À coeur ouvert
Le tribunal est à huit clos, l’heure de vérité à sonner. Aujourd’hui, plusieurs personnes à voir pour donner mon point de vue. Dont Roberto et Sergio. Concernant le premier, j’ai l’impression de l’assassiner. Il rôde au loin avec nos amis sans oser me parler. Pourtant, il n’attends qu’une chose certaine, avouer que je ne l’aime plus.
Je prie pour qu’il ne me suit pas, qu’il ne sait pas que je suis dans une lutte incessante face au monstre. Il m’a déjà menacé de mort si je portais plainte pour ces premiers coups. Il ne cesse de me démontrer que j’ai une nouvelle vie.
Pourtant, je reste. Au-delà de la peur, je veux réussir à parler à mon oncle, décortiquer Sergio et l’emmener à la faute.
— Mademoiselle Ramos, pouvez-vous réexpliquer en quoi vous estimez que le docteur Arena vous a mise en danger ?
Je reviens brutalement ici, à la barre. Le juge attend que je me répète, ce qui m’épuise sauf que je ne lui montre pas. Calme mais ferme, je lui fais face et j’ai le sentiment de me retrouver :
— Oui, Monsieur le juge. Après ma greffe, j’ai reçu un traitement expérimental. Mais jamais on ne m’a parlé des effets secondaires à long terme. J’ai développé des troubles... confusion mentale, cauchemars, pertes de mémoire, et ce sentiment constant de ne pas être écoutée.
— Nous avons joint au dossier les rapports psychiatriques établis par les experts judiciaires. Ils attestent que les substances prescrites ont eu un effet neurologique aggravant. Il ne s’agit pas ici de contester l’opération en soi, mais l’absence de suivi adapté, malgré les alertes répétées de ma cliente. Nous demandons que le docteur Arena soit contraint d’adapter immédiatement le traitement.
Mon avocate Maître Vadarès m’impressionnera toujours avec son chignon et sa prestance. Elle se lève tout en gardant quelques notes à porter de mains.
Mes parents l’ont contacté suite à sa très redoutable réputations dans des affaires sensibles surtout concernant le domaine médical.
Ils avaient peur qu’elle ne soit pas disposé à me défendre et pourtant, sans me juger, elle a pris très sérieux mes peurs et s’est promis d’en savoir plus une fois ce premier procès examiner. En effet, mes lettres lui rappel d’autres affaires de scandales scientifiques dans le monde.
— Docteur, vous avez eu connaissance de l’instabilité psychique de votre patiente. Pourquoi l’avoir orientée en premier lieu vers un suivi psychiatrique plutôt que médical ?
Elle s’adresse directement au cardiologue qui soutient ma peine.
— Avec le recul… j’ai cru bien faire. Je pensais que les symptômes venaient d’un traumatisme post-opératoire ou d’un passé et non pas d’un effet médicamenteux direct surtout à long terme. Je reconnais ne pas avoir su écouter suffisamment. Je présente mes excuses à Mademoiselle Ramos. Je restes donc dans mes compétences
— Merci Monsieur. Je ne cherche pas à vous punir. Juste à vivre normalement avec un nouveau traitement.
Le juge prend son temps en écoutant ses collaborateurs et annonce enfin :
— Le tribunal prend acte des éléments psychiatriques. Il est ordonné au docteur Arena d’établir sous dix jours un nouveau protocole de soins, sous contrôle du centre médical indépendant cité par la défense. L’audience est levée.
Enfin, l’air frais qui revigore mes poumons avec joie. C’est presque le printemps et j’hume avec plaisir assise sur la fontaine, les yeux fermés, les odeurs de la première victoire jusqu’à sentir le parfum de Roberto que j’hume parfois en nostalgie voir que je vaporise quelques gouttes sur mes vêtements. Sergio déteste d’ailleurs…
— T’as été… impressionnante, là-dedans. Sérieuse. Sincère. Et, c’est la première que je te vois enfin sourire.
J’ouvre mes paupières pour le voir gêné, sourire timidement, les mains dans ses poches. Il réanime le tourbillon et j’arrive à stopper le train pour lui dire comme un aveu :
— C’est peut-être la première fois depuis longtemps que je me sens…vivante. C’est bizarre à exprimer.
