Chapitre 7 - l'impossible est impossible
Malken réfléchissait. Lune pouvait briller. S’il arrivait à le faire luire régulièrement, il pourrait alors le ponctionner sans crainte pour sa santé. En arrivant à la chambre, il positionna le fauteuil roulant tout près de lit et le contourna pour faire face au soumis.
- Syna ?
- Oui Maître.
Le soumis répondait mais il ne semblait pas vraiment là.
- Tu vas m’écouter très attentivement. Hier, tu as dit que c’était moi qui décidais, n’est-ce pas ?
- Oui, Maître. répondit-il, un peu plus confiant.
- Alors tu vas m’obéir. Aujourd’hui, je vais m’occuper de toi. Je veux voir comment ton corps réagit. Je sais que tu as mal. Est-ce que tu penses pouvoir jouer avec moi malgré tout ?
- Oui, Maître.
Syna leva un peu plus le menton. Obéir, il savait faire. Il n’arrivait peut-être pas à briller, mais il réussirait au moins à satisfaire son maître.
- Lune, hier je me suis occupé de toi. Aujourd’hui, je vais juste t’utiliser. Tu seras un outil entre mes mains. Est-ce que tu seras obéissant ?
- Oui, Maître.
- Même si je te demande des choses désagréables ?
- … Maître ? murmura-t-il angoissé.
- La réponse est « oui ». Est-ce que tu m’obéiras si je te demande de faire des choses désagréables ?
Lune l’observa, totalement perdu. Désagréable pour lui ou pour Syna ? Malken pouvait lui en demander beaucoup mais il ne se sentait pas prêt à blesser son âme-sœur. Voyant qu’il ne répondait pas, Syna chuchota :
- Oui… Lune… oui, Maître.
Lune ferma les yeux et acquiesça. Il était terrorisé, mais Malken ne fit aucun geste pour le rassurer. Après avoir entendu la suggestion de tuer purement et simplement Syna, il faudrait plus que quelques mots doux estimait le Maître. Non, il ferait mieux. Il allait leur montrer.
- Oui, Maître. chuchota Lune.
Une larme s’écoula du coin de son œil et roula sur sa joue. Une larme de défaite et d’horreur.
- Dis-moi Lune… est-ce que tu as aimé notre séance d’hier ?
- Ou-oui.
- Je t’avais pourtant dit que j’allais faire des choses que tu n’aimerais pas. Et je les ai faites, n’est-ce pas ?
- Oui, Maître.
- Alors fais-moi un peu confiance. Déshabille-toi, mon beau. Je te veux nu pour le reste de la journée.
Se tournant à nouveau vers Syna, il lui caressa tendrement la joue. Une partie de lui aurait préféré que Syna résiste, mais il ne le ferait pas.
- Tu es aussi doux que Lune…
Lentement, il le souleva pour le déposer sur le lit en prenant garde de le soutenir correctement, sans appuyer sur la zone sensible de son dos. Il arrangea les coussins pour qu’il soit installé aussi confortablement que possible et lui écarta gentiment les jambes tout en les caressant. Elles étaient trop fines, mais ça n’empêchait pas de les caresser tendrement. La peau dépourvue de pilosité était vraiment soyeuse sous ses doigts.
Syna ne fit rien pour se cacher, restant alangui dans la position qu’on lui avait fait prendre. Au bout du lit, Lune se tenait debout, tout aussi nu que lui. Entre eux, Malken était habillé. C’était un signe de pouvoir. Ils le savaient bien. Beaucoup de Dominants aimaient l’utiliser.
- Tu vois Syna, j’ai découvert une chose hier… ton âme-sœur a beaucoup de mal à se retenir de jouir. Je me demande si c’est ton cas également.
Syna jeta un coup d’œil à son compagnon, un peu surpris. Leur Maître l’avait-il vraiment fait briller en lui interdisant de jouir ? Il ne connaissait pas ce type de pratiques. Les rares fois où Lune avait brillé, c’était dans la souffrance.
La main puissante du Dominant le cajola doucement, traçant de nouvelles lignes sur son corps sans réellement suivre les cicatrices qui le parcouraient mais sans les ignorer non plus. Par moment, le contact était franc et agréable. A d’autres instants, il se faisait aussi léger qu’un souffle et aussi doux qu’une plume. Syna frissonnait. Il observa entre ses propres jambes mortes son érection qui gonflait. C’était tout de même étrange qu’il y parvienne après une telle annonce. Il était bon à jeter. Bon à tuer. Mais ce Dominant le flattait de la plus douce des manières, comme s’il était quelque chose de précieux à ses yeux. Son érection se renforça légèrement et il sursauta lorsque Malken vient le saisir directement.
- Lune ? Viens m’aider mon beau.
Sans hésitation, il attrapa la nuque du petit soumis pour le placer exactement comme il le désirait. Le visage de Lune se retrouva dans le creux du cou de son âme-sœur et tout contre son oreille Malken souffla l’ordre le plus délicieux qui soit.
- Embrasse-le.
