Chapitre 5

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Quand Jason dépose son plateau devant moi à la cantine, le bruit résonne dans le grand hall. Je ne m'en serais pourtant pas rendu compte si Stacy ne m'avait pas mis un coup sous la table. Je peux manger mon sandwich tranquille ? Je lève la tête de mon repas et Jason me regarde bizarrement. Je le salue et il en fait autant avant d'échanger quelques banalités. Je crois qu'il tourne autour du pot.

— T'as des plans pour ce soir ?

— Euh... nan ?

— Cool. On organise une fête à la maison avec Stacy, m'explique-t-il avant de s'interrompre. Merde, j'ai oublié le ketchup.

Il se lève mais me fait un clin d'œil avant d'ajouter :

— Et ta présence est requise.

— Requise ? Comment ça requise ?

Il ne me répond pas, il est déjà trop loin. Rachel et Stacy gloussent à côté de moi.

— Ils le font totalement !

— Je te l'avais dit.

— Nan mais ça va pas ? Y a rien entre moi et Jason.

— Détends-toi le slip, on plaisante.

Elle me pince la joue comme à un bébé en disant ça. Il y a des plaisanteries plus drôles que d'autres, et me pousser dans les bras de l'ex de Mary, ça me semble d'un goût douteux. Je fuis la conversation en direction de ce qui retient mes pensées captives. Ça fait deux jours, mais ma mémoire conserve intacte le souvenir de mon escapade clandestine. Mes yeux dérivent le long des tables jusqu'à tomber sur la sienne.

Stacy me pose une question. Je hoche la tête sans savoir à quoi je réponds. C'est l'excentrique un peu plus loin qui m'intéresse. À côté de lui, je reconnais Nath et Justin, les autres, je ne les connais pas. Celui de droite s'appelle peut-être Marvin mais ça pourrait aussi bien être Martin. Je crois qu'il est dans ma classe de chimie. Ils ont improvisé un bière-pong sans bière. C'est frappant l'amusement qui règne autour d'eux.

Ils sont les marginaux, les laissés-pour-compte, et pourtant, ils rient. Ils s'amusent sans penser à ce que les gens autour d'eux peuvent penser de leurs vêtements troués et de leurs cheveux mal coiffés. Je me rappelle la rentrée. J'accompagnais Nath et il avait des rêves de popularité plein les yeux. La réalité l'a vite rattrapé, pourtant, il ne semble pas malheureux. Je l'envie, mais peu importe combien j'aimerais renverser la table à laquelle je siège, j'y demeure enchaînée. Qu'y a-t-il de si précieux que je refuse de perdre ? Qu'y a-t-il de si précieux pour que Mary choisisse de s'emmurer dans le silence ? Toutes ces questions me donnent la nausée.

Jason revient enfin avec son ketchup et Stacy lui pique un sachet de sauce. Je les entends se chamailler, puis Stacy agite sa main sous mes yeux pour me sortir de ma transe.

— Tu m'écoutes ? Dis-lui que j'ai raison !

Je regarde tour à tour les deux jumeaux.

— Euh, ouais... Ouais t'as raison.

Jason remarque mon absence et se tourne pour voir ce qui peut bien le priver de mon attention. Son regard se fige quand il croise celui d'Elliot qui se tient debout sur la table en grand vainqueur du bière-pong sans bière. Les traits d'ordinaire doux du beau blond se crispent. On n'est pas les seuls à le regarder, mais Elliot ne voit que moi. Il prend le risque d'une révérence qui m'est destinée et ça, Jason l'a bien remarqué. Quand il se lève de sa chaise, c'est avec une férocité qu'il est obligé de maîtriser.

— T'as un problème le barj ?

Il y a du défi dans sa voix, mais Elliot s'en fiche. Il lui fait un doigt et lui tourne le dos. On dirait qu'il jette de l'huile sur le feu. Jason serre ses poings le long de son corps en réprimant la colère qui menace d'éclater.

— Laisse tomber Jason, dis-je pour tenter de désamorcer la situation.

Le garçon recouvre son calme et s'assoit en marmonnant une insulte je crois. Elliot est satisfait de sa double victoire, il se paie le luxe de faire un clin d'œil dans le dos de Jason. C'est pas très malin de ta part.

— Est-ce qu'il continue de te faire chier ?, demande-t-il, encore préoccupé par mon incident d'il y a quelques semaines.

— Non, non. T'inquiète pas, Jason.

Ça suffit à le rassurer pour le moment. Les conversations auraient pu reprendre comme si rien ne s'était passé mais Ashley en décide autrement. Ses oreilles indiscrètes n'ont rien manqué de la scène, et quand elle s'installe à table, elle est obligée de commenter.