— Tu as peur sans doute de me trouver embarrassant, croire que je m’éloigne de tes états. Je ne te demandes pas de tout me dire maintenant. Tu as besoin, peut-être de vivre loin de moi, loin de nous, pour, j’imagine pas nous ennuyer. Prend ton temps ma belle, prend tout le temps pour t’adapter à cet autre changement. Moi, je ne cesse de toujours t’aimer, je serais là pour t’écouter et t’épauler. Si besoin, je changerais.
…..
Je lui mens ouvertement, sauf qu’ai-je vraiment le choix ? Je pourrais lui annoncer cash les révélations de sa sœur. Lui dire que je lui en veux de sortir avec un autre, que je pourrais me battre pour elle.
Hors, pour une fois, j’écoute Adela. Si elle ne connaissait pas ce monstre qui abuse de Marta, j’aurais pris les devants. Marta est sans doute en train de réaliser qu’elle est piégée, elle est pourtant majeur et seule elle, pourrait porter plainte.
C’est la police qui a précise à Adela que traquer et montrer des preuves en photo ne sera jamais pris en compte pour sortir quelqu’un, voir ça constitue un possible délit de traque.
Alors, je reste fidèle à mon poste…J’ai l’ultime conviction qu’elle reviendra vers moi, en morceaux certes, mais dans mes bras. J’ai mal de cette distance, notre groupe se distant, les prochains morceaux n’ont plus vraiment la même puissance qu’au début.
— Merci et…pardonne moi mon isolement. C’est sans doute un mal nécessaire.
— Et même si je le prendrais vraiment mal que tu ne m’aimes plus, j’aimerais que tu me le dises. On restera amis dans ce cas-là.
— Roberto….
— N’oublie pas, je t’aimerais toujours, ma porte est toujours ouverte. Tu me manques ma belle, tu me manques terriblement. Je dis non pas aurevoir mais, à bientôt j’espère et pas trop tard.
Je l’embrasse délicatement, un baiser qui m’avait manqué. Elle retient ses larmes comme moi et en partant, ses parents se demande la raison. Ils se savent rien, ce n’est pas le moment. J’en ai fait la promesse à Adela.
— On fait une pause dans notre couple. C’est sa décision et je la respecte.
Son père me sert l’épaule droite avec bienveillance. Sa femme et Adela discutent avec Marta qui ne dis pas grand-chose. Au loin, Sergio qui vite repéré, s’éloigne.
— Un procès bien mérité.
— Tu es là que dans ce rare occasion mon frère. On a pas eu le temps de discuter depuis ton arrivée.
La petite réunion famille et la pièce rapportée, je décide de saluer tout le monde, Marta ne me regarde pas mais que son téléphone. Un message probablement de Sergio puisque qu’elle dirige son regard dans la ruelle où il a disparu.
…..
— J’ai un nouveau travail et je comptais fêté ma réussite en famille.
— Tu bosses dans quel domaine désormais pour être si débordé en six mois ? demande mon père.
— Cette fois, c’est plus qu’un projet. J’ai été nommé responsable scientifique d’un programme européen sur la bio-ingénierie cardiaque. Des prototypes de cœurs artificiels, nouvelle génération. On parle de changer la donne pour des milliers de patients.
— Mais… C’est fou, ça. C’est pas un peu ce que Marta, pense avoir hein ma chérie ?
Je reviens à eux et au sourire fier de mon père qui me prend par les épaules.
— Papa, j’ai un cœur normal point. J’ai juste eu des psychoses qui pensaient que j’avais un super organe. C’est faux, preuves médicaux à l’appui.
— Hasard troublant, hein ? Mais non, rien à voir avec ce qu’elle a reçu, en effet. Là, on est dans l’expérimental pur, je te rassure.
— Tu vas travailler avec quels partenaires ?
Ma sœur aborde son air septique et je le sais bien que furtivement, elle décortique mes émotions. Elle cherche des réponses, des liens entre Sergio, le carnet et Nicolas. Moi, pour le moment, j’ai mis en pause, pour trouver les meilleurs arguments face à Sergio, demander une distance. Il arrive toujours à me faire taire…depuis ma seule invitation qui date un peu.
