1.

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 Cédric émergea petit à petit de son pesant sommeil. Ses paupières, aussi lourdes que du plombs, refusaient de lui obéir et s'obstinaient à rester clauses. Il sentait son corps, au même titre que ses yeux, âpre. Le poids de celui-ci semblait avoir doublé, voire triplé, il ne pouvait faire le moindre geste. Il ressentit comme de légers et déplaisants picotements, au creux de sa nuque, qui le démangeaient. Incapable de se mouvoir pour en venir à bout, le jeune homme somnolant, geignît. Progressivement, il reprit le dessus sur sa capricieuse musculature. Ses doigts, qu'il sentait raidis, se détendirent. Il pouvait à nouveau les bouger de plus en plus facilement. En l'espace de quelques secondes, cette agitation se propagea dans l'entièreté de son corps qui s'allégea. Désormais libéré de l'emprise de ses paupières, il entreprit de les ouvrir, décision qu'il regratta instantanément. Une lumière aveuglante vint lui brûler les rétines qu'il protégea aussitôt en refermant les yeux dans un râle de supplice. Il ne prêta plus attention aux fourmillements, devenuent le cadet des ses soucis. Il entama un mouvement de la main droite, dans le but de chasser les méfaits de cette agression portée à ses pupilles.

« Qu'est-ce que... ? » commença-t-il à penser.

Sa démarche fut immédiatement bloqué. Il sentait ses bras immobilisés le long de son corps, qu'il tenta tant bien que mal de bouger, sans grand succès. Cédric trouva le courage d'ouvrir à nouveau les yeux, afin de comprendre ce qui n'allait pas. Ce coup-ci, il prit soin de se détourner de la lumière , face à lui. Allongé, il suréleva douloureusement sa tête pour constater ce qui lui arrivait. Le garçon était pratiquement nu et portait pour seul vêtement un caleçon long et blanc. Il découvrit que ses bras, jambes, poignets et chevilles étaient solidement sanglés à la table sur laquelle il était installé.

-Qu'est-ce qu'il se passe au juste ? se dit-il à lui-même, inquiet.

Il essaya de se dégager en se tortillant, mais rien n'y faisait. Il se doutait bien que ça n'allait pas être à la seule force de ses pauvres membres affaiblis qu'il réussirait à se libérer de ses liens. Sa tête tournait, il sentait la fatigue qui s'était emparé de tout son être. D'un regard, il balaya la pièce dans laquelle il se trouvait à la recherche du moindre élément ou indice qui pourrait lui permettre de comprendre où il se trouvait, et comment en sortir. Tout autour de lui était blanc. Les trois murs de l'enceinte vide qui se dressaient, devant lui et sur les cotés, le sol, ainsi que le plafond sur lequel étaient fixées les éblouissantes lumières ne faisaient pas exception. Seule la table grise métallique sur laquelle il était étendu contrastait avec le reste, ça et les sangles noires qui le maintenaient fermement en place. Seul le calme olympien de l'endroit lui portait compagnie. Prit de panique, il brisa ce silence de mort à force de gesticuler et se mit à hurler à pleins poumons.

-Eh oh ! Il y a quelqu'un ? Alex ?... Julien ?... Sortez-moi de là ! exigea-t-il.

Il avait beau protester et s'agiter dans tous les sens, rien ni personne ne répondit à son appel. Son sang froid l'avait quitté, sa respiration se faisait plus rapide et saccadée. Dans un ultime effort d'évasion, il crispa la totalité de ses muscles.

« Allez, sors de là! » pensa-t-il en regardant son poignet droit incapable de s'extirper de la prise de la sangle.

Après sa lutte, il relâcha ses nerfs et posa les yeux sur sa peau désormais rougie.

« Est-ce que je devrais vraiment le faire ? » se demanda-t-il. « Je n'ai pas vraiment le contrôle sur ça. Mais si je ne m'en sers pas, je suis parti pour rester pourrir ici pour toujours. »

Dans un moment d'hésitation il réfléchit à si c'était la bonne chose à faire mais se rendit compte qu'il s'agissait de la seule chose à faire s'il voulait sortir de sur cette table qui lui glaçait l'ensemble du corps jusqu'aux os. Il n'agissa pas de suite, il avait besoin de courage pour lui permettre d'exécuter ce qu'il avait en tête. Il prit une grande inspiration, priant pour ne pas se broyer le poignet avec ce qu'il s'apprêtait à faire. Il suréleva à nouveau la tête, fixant le fermoir de la sangle, apparemment bien serré.

« Allez. Brise-toi. » se disait-il en s'adressant au loquet de la bretelle noire.

-Vous n'arriverez à rien de cette façon, Monsieur Faure.

Il sursauta, surprit par cette voix féminine et suave, provenant de derrière qui l'avait interrompu.

-Quoi ? Vous êtes qui ? Vous me voulez quoi ? Montrez-vous ! Demande-t-il instinctivement.

