Chapitre 4 : Une si belle pierre

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Le week-end suivant j’étais resté cloîtrée chez moi comme un ermite. La fièvre étant passée et je m’étais occupée des tâches qui m’étaient dues le vendredi : ménage, devoirs…Puis j’avais passé le reste du temps devant la télé, en compagnie de Cathy.

- Depuis quand travailles-tu ici ? lui demandais-je.

- Tu avais cinq ans.

- Je ne me souviens pas que maman travaillait à cette époque, avouais-je peinée.

Cathy pivota légèrement sur le côté pour me faire face. Elle s’était maquillée de son regard le plus tendre possible.

- Elle te manque beaucoup en ce moment, je le vois bien.

Je lui souriais à mon tour, d’un sourire maladroit. Il était vrai que je pensais particulièrement à elle ces derniers temps, sans que je ne sache quelle en était la cause.

- Elle ne travaillait pas.

Je fronçais des sourcils.

- Mais si elle était mère au foyer, pourquoi embaucher une fille au père ?

- Je cherchais du travail à l’époque et un jour j’ai croisé un jeune homme dans le parc. Je ne sais plus pourquoi mais nous avons commencé à discuter et de fil en aiguille je lui ai dit que j’étais à la recherche d’un poste comme jeune fille au père. Il m’a conseillé de venir ici. Apparemment une certaine Naïwenn aurait justement eu besoin de mes services. Mais bien sûr, il n’y avait pas de Naïwenn. Seulement monsieur et madame Lucas. C’est ta mère qui m’a ouvert. Elle avait l’air particulièrement intrigué par cette histoire si bien qu’elle a insisté pour m’embaucher et je ne suis plus jamais repartie.

Perplexe, je me levais, les jambes engourdies. Ma mère avait toujours pris des décisions sans queue ni tête. Il n’y avait probablement rien de plus à comprendre qu’un caprice, une envie ou une intuition. Enfants, elle aimait à nous répéter sans cesse qu’il fallait toujours écouter notre instinct car il n’était rien de plus que l’expression de notre propre savoir. A l’époque, j’étais trop jeune pour comprendre ce qu’elle voulait nous dire. Je n’étais pas sûre de le comprendre davantage maintenant que j’avais atteint l’âge adulte.

Je regardai l’horloge en soufflant. 14h. J’avais le temps de sortir un peu avant la tombée du jour. Je saisis mon bouquin et mon blouson et sortis de la maison en quatrième vitesse.

Le dimanche, la ligne de tramway était quasiment déserte et j’avais commencé à lire dans la ram. Quand j’arrivai à la station je ne décrochai pas du bouquin. Je me levai, jetant de temps en temps des petits coups d’œil par-dessus le livre pour être sûr de ne bousculer personne, et au bout d’un petit paragraphe, j’étais arrivée au cimetière.

J’aimais venir m’y promener car il y régnait une atmosphère solennelle. Et le silence.

J’aimais particulièrement le petit cimetière à côté de l’université car il était étroit, on s’y sentait chez soi. Pourtant il avait été abandonné. Les tombes n’étaient plus entretenues depuis des années. L’herbe avait envahi les pierres tombales et les racines des arbres sortaient du sol. Cela rendait l’accès assez périlleux. Je venais ici depuis plus d’un an, deux à trois fois par semaine et je n’y avais jamais vu personne. Parfois, lorsque j’y songeais, ça me nouait le ventre pour ces pauvres disparus qu’on abandonnait. Alors je venais, et je lisais au près d’eux. Peut-être pouvaient-ils me sentir ? Je l’espérais.

Mais ce jour-là, je n’étais pas seule.

Ma lecture avait été interrompue alors que je m’apprêtais à franchir le portail. Je relevais la tête pour trouver la poignée mais bizarrement il était entrouvert. Je rangeais le livre dans la poche de mon blouson et m’approchai délicatement. Je prenais soins de marcher sur la pointe des pieds pour ne faire aucun bruit.

J’avais à peine passé le portail que je vis le visiteur. Et quel visiteur !