Les baisers doux sur sa peau fine achevèrent de faire frissonner Syna. Bientôt, deux bouches avides se déplacèrent sur sa peau, créant milles frissons et autant d’halètements. Les dents de Malken le frôlaient par moment et à d’autres, il saisissait légèrement sa peau dans une morsure tendre qui ne causait pas la moindre douleur. Les caresses qui le flattaient le long de ses flancs lui arrachèrent un petit cri. Il ne se cacha pas.
Lentement, il commença à remuer comme il pouvait mais le bas de son corps ne répondait pas. Il le sentait mais ce n’était qu’un poids mort impossible à manipuler. Il aurait tellement aimé pouvoir basculer correctement ses hanches pour se frotter à Malken ou à Lune ou à n’importe quoi. De sa main maigrichonne, il s’accrocha à son âme-sœur.
Malken observa le petit sexe tendu du soumis. Il était un peu plus épais que celui de Lune, mais pas vraiment plus long. Juste assez large pour changer la prise en main. Il avait envie de voir comment il résistait, comment il se maîtrisait, mais ce n’était pas son seul objectif. Alors le Dominant se glissa près de l’oreille de Lune et lui souffla l’ordre suivant. Lune obéit sans aucun souci. Visiblement, les faire jouer ensemble ne serait pas un problème.
Malken se recula légèrement pour observer Lune dont les baisers couraient sur la peau de son compagnon, descendant lentement jusqu’à son entrejambe gonflé qu’il embrassa avec douceur et gourmandise. Syna poussa un nouveau petit cri, choqué. Les baisers s’accumulèrent contre sa hampe, remontant jusqu’à la pointe hyper-sensible de son sexe. Cela faisait une éternité maintenant que Lune ne lui avait pas fait une fellation. Il avait presque oublié à quel point il pouvait être doué pour cet exercice. Sa langue le taquinait, le caressait, l’enrobait, … Il entrecoupait l’activité de baiser doux pendant lesquels il reprenait sa respiration. Syna avait fermé les yeux mais quand il les rouvrit, il remarqua quelque chose de vraiment étrange, quelque chose d’inédit. Leur Maître était toujours habillé. Il n’avait pas sorti son sexe pour monter impitoyablement Lune. A la place, il se contentait de caresser sa tête avec un air doux et rêveur comme si Lune était en train de faire une chose merveilleuse.
Bien-vite, il ferma de nouveau les yeux en haletant sous les caresses. Se retenir était bien difficile. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas ressenti ça. Ses testicules se contractèrent mais il souffla et réussi à se contenir. Serait-il puni s’il venait à éjaculer ? Comment serait-il puni ? C’était peut-être ça. Lune avait dû craquer et puis, le Dominant avait dû… lui mettre une fessée ? Non. C’était sans doute bien pire que ça. Ça lui avait fait assez mal pour le faire briller. Mentalement, il passa quelques pratiques extrêmes qui réussirent à occuper assez son esprit pour calmer légèrement sa chair palpitante. Ce n’était pas que la douleur ne l’excitait pas du tout. Simplement, il savait que ça ne suffisait pas. Ni à le faire jouir. Ni à le faire briller. Il avait tout tenté. Tout testé.
Lune continuait de danser le long de son sexe pendant que Syna faisait mentalement le tour des objets que l’on avait pu utiliser pour le frapper. Des mains, des mains en tout genre. Des mains fines, des mains épaisses, des mains de personnes de son espèce, des mains d’autres espèces également, certaines si grandes et si fortes qu’il avait senti le choc dans ses os. Certaines si violentes qu’elles lui avaient arrachés des larmes, mais pas la moindre lueur. Des cravaches, des fouets, des cannes, des bâtons, des objets qui pouvaient sembler anecdotiques et d’autres qui le faisaient encore trembler de peur aujourd’hui. Certains lui avaient ouvert la peau. D’autres l’avaient laissé couvert d’hématomes. Quelques-uns l’avaient brisé. En vain.
L’excitation balaya ses pensées, c’était une nouvelle vague, plus haute et plus forte, qui le conduisait au précipice. Pouvait-il supplier pour un arrêt ? Devait-il le faire ? Le Maître n’avait pas donné de consigne. Il avait juste ordonné de ne pas jouir et il attendait son obéissance. Pouvait-il communiquer avec Lune son désespoir ? Il ne voulait pas décevoir le Dominant. Syna n’eut pas le temps de trancher qu’une ferme saisit la base de son pénis. Lune arrêta de le lécher tendrement alors que Malken lui faisait un signe pour qu’il s’éloigne. Le petit soumis haletait, reprenant sa respiration avec soulagement.
- Oui… Oui, Syna. C’est bien chéri. Retiens-toi. Retiens-toi pour moi. Offre-moi ça.
- Oui, Maître.
Malken lui caressa doucement les côtes, sans le lâcher pour autant. Sous ses doigts, il pouvait sentir la pulsation caractéristique. Elle allait se calmer, il devait juste lui laisser un petit moment. Tout en le tenant toujours, il se pencha et réclama un baiser. Leurs lèvres se caressèrent et leurs langues vinrent se taquiner l’une l’autre avec une tendresse qui surprit le soumis. Tout était doux chez ce Dominant. S’il décidait finalement de le tuer, de l’achever sous les conseils du médecin, il serait néanmoins heureux d’avoir pu connaître ça.