— Des contacts en Suisse, quelques labos à Barcelone. Tu sais, je ne peux pas tout dévoiler, confidentialité oblige. Mais bon…C’est ce qu’on appelle une belle consécration, non ? Il faut bien fêter ça.
Il nous paye un restaurant étoilé puis une fois déposé par nos parents, à l’école, comme à mon habitude, je sors par la porte de secours. D’ailleurs, je dors assez rarement sur place, plus chez Sergio. Tant que je suis à l’heure pour mes cours et que je me ressaisie bien, tout va bien.
Il vient me prendre imperturbable et sans un mot, on roule jusqu’à son appartement luxueux situé au dernier étage de son premier club libertin. Il en possède deux autres avec du poker et une boite de nuit assez limite. En cinq mois, j’ai déjà testé la danse ivre, les jeux de cartes et me soumettre aux hommes si nécessaire.
— Entre, debout en face du canapé, pas un mot !
— Sergio, pas de ça, il faut vraiment que je te parles…
Sa gifle est en accord avec son silence glacial. J’ai encore du mal avec ses humeurs. C’est moi qui lui ai donné rendez-vous ce soir, pas lui. Est-ce parce que mon oncle m’a posé un imprévu ?
Il pose sa veste de cuir, referme à clé l’appartement et j’attends qu’il me juge. Décidemment, rien ne se passe comme prévu. Mon sac de voyage nous sépare et il ouvre pour inspecter chaque affaire.
— C’est vrai que depuis qu’on se connait, je n’ai jamais fouillé tes affaires. En tout cas, tu viens avec ce que je t’offre, tu te mets en valeur pour notre amour, prouve que tu es libre, plus enchainé et pourtant, prenons ce soutif à dentelles rouges. Sens ! Il pue hein ?
Il me le fait renifler proche de mon nez. Je commence à pleurer, il tire mon oreille gauche pour continuer ses reproches :
— Répond !
— Oui, il sent…
— Il sent qui ?!
— Roberto…mais c’est lui qui voulait me parler, il m’a dit qu’on faisait une pause….
— Tu oses dormir là-bas alors que tu as tout ici ! Jusqu’à maintenant, je t’autorisais à enfiler ton ancienne peau de bonne élève hors désormais, c’est terminé ! Tu iras échoué si tu le désires ! Aujourd’hui, tu as gagné une bataille, ne plus être suivi par cette psy, avoir un nouveau traitement. Mais les combats continues.
Il me relâche pour le jeter à terre. Je soutiens son regard :
— Je n’irais plus à l’école, si tu le veux…promis, je ne parfumerais que par ton parfum….
— À genoux, à mes pieds, nue. Aller, si tu m’aimes, si tu adores cette liberté, si tu as confiance en moi, obéit.
Il m’a giflé quelques fois par mes refus de coucher mais là, c’est d’un autre niveau. Où-ce que je me suis échouée encore ? Mes vêtements à terre, à ses pieds, il me demande de fermer mes yeux, mes mains devant.
Il place un bandeau et je sens un fouet sur mon dos. Je frissonne autant que ses mots diabolique :
— Tu as déjà passé la première barrière de ta capacité à contrôler ta vie, tes vrais désirs féminins. Il en reste à faire du chemin mais ce soir, c’est un pacte, un avertissement. Je sais que tu voulais demander sans doute de réduire tes rendez-vous hors tu as besoin de ça, de moi pour être bien. Admet le que depuis notre rencontre, tu n’es plus délirante, plus folle. Le sexe aide autant que moi qui accueille tes peines, tes douleurs sans jamais te juger. Si tu oses lutter, fuir, tu seras punie. Suis-je clair ?
— Oui Sergio, pardonne moi mais pitié, pas ça. J’ai compris.
— Non, tu ne comprends que par la douleur, souvient de tes expériences passés. Elle te permettent de rester en vie. Par contre, par pitié, n’hurles pas, sinon j’irais plus fort ma chérie.
Je tremble en attendant les coups. Il prend son temps caressant mon dos avant d’enfin fouetter cinq fois assez violemment. Je me retiens de ne pas crier. Une fois la punition effectuée, il me rassure en m’embrassant par sa langue, me massant le dos pour apaiser puis il me demande d’attendre sur le tapis. Il ramène du vin ainsi que des apéritifs pour sceller l’union.
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