— Je ne comprend pas qu'ils l'aient laissé sortir de garde à vue après la mort de Mary, lance la blonde qui sait très bien ce qu'elle fait.

Je manque de m'étouffer avec ma pomme.

— Attends, quoi ? Comment ça ?

Personne ne me répond. Je sonde les regards de mes amis mais soudain, la mission de trier leurs petits pois leur paraît vitale. Un sourire en coin se dessine sur les lèvres d'Ashley qui a le culot de feindre l'innocence. L'atmosphère est pesante et je sens que quelque chose de grave se passe dans mon dos. Je regarde Rachel. Elle ne me trahirait pas. Elle est incapable de me mentir, alors elle finit par prendre la parole.

— On pensait que c'était déjà assez difficile pour toi…, lâche-t-elle presque dans un murmure.

— Me parler de quoi ?

Les regards se croisent autour de la table, lourds de non-dits. Jason ouvre la bouche, hésite, la referme. Puis, brisant le silence, il lâche d'une voix éteinte :

— Quand Mary a sauté de la fenêtre... Il déglutit péniblement avant d'achever. Elle était droguée et la drogue... c'est Elliot qui lui a donné.

Un silence de plomb s'abat sur la table. Les mots de Jason m'assomment, privant d'air mes poumons. C'est comme si le sol s'ouvrait sous mes pieds. Pendant d'interminables secondes, je reste figée, hébétée, tandis que la trahison d'Elliot, la plus insoupçonnable, fait lentement son chemin dans mon esprit.

— On comptait t'en parler, mais... On savait pas comment.

La peine m'envahit, lourde, étouffante. Comment ont-ils pu me cacher une chose pareille ? Ma gorge se noue, les larmes me montent aux yeux mais je les ravale. C'est alors que la colère prend le dessus.

— Oh vraiment ? Et, quand ?

— Tina le prend pas comme ça...

— Ah ouais ? Je dois le prendre comment ? Ma meilleure amie était dépressive et droguée. Il y a autre chose que je dois savoir ? Je crache avec véhémence et ma voix se brise.

— Oh, c'est bon, qu'est ce que ça change de toute façon ?

Ça change que j'aurais pas passé la soirée avec lui. Je peux pas leur dire. J’arrive plus à respirer ici. L'air est devenu insupportable, saturé de mensonges et de non-dits. Il me faut sortir, fuir au plus vite cette atmosphère étouffante. C'est alors que je me lève d'un bond, cognant la table au passage. La délicate main de Rachel veut me retenir. Son visage est voilé par les regrets. Je peux rien partager de cette colère qui m'anime, ils n'en comprendraient pas la portée. Comment le pourraient-ils ? J'ai gardé ces rencontres sous scellé.

Je pars sans me retourner et titube en marchant. Sur ma route, je bouscule quelqu'un derrière la porte de la cantine. Je n'ai pas le temps de m'excuser, je dois m'isoler. Quand je trouve un recoin à l'écart, je me laisse glisser contre le mur. Enfin seule avec mes pensées torturées, les souvenirs avec Elliot refont surface, douloureux et illusoires. Nos confidences sont souillées par le mensonge. Mes yeux me brûlent tandis que la trahison, comme un venin froid, se répand jusqu'au tréfonds de mon être. Celui avec qui j'ai tenté de fuir la réalité de la mort de Mary, s'y trouve désormais lié. Je sors mon walkman. «I've learned my lesson baby ~ No good, no good. Baby you're no good.» Je repasse la musique en boucle pour me convaincre que j'ai appris ma leçon.

De retour en classe, j'ai dû abandonner le confort de la solitude. Je ne parviens pas à prêter attention au cours de madame Davis.

Je pose mon regard sur Elliot. Son visage que j'ai aimé admirer est souillé. Était-il sincère quand il recueillait mes confidences ? Ou n'étais-je qu'un moyen d'alléger sa conscience tourmentée ? Dans ses yeux, je ne trouve pas la noirceur que j'aimerais. Savait-il seulement vers quel sinistre destin ces pilules mèneraient ? Comment le pouvait-il, alors que moi-même, j'ignorais tout des tourments qui torturaient mon amie.

Quelle différence ? Mary n'est plus et sans lui, elle ne se serait peut-être pas ôté la vie. Sans lui, peut-être serait-elle encore ici. Chaque fibre de mon être se déchire tandis que je dévisage celui que je tiens pour responsable de cette tragédie. Il tente brièvement de capter mon attention, saisi d'incompréhension face à mon attitude, mais d'un battement de cil indifférent, j'étouffe la flamme de notre amitié naissante.

Quand la cloche sonne, je force un passage vers la sortie. Stacy me rattrape, Rachel aussi.

— Tina, attend !

Je me tourne mais je garde les yeux au sol. Je n'ai pas envie de les regarder.