- Lune ? On y retourne, mon cœur.
Lentement, il lâcha Syna, libérant son excitation et sourit en l’entendant gémir. Lune venait de poser un coup de langue taquin directement sur la pointe de son sexe. Les petits cris de Syna achevèrent d’exciter Malken. Il ne sortirait pas son propre sexe et, contrairement aux soumis, il ne jouirait pas. La maîtrise de soi qu’il réclamait à Syna ou à Lune, il se la réclamait également.
Tendant un doigt curieux vers la bouche de Syna, Malken ordonne :
- Suce-le. Correctement. Je veux qu’il soit trempé.
Syna l’attrapa sans la moindre hésitation, imitant les gestes de Lune sur son propre sexe. Il coulissa le long de sa peau, savoura sa texture, sa taille, glissa sa langue le long de son ongle court, testa la longueur de ses phalanges. Il fit de son mieux pour saliver correctement. Quand un Dominant demandait une telle chose, ce n’était jamais anecdotique et effectivement, lorsque Malken reprit son doigt, ce fut pour le glisser directement à l’intérieur de Lune sans la moindre préparation préalable. Il le ressortit et poussa de nouveau sur toute la longueur. Lune se cambrait et couinait sous la surprise et l’inconfort. Son corps cherchait à s’habituer mais il n’était pas prêt. Sur le sexe de son compagnon, il haleta encore plus. Il pensait que seul Syna serait choyé. C’était une véritable surprise. Malken appuyait sans vergogne à l’intérieur de lui comme pour le préparer. C’était peut-être ça ? pensa Lune. Malken allait lui faire l’amour pendant qu’il s’occupait de Syna. L’idée en elle-même l’excita. Seulement, ce n’était pas ce que le Dominant avait prévu et il le comprit lorsqu’un nouvel ordre fut soufflé à son oreille. Lune haleta, leva les yeux vers Syna. Visiblement, son âme-sœur n’avait pas entendu. Sa bouche était entrouverte sur des soupirs lourds de désirs et ses sourcils étaient froncés sous la concentration. Il avait du mal à se retenir de jouir, mais Malken n’avait pas eu de nouveau besoin de le bloquer. Combien de fois la prise s’était-elle fait dure sur Lune avant qu’il ne brille ? Le soumis n’avait pas compté mais il se demandait vraiment combien de temps Syna pourrait tenir.
Silencieusement, Lune obéit. Il s’éloigna du pénis de son âme-sœur, grimpa en travers de son corps l’enjambant en douceur, et descendit lentement tout en s’aidant de sa main. Le regard paniqué de Syna se crocheta au sien, mais Lune poursuivit en gémissant, faisant pénétrer le sexe de son ami dans son intimité. Lune soupira, haleta. Il se sentait fiévreux. La chaleur se répandait un peu de partout dans son corps. Syna n’était pas assez fin pour que ce ne soit pas du tout douloureux, mais c’était une bonne douleur. Malken lui caressa le dos, s’assura que la pénétration était complète et elle l’était, puis appuya légèrement sur la fesse de Lune pour le faire bouger. Avec de simples petits contacts, il le fit danser le long de la hampe. La fièvre grimpa mais cette chaleur devient délicieuse. Sans surprise, Lune reçut l’ordre de se retenir de jouir à son tour et en baissant la tête, il constata que son sexe était déjà particulièrement bandé. Voir Syna recevoir les attentions du Maître l’excitait énormément et il avait envie de se perdre dans cette sensation. Il voulait chasser de son esprit les mots horribles du médecin.
Syna poussa un gémissement catastrophé, alors qu’il se sentait au bord du précipice. Il n’allait jamais tenir ! La main du Maître glissa entre leur corps. Malken attrapa ses testicules et les serra fermement, lui arrachant un second gémissement. Tant que son âme-sœur dansait sur son corps, jouant de son sexe comme du plus merveilleux des instruments, le désir serait difficile à faire partir totalement. Mais la prise eut le mérite de repousser un peu l’orgasme dont il ne voulait pas. L’idée même de désobéir, de désobéir contre sa volonté mais malgré tout de désobéir le catastrophait.
Soudain, Syna comprit que si ça venait à arriver, le Maître aurait une excellente raison de le punir. Il serait tout à fait légitime à employer une très forte violence et des douleurs extrêmes. Cette légitimité, ce droit qui amène un soumis à se repentir véritablement, c’était peut-être la clé que Malken utilisait ? C’était peut-être comme ça qu’il avait réussi à faire briller Lune ?
Alors que le Maître dû saisir les parties intimes de Lune à son tour pour l’aider à ne pas flancher, Syna comprit qu’ils n’y arriveraient pas. Ils allaient tous les deux fauter et mériter cette terrible punition. Syna détestait désobéir et il en ressentait par avance la plus grande honte. Il aurait pu en pleurer…
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