« Courrier ! » annonça le Begleiter en entrant.

Il posa une pile de lettres sur le bureau et se rapprocha une chaise. Son cadet se saisit de la première, lut le nom de l’expéditeur et la posa à l’autre angle de la table.

« Besoin d’aide pour trier ? proposa le plus âgé.

- Ce n’est pas de refus. » accepta l’autre.

Les deux militaires, assis de part et d’autre du bureau, commencèrent à classer les enveloppes. Le premier tas contenait celles provenant des hauts gradés, le second comportait les moins urgentes. L’adjudant saisit une missive paraissant différente des autres. La qualité du papier était excellente, et l’écriture qui la parcourait devait appartenir à une femme. Curieux, il lut le nom inscrit au revers. Le voyant sourire, Yukikaze demanda :

« De qui est-ce ?

- Lieva.

- Étonnant. Pourquoi vous écrit-elle ?

- Nous n’allons pas tarder à le savoir. »

Le jeune homme ouvrit l’enveloppe et en sortit la lettre. Il commença à lire, curieux.

Mademoiselle Lieva Adalweiss

Premier District

Quartier Nord

Neuvième division

501ème rue

Manoir Oak-Trirhodes

À l’adjudant Ayanami

Premier District

Fort d’Hofburg

Division Militaire

Aile des officiers

Objet : Invitation et demande de faveur

Cher Ayanami,

J’espère que cette salutation ne vous dérange pas, mais je dois vous avouer que je ne savais pas comment commencer ma lettre, surtout après un tel objet. Je vais m’expliquer. Tout d’abord, j’ai l’honneur de vous faire part de mes prochaines fiançailles ! Elles auront lieu dans le quatrième district, car c’est là que réside mon futur fiancé. Il s’agit de Ren Midori, Marquis de Saekawa. Je le rencontrerai à mon arrivée là-bas, et j’ai hâte ! Il a le même âge que moi, et si le tableau qu’il m’a envoyé ne ment pas il est fort joli garçon. Nous avons eu un bref échange de lettres – une chacun – afin de nous transmettre nos portraits. Il m’a paru très élégant, et attentionné. Enfin, je me perds en détails, et je m’éloigne de mon sujet…

J’aimerais vous inviter à assister à la cérémonie. Vous vous en doutez, si je parle de faveur dans mon objet, c’est que cette proposition cache autre chose. Autant vous le dire directement. Mon père a insisté pour que je me fasse escorter, sans donner de motif précis. Mais je m’y suis opposée, trouvant cela excessif. Finalement, nous sommes parvenus à un consensus : un seul garde du corps pour m’accompagner. Et j’ai pensé à vous. Me pardonnerez-vous ? Je me doute bien que vous ne le prenez pas très bien, cependant croyez-moi lorsque je vous assure que je souhaite votre présence car je vous apprécie. Je ne désire en aucun cas vous causer du déplaisir. Si vous refusez, je le comprendrai tout à fait, je suis consciente que vous avez d’autres projets. Cependant, je serais ravie si vous acceptiez, car je voulais vous inviter surtout en tant qu’ami.

Je vous prierais de me faire part de votre décision avant le mois prochain.

Dans l’espoir d’une réponse favorable,

Lieva W.

Ayanami demeura songeur quelques instants après avoir fini de lire.

« Alors, s’enquit Yukikaze, que veut-elle ?

- Tiens, lis. »

Il lui passa la lettre. Le Begleiter la parcourut rapidement.

« Elle signe avec l’initiale de sa mère. » observa-t-il.

Il leva le regard vers son protégé et ajouta :

« Alors, le prince servira-t-il la marquise ? »

Avec un sourire, le jeune homme acquiesça.