haussa les épaules, roula le parchemin et le tendit négligemment à Camarian. Il s’en empara.

— Très bien, fit-elle avec un soupir. Je suppose que je ne peux pas vous le refuser.

— Quoi donc ? grogna Camarian.

— Ce matin même, quand l’horloge du palais sonnera onze heures, rejoignez-nous. Nous serons sur l’estrade du Vi blanc, à la sortie ouest du château. Ne soyez pas en retard.

— Nous ? De quoi parlez-vous ?

Elle se retourna :

— Onze heures, au Vi blanc. Compris ?

Son ton n’autorisait qu’une seule réponse :

— Oui, dame Érise.

Mais il ne se sentait prêt à se taire, même si cela eut été plus raisonnable.

— Mais par le Chemon, pourquoi obéirais-je alors même que vous n’avez aucun respect pour rien ?

Érise plissa les yeux avec une expression de mépris évident, qui fit davantage bouillonner le sang de Camarian. Il serra le poing. Puis elle lui assena une phrase à laquelle il ne s’attendait pas du tout.

— Oh, eh bien dans la mesure où je viens tout juste de vous accepter dans mon expédition secrète pour sauver votre meilleur ami, je pensai que vous vous sentiriez concerné. Si j’ai commis une erreur, bien sûr, si secourir le jeune Isaan ne vous intéresse pas, surtout n’obéissez pas. Restez donc terré dans votre notion étroite du respect. Quoi qu’il en soit, ne parlez de ceci à personne. Ceux qui doivent savoir, ceux-là savent déjà. Ah et, Camarian… venez avec un vêtement d’hiver.