Joseph se tenait là, quelques mètres devant moi et il me tournait le dos. Il était habillé d’un jean noir et d’une chemise assortie. Comme à son habitude, il portait un collier de pics, que sa tête penchée en avant, laissait apparaître. Mais il ne s’était pas coiffé. Ses cheveux blancs tombaient jusqu’à ses oreilles. Ils avaient même l’air plus longs.

Par peur plus que par respect, je m’installai derrière le petit buisson qui se trouvait à ma droite. Je restais là quelques minutes à l’observer. Il était en train de se recueillir sur la plus grande tombe du cimetière. La plus belle aussi. Elle était noire avec une inscription dorée et ornée d’une statue qui représentait un ange.

Par habitude, je cherchais tout autour de moi si je voyais ses frères. Mais il ne semblait y avoir personne. Alors mon attention se fixa sur Joseph. Il resta immobile encore quelque minutes ou quelques heures peut-être. Mes jambes étaient toutes engourdies à force de ne pas bouger et j’avais l’impression d’être là depuis une éternité. Le jeune homme semblait vraiment triste et l’observer comme je le faisais n’avait rien de convenant. Je me trouvai horriblement ridicule.

Je me relevai et m’apprêtai à faire signe de ma présence par un raclement de gorge, quand un bruit craqua derrière moi. Par reflexe, je me recroquevillais pour me protéger.

Le bruit sortit Joseph de son recueillement. Son regard chercha de tous les côtés l’intrus mais visiblement il ne trouva rien du tout. Il avait le visage recouvert de bleus, ce qui le rendait terrifiant. Un énorme hématome lui redessinait la mâchoire inférieure. Il se retourna vers la pierre tombale, fit un léger signe de tête, réajusta sa chemise et se dirigea vers la sortie. Au fur et à mesure qu’il s’approchait de ma position, mon cœur accélérait, et il battait si fort qu’on pouvait l’entendre, j’en étais persuadée.

Joseph s’arrêta juste devant le buisson. J’espérais qu’il ne me surprenne pas dans cette position ridicule. Je retenais ma respiration et fermai les yeux.

« Continue ton chemin, pensais-je, continue, ne t’arrête pas. »

Mon cœur battait de plus en plus fort et le manque d’oxygène n’aidait pas franchement à le calmer. Je serrais les yeux si forts que je commençais à avoir mal. Mais j’avais tellement honte, qu’il m’était impossible de les relâcher. Soudain j’entendis les graviers grincer juste devant moi. Le bruit s’éloigna doucement. Je rouvris les yeux : Joseph avait repris sa route. Je soufflai un bon coup et décidai de rester cachée encore un peu, histoire de me calmer et d’être sûre que le garçon se soit suffisamment éloigné.

Au bout de quelques instants je me relevai. Mes jambes qui étaient endolories avaient du mal à me répondre correctement. Doucement, et jetant régulièrement des regards de parts et d’autres, je me dirigeai vers la tombe. J’avançais à pas de souris et mon cœur ne s’était toujours pas calmé. Quand j’arrivai enfin à destination, et après m’être assurée d’être seule, mon attention se porta sur la pierre. L’inscription dorée que j’avais pu observer depuis ma cachette était un prénom : Naïwenn. Il n’y avait que cela d’inscrit sur la tombe. Ni de nom, ni de date. Comment ne pouvait-on pas connaître ces informations ? Joseph, Louis et Thomas, avaient-ils, eux aussi, égarer un être cher ? Et ce prénom…ça ne pouvait pas être une coïncidence.

Je restais à mon tour figée au pied de cette tombe ; sachant pertinemment que mes questions ne trouveraient probablement jamais de réponses.

Finalement j’étais rentrée sans un mot pour Cathy, m’étais installée dans la chaleur de mes draps, le cœur lourd d’une tristesse que je ne comprenais pas et j’avais attendu patiemment que Morphée m’emmène au doux pays des rêves. Mais je n’avais pas réussi à fermer l’œil de la nuit. La scène du cimetière ne quittait pas mon esprit. Qui était cette Naïwenn ?