— On est vraiment désolées que tu l'aies appris comme ça...

Stacy force une compassion qui ne lui ressemble pas. Ça suffit pour déduire sa sincérité.

— On voulait t'en parler, j'te jure. Mais c'était... jamais le bon moment.

Comme je ne dis rien, Rachel reprend pour m'interdire de me fermer.

— On sait que c'est dur pour toi, Tina.

Je n'offre toujours mon regard qu'à mes baskets mais je hoche la tête. Je n'ai pas envie de leur en vouloir. Elles ne méritent pas ma colère.

— Tu viens ce soir, hein ?

Non. C'est ce que j'aimerais répondre. Ruminer, c'est une occupation à temps plein. Je n'ai pas envie qu'elles s'inquiètent, alors je les gratifie d'un « peut-être ». Lorsque ma réponse se forme au bout de mes lèvres, le cuir froid de sa veste effleure mon épaule. Je croise le regard d'Elliot une seconde de trop et un écœurant frisson ravive mes souvenirs honteux. Stacy le pourchasse et Rachel me prend la main.

— Viens ce soir, s'il te plait. Reste pas seule.

De retour chez moi, ma mère me salue. Je l'ignore, trop occupée à digérer cette journée que j'aimerais pouvoir oublier. Assise sur le rebord du lit, je contemple un mur de souvenirs. Des photos, des mots échangés, un bracelet qu'elle a fait et à côté, le dessin d'Elliot. Je l'arrache du mur, il n'y mérite pas sa place. Ça me donne la nausée, alors je regarde mes clichés pour oublier.

L'un d'entre eux raconte la fois où nos pères nous apprenaient à faire du vélo. Mary avait un énorme pansement sur le menton, mais elle était trop heureuse d'avoir retiré ses petites roues pour s'en plaindre. Celle d'à côté est plus récente. On avait économisé pendant des mois, pris soin des fleurs de Mme Bauer, apporté les repas à M. Nielsen. On avait tout prévu. Nos parents nous pensaient au camping, quand en réalité, on prenait un bus pour l'autre bout de l'État. Tout ça pour arriver à ce moment précis où on se tenait ensemble à quelques mètres de la scène où Jon Bon Jovi apparaîtra plus tard dans la soirée.

C'était la chose la plus exaltante qu'on ait faite de notre misérable existence. Si tout s'était passé comme prévu, dans quelques mois, on aurait remis ça et j'aurais à mon tour pu voir mon idole sur scène. La musique, c'était notre refuge, et sans elle ce projet a beaucoup moins de saveur. Aux yeux de mes proches, ce n'est que du bruit, et le bruit, c'est pour les dégénérés. Je pensais que tu me comprenais.

Le plus violent dans son décès, ça a été de me réveiller le lendemain et de réaliser qu'elle ne verra pas le soleil se lever. Ça m'a semblé insensé. J'ai besoin de comprendre son cheminement, alors je m'approche de la fenêtre, dangereusement. Au déclin du jour, le ciel se marbre de couleur, mais je suis trop occupée à fixer le chemin de gravier en bas. Mon père fait des allers-retours entre le jardin et le garage, un râteau entre les mains. Il veut se dépêcher de terminer avant qu'il ne fasse nuit.

L'espace de quelques secondes, je me dis que ce serait plus simple de m'éclater la tête contre le sol pour oublier, et puis je me rappelle que je serais foutue de me rater. Personne n'a envie de se fracasser la colonne vertébrale. J'imagine le choc. Mon corps qui git à terre, écrasé par une douleur qui me coupe le souffle et me fait dire que j'ai les os broyés.

Je secoue la tête pour chasser cette idée morbide. Au-dessus de mon lit, le visage de David Lee Roth murmure : « Might as well jump ! » Peut-être pas aujourd'hui, répondis-je à mon ami imaginaire. Pour une raison que j'ignore, c'est l'un des rares posters que ma mère ne m'a pas fait décrocher. Elle doit secrètement aimer l'accueil qu'il lui réserve quand elle vient déposer du linge dans ma chambre. La voix de cette dernière me tire de mes sombres pensées.

— Tina, viens manger !

— J'arrive, lancé-je d'une voix que j'espère naturelle.

Je soupire en me regardant dans le miroir. Mes yeux sont rougis, pourtant je n'ai pas pleuré. Je prends une profonde inspiration, lisse mes cheveux d'un geste machinal et quitte ma chambre. En bas, l'odeur des spaghettis embaume la cuisine. Maman dépose le plat fumant au centre de la table déjà dressée. Papa est déjà attablé et feuillette distraitement le journal du soir tandis que Suzy, ma petite soeur, s'impatiente dans sa chaise haute.

— Alors cette journée ?, demande mon père en retirant ses lunettes.