J’avais fait des recherches sur internet. Si une fille prénommée ainsi avait disparu, cela aurait forcément été mentionné quelque part mais je fis chou blanc. Je commençais à trouver ces trois garçons trop étranges. Ils cachaient quelque chose, j’en étais persuadée ; mon instinct me le soufflait.

Je m’étais levée avec une heure d’avance. J’avais couru dans la salle de bain, puis j’étais descendue petit-déjeuner. Cathy était, comme à son habitude, dans la cuisine, en train de préparer le festin. Je la regardais faire sauter les pancakes dans la poêle et cela me fascinait toujours autant, la mécanique du geste, la décontraction de son corps, le bonheur sur son visage. Ses cheveux acajou étaient rassemblés en un énorme chignon et ses talons claquaient à chaque pas qu’elle faisait.

- Jessy !

Elle sursauta, la surprise lui redessinant les traits, avant de jeter un bref coup d’œil vers l’horloge.

- Que fais-tu debout, de si bonne heure ?

- Je n’ai pas bien dormi, grommelai-je

- Quelque chose te pré

Le week-end suivant j’étais restée cloîtrée chez moi comme un ermite. La fièvre étant passée, je m’étais occupée des tâches qui m’incombaient le samedi : courses, tournée de linge, ménage. Puis, je m’étais plongée dans mes révisions, mais j’avais clairement du mal à rester concentrée. Des croquis de Louis et de ses frères occupaient l’espace restant sur mes copies.

Les classeurs éparpillés sur la table, je me débattais avec mes cours sur les champignons, sous le regard encourageant de Cathy. Elle soufflait sur son thé brûlant, en astiquant un vieux cadre. C’était l’un des rares sur laquelle ma mère était absente. Après son départ, mon père avait fouillé dans les vieilles boîtes et il avait affiché son visage partout comme s’il craignait de l’oublier.

- Depuis quand travailles-tu ici ? lui demandais-je, en m’élançant dans la représentation abstraite d’une fleur.

- Tu avais cinq ans.

- Je ne me souviens pas que maman travaillait à cette époque.

En réalité, je ne me souvenais pas grand-chose à son sujet. Parfois, quand Cathy m’en parlait, j’avais l’impression d’avoir à faire à une étrangère. Elle la dépeignait comme une mère dévouée et une épouse aimante mais je n’arrivais pas à me l’imaginer autrement qu’entourée d’individus en blanc obnubilés par se beauté, adorée et adulée. Dans mes songes, elle se pavanait dans des tenues plus pittoresques les unes que les autres, à côté d’un homme sans visage. Ils arpentaient de longs couloirs lumineux qui me faisaient penser à ceux des châteaux ou s’amusaient dans des rizières. Plus surprenant encore, il n’était pas rare que je la vois discuter avec Alec, qu’elle n’avait jamais rencontré. Les dérives d’un inconscient tourmenté, rien de plus.

Cathy pivota légèrement sur le côté pour me faire face. Elle s’était maquillée de son regard le plus tendre possible et je me demandais à quoi ressemblait celui de ma mère.

- Elle te manque beaucoup en ce moment, je le vois bien.

Je tentais de lui sourire en espérant y arriver au moins à moitié. Il était vrai que je pensais particulièrement à elle ces derniers temps, sans que je ne sache quelle en était la cause.

- Elle ne travaillait pas, m’apprit-elle.

Je fronçais des sourcils. La fleur qui prenait vie sous mes doigts avait maintenant un visage qui me fit pensait à Alec. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas dessiné.

- Pourquoi embaucher une fille au pair, alors ? demandais-je en le griffonnant comme une furie.

- Un jour, elle m’a confié qu’elle avait souvent l’impression qu’on l’espionnait. Elle répétait souvent qu’elle n’était pas éternelle. Avoir une fille au pair, c’était pour elle, l’assurance qu’il y aurait toujours quelqu’un pour veiller sur vous.

Perplexe, je me levais en déchirant ma feuille pour la jeter sous les yeux ronds de Cathy. Je levais les épaules et ,tout en secouant la tête, elle reprit son chiffon avant de se remettre à astiquer le cadre.