Je hausse les épaules, éludant sa question.

— Comme d'hab...

Un silence pesant s'installe tandis que nous entamons le repas. Les bouchées descendent difficilement le long de ma gorge nouée par le chagrin. Mes pensées divaguent, rejoignant Mary là où elle se trouve désormais. Soudain, la voix de Maman rompt le lourd silence.

— Au fait, j'ai croisé madame Coleman cet après-midi...

Je sais déjà ce qui va suivre. Une nouvelle banalité de la petite ville, un nouveau ragot à se remâcher encore et encore, pour tenter d'ignorer les véritables drames de nos vies. Je n'écoute pas. Je retourne à mon monde intérieur. Pourtant, une petite voix tente de me pousser vers l'extérieur. « Ne reste pas seule... ». Ai-je raison de vouloir l'écouter ?

Je reporte mon attention sur mes parents qui papillonnent d'un sujet à l'autre. Inspirant un grand coup, je me lance :

— Hum... du coup, c'est vendredi soir... est ce que je pourrais sortir ?

Le silence se fait seulement troublé par le cliquetis des couverts qu'ils reposent. Leurs regards se croisent. Il y a dix minutes, je ne voulais même pas l'envisager cette fête et maintenant, j'ai peur qu'on me dise non.

— Une soirée ? Avec qui ? demande finalement Papa, la voix ferme.

— Juste... des amis du lycée. Le frère de Stacy organise une fête chez eux.

Ma mère se lève pour débarrasser la table mais son regard s'adoucit à la mention de Jason. Elle est prête à dire oui mais ce n'est pas elle qui décide.

— Une fête ?! Est-ce qu'il y aura de l'alcool ? De la drogue ?

Ma mère se détourne de l'évier où la vaisselle trempe.

— Voyons Henry !, raisonne-t-elle, Jason est un garçon raisonnable ! Je doute qu'il laisserait notre fille se saouler !

— C'est juste une petite soirée avec l'équipe de basket et les filles des pom-pom girls.

Je lui mens. Je le sais et lui aussi. Mon père me dévisage comme si ses yeux pouvaient scanner l'intérieur de mon crâne. Ce n'est pas mon honnêteté qu'il cherche à jauger, mais ma responsabilité. Il veut savoir si, lorsqu'ils s'offriront à moi, je serais capable de faire les bons choix ; ne rien faire qui entacherait leur nom, car ça ferait désordre à la réunion paroissiale. Il n'est pas même pas croyant. S'il s'y rend, c'est par convention plus que par conviction. Ses joues se gonflent, puis il souffle et met fin à ce suspens ridicule.

— Non.

C'est nouveau ça. Celle-là, je ne l'ai pas vu venir.

Quoi ?!

— Non, tu n'iras pas à cette fête, précise-t-il avant de se cacher une nouvelle fois derrière son journal.

Mais pourquoi ? Vous me faites confiance, non ?

— Ce n'est pas une question de confiance, Tina, rétorque Papa en secouant la tête. On sait comment sont ces fêtes d'ados de nos jours..."

Un lourd silence retombe. Je serre les dents. Leur protectionnisme commence à m'agacer. Dois-je vraiment leur rappeler la tragédie récente ? Je me tourne vers ma mère, la suppliant du regard pour qu'elle me vienne en aide. Dis quelque chose !

— S'il te plaît... J'ai besoin de voir mes amis, de me changer les idées... murmuré-je, les implorant presque.

Ma mère s'approche de mon père, les mains encore humides.

— Sa demande me semble raisonnable. Elle a dix-huit ans, elle peut bien s'amuser un peu de temps en temps.

— Et comment comptes-tu rentrer ?

— Eh bah, Rachel n'habite pas très loin… je pourrais passer la nuit chez elle pour ne pas avoir à me balader seule tard la nuit.

Il lâche un profond soupir avant d'opiner d'un bref mouvement de tête.

— Très bien...Mais tu rentres demain avant midi !

Un pâle sourire se forme sur mes lèvres tandis que le soulagement m'envahit. Je me lève et dépose un baiser sur sa joue défaite. Son visage strict s'adoucit légèrement et lisse la ride de sévérité qui d'ordinaire se creuse entre ses sourcils. Avant de monter dans ma chambre, ma mère me lance un regard complice et je l'embrasse de loin.

Sous la lueur tamisée de ma coiffeuse, mon reflet me dévisage. J'attrape un pinceau et dépose le fond de teint sur ma peau. Doux et aérien, il glisse comme un voile trompeur pour masquer les nuits d'insomnie qui noircissent mes yeux. Un fard après l'autre, je me teinte d'illusion. D'un geste décidé, j'enfile une petite robe noire.

Le noir, c'est pour le deuil, mais ce soir, ce n'est pas mon amie que j'enterre.

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