Ma mère avait toujours eu un discours sans queue ni tête. Il n’y avait probablement rien de plus à comprendre qu’un caprice, une envie ou une intuition. Enfants, elle aimait à nous répéter sans cesse qu’il fallait toujours écouter notre instinct car il n’était rien de plus que l’expression de notre propre savoir. Mais j’aurais aimé avoir un savoir plus grand et un instinct moins farouche.

Je regardais l’horloge en soufflant. Dehors, des nuages s’amoncelaient dans le ciel mais il ne pleuvrait pas de sitôt. J’avais le temps de sortir un peu avant la tombée du jour. Je saisis mon bouquin, mon blouson et sortis de la maison en quatrième vitesse.

Le dimanche, la ligne de tramway était quasiment déserte et j’avais commencé à lire dans la ram, sans pouvoir me concentrer sur la biographie d’un vampire de La Nouvelle Orléans. Quand je croisais son prénom, Louis de Pointe du lac, pour la énième fois, je le refermais, agacée. Louis. Lui est ses frères ne pouvaient-ils pas me fiche la paix ?

Quand je me levai, jetant de temps en temps des petits coups d’œil par-dessous ma capuche pour être sûr de ne bousculer personne, je disciplinais mon esprit.

Les jours couverts, comme ce dimanche, j’aimais me balader dans le petit cimetière à côté de l’université car il était étroit, il ne pouvait pas accueillir plus de cinq personnes. Les tombes n’étaient plus entretenues depuis des années. L’herbe avait envahi les pierres tombales et les racines des arbres sortaient du sol. Cela rendait l’accès assez périlleux et relativement effrayant. Mais personne ne s’amusait à venir quand il risquait de pleuvoir, de toutes façons. Alors je venais, et je lisais au calme. Mais peut-être que des histoires de vampires dans un cimetière, ce n’était pas le choix le plus adapté.

Ma réflexion avait été interrompue alors que je m’apprêtais à franchir le portail. Je relevais la tête pour trouver la poignée mais il était entrouvert. Je m’approchai délicatement, intriguée par ce visiteur incongru. Je prenais soins de marcher sur la pointe des pieds pour ne faire aucun bruit, pour ne pas troubler un moment de recueillement.

Je reconnus Joseph au premier coup d’œil. Il se tenait là, quelques mètres devant moi et il me tournait le dos. Il était habillé d’un jean noir et d’une chemise assortie. Comme à son habitude, il portait un collier de pics, que sa tête penchée en avant, laissait apparaître. Mais il ne s’était pas coiffé. Ses cheveux blancs tombaient jusqu’à ses oreilles.

Je m’installai derrière le petit buisson qui se trouvait à ma droite, au pied de la tombe d’un enfant, mort deux mois seulement après sa naissance des dizaines d’années avant la mienne. Je restais là quelques minutes à observer Joseph, en profitant de l’occasion pour cueillir des petites fleurs blanches et les déposer sur la tombe minuscule. Joseph, lui, était en train de se recueillir sur la plus grande du cimetière, dans le coin opposé. La plus belle aussi. Elle était noire avec une inscription dorée et ornée d’une statue qui représentait un ange.

Par habitude, je cherchais tout autour de moi si je voyais les autres. Mais il ne semblait y avoir personne. Alors mon attention se fixa sur lui. Il resta immobile encore quelques minutes ou quelques heures peut-être. Mes jambes étaient engourdies à force de ne pas bouger et j’avais l’impression d’être là depuis une éternité. Le jeune homme semblait vraiment triste et l’observer comme je le faisais n’avait rien de convenant. Je me trouvais horriblement ridicule.

Je me relevai et m’apprêtai à nettoyer une autre tombe d’enfant, quand un bruit craqua derrière moi. Par reflexe, je me recroquevillais pour me protéger, dissimulant ma tête entre mes bras. Le bruit sortit Joseph de son recueillement. Il avait le visage recouvert de bleus, ce qui le rendait terrifiant. Un énorme hématome lui redessinait la mâchoire inférieure. Il se retourna vers la pierre tombale, fit un léger signe de tête, réajusta sa chemise et se dirigea vers la sortie. Au fur et à mesure qu’il s’approchait de ma position, mon cœur accélérait, et il battait si fort qu’on pouvait l’entendre, j’en étais persuadée.

Joseph s’arrêta juste devant le buisson. Il m’étudia un moment, d’un air indéchiffrable.

« Je t’en prie, Jessy, ne me cherche pas »

Sa voix résonnait dans ma tête, pourtant, il n’avait pas bougé les lèvres. Mon cœur s’emballa dans un cha-cha-cha et j’eus rapidement le tournis. Je fermais les yeux pour tâcher de le calmer et entendis les graviers grincer juste devant moi. Le bruit s’éloigna doucement. Je rouvris les yeux : Joseph avait disparu. Je soufflai un bon coup et décidai de rester assise encore un peu, histoire de me calmer.

Doucement, et jetant régulièrement des regards de parts et d’autres, je me dirigeai vers la tombe. L’inscription dorée que j’avais pu observer depuis ma cachette était un prénom : Naïwenn. Il n’y avait que cela d’inscrit sur la tombe. Ni de nom, ni de date. Comment ne pouvait-on pas connaître ces informations ? Joseph, Louis et Thomas, avaient-ils, eux aussi, égaré un être cher ?

Je restais à mon tour figée au pied de cette tombe ; sachant pertinemment que mes questions ne trouveraient probablement jamais de réponses. Finalement je rentrais sans un mot pour Cathy, m’installais dans la chaleur de mes draps, le cœur lourd d’une tristesse que je ne comprenais pas et j’attendis patiemment que Morphée m’emmène au doux pays des rêves. Mais je n’arrivais pas à fermer l’œil de la nuit.

Je me levais, attrapai mon portable et entrai « Naïwenn » dans la barre de recherche. Puis « Naïwenn Maillot ». A cours d’idée, j’avais même fait des recherches sur Louis, Thomas et Joseph. Mais je fis chou blanc et regagnai mon lit en maugréant. Je commençais à trouver ces trois garçons trop étranges. Ils cachaient quelque chose, j’en étais persuadée ; mon instinct me le soufflait.

Je me levais avec une heure d’avance. Je courais dans la salle de bain, tentais de noyer mes idées sous l’eau de ma douche puis je descendis petit-déjeuner. Cathy était, comme à son habitude, dans la cuisine, en train de préparer le festin. Je la regardais faire sauter les pancakes dans la poêle et cela me fascinait toujours autant, la mécanique du geste, la décontraction de son corps, le bonheur sur son visage. Ses cheveux acajou étaient rassemblés en un énorme chignon et ses talons claquaient à chaque pas qu’elle faisait.

- Jessy !

Elle sursauta, la surprise lui redessinant les traits, avant de jeter un bref coup d’œil vers l’horloge.

- Que fais-tu debout, de si bonne heure ?

- Je n’ai pas bien dormi, grommelai-je

- Quelque chose te préoccupe ?

Elle avait arrêté tout ce qu’elle faisait et son visage, d’ordinaire si doux, s’était endurci. J’aimais cette manière qu’elle avait de s’inquiéter pour moi, comme une mère l’aurait fait.

J’envisageai de lui parler de Joseph, de la façon dont il m’avait regardé dans l’amphithéâtre et de la sensation étrange que cela m’avait laissé, comme un poids sur ma poitrine, de sa voix dans ma tête, de Louis et de sa facilité à lire dans mes pensées, de cette tombe…Alors, il m’apparut que je faisais probablement une montagne d’un rien et préférais me taire. J’avais toujours eu une imagination débordante – qui se montrait bien utile par les longs jours de solitude – et je savais parfaitement ce qu’elle allait me répondre.

- Ce sont les examens, n’est-ce pas ? tenta-t-elle. Ne t’en fais pas, tu y arriveras. Tu y arrives toujours, me sourit-elle.

Je ne répondis pas et Cathy ne me posa aucune autre question ce jour-là. J’avais donc mangé en silence, cherchant à me convaincre que ce n’était rien.

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