Il ne cachait que très mal son étonnement et son effroi au fond de sa voix faussement menaçante. Cédric était prit d'un stress indescriptible. Cette personne, était-elle ici depuis longtemps ? Perdu, il ne se souvenait pas avoir entendu le bruit d'une porte ou d'un quelconque accès s'ouvrir. Le garçon avait plaqué sa tête contre la table et était pétrifié. Un bruit de talons qui martelaient le sol résonna dans la pièce. L'écho se rapprochait de lui. Il se maudissait de ne même pas avoir prit le temps de penser à regarder derrière lui plus tôt. Il pencha la tête en arrière. C'était bien une femme qui se tenait debout à bonne distance en face de la table. Bien qu'il l'apercevait à l'envers, il n'eut aucun mal à distinguer les traits et les formes de la dame. Cédric s'attarda d'abord sur son visage. Elle affichait un air sévère et sérieux, un rouge à lèvre brillant dessinait ses lèvres pulpeuses. Sa peau aussi laiteuse que de la porcelaine semblait douce et sans la moindre imperfection. Son chignon parfaitement bien fait, ramassait ses cheveux noirs et dégageait son visage fin. Laissant son regard défilé sur elle, il s'arrêta sur sa tenue. Elle arborait une longue blouse blanche de scientifique qui cachait à peine l'élégant tailleur et la longue jupe distinguée qu'elle portait juste en dessous. Elle chaussait de beaux et classieux talons rouges, tellement propres qu'ils semblaient luire aux yeux du jeune homme subjugué par cette inconnue. Cette femme était sans nul doute la plus belle et la plus élégante qui lui ait été donné de voir. Il eut l'audace d'en détourner son attention pour le porter sur l'étrange mur qui demeurait derrière elle. Il s'agissait d'un miroir qui recouvrait une bonne partie de la surface. Non loin de celui-ci, sur le mur qui se trouvait à sa droite, il put apercevoir la porte menant à la salle, entre-ouverte.

-Bienvenue parmi nous Monsieur Faure. dit-elle d'une voix calme.

Les yeux de Cédric se détachèrent de l'entrée pour revenir fixer la "scientifique". Elle restait professionnelle et ne montrait aucun signe de gêne quant au fait de se retrouver dans pareille situation ; seule dans une pièce, face à un jeunot sans vêtement et enchaîné.

-Vous ne risquez certainement pas de vous défaire de vos liens en les fixant ainsi.

« Si seulement elle avait la moindre idée de ce dont je suis capable. » pensa le garçon aussi amusé par l'ignorance de la brune, autant qu'il pouvait l'être.

Silencieux, les yeux rivés sur elle, il ne savait que répondre et affichait un air d'incompréhension qu'il ne se connaissait que trop bien. Il lui fallu attendre que la pression qu'il sentait en lui redescende, ne serait-ce que légèrement, pour qu'il osât enfin ouvrir la bouche.

-Vous n'avez aucune idée de...

-Vos pouvoirs ne peuvent plus vous être d'une grande aide, l'avait-elle coupé après qu'il eut prononcé ces quelques mots.

Un frisson parcourut le corps de Cédric, le terrifiant un peu plus. Il accusa le coup, restant sans voix, ce qui ne manqua pas de faire sourire la femme. Satisfaite par son silence elle commença à contourner la table qu'elle caressait du bout des doigts de façon malsaine, faisant claquer ses talons sur le carrelage immaculé pour s'arrêter au pied du détenu. Elle marqua un court arrêt, se délectant de l'emprise qu'elle avait sur celui qu'elle retenait, avant de se pencher en avant.

-Vous voyez ceci ? demanda-t-elle en pointant du doigt un étrange objet accroché à la cheville droite du garçon.

Cédric, tremblant, décolla un peu plus la tête de la plaque glacée qui le soutenait. Il aperçut alors, du mieux qu'il le pouvait, le curieux outil fortement fixé à lui. Il ne l'avait pas remarqué plus tôt.

-Il s'agit d'un « bracelet de contrôle ». Il a plusieurs fonctionnalités. La principale étant de canaliser vos pouvoirs, vous empêchant ainsi d'en faire usage. La deuxième, nous indique où vous vous trouvez, et cela, en tout temps. La dernière, nous permet de vous rappeler à l'ordre et d'agir si nécessaire.

"Indiquer une position, empêcher l'usage de pouvoirs, rappeler à l'ordre. Comment un si petit objet pouvait-il être capable de faire tant de choses aussi puissantes », se demandait Cédric. « Comment même, n'importe quel objet serait-il capable de faire ne serait-ce que l'une de ces choses ? »

Ce « bracelet » ne ressemblait en rien à tout ce qu'il avait pu connaître. Cette technologie paraissait tout droit sortie du futur, voire d'un autre monde. La femme continuait de parler, sans prêter la moindre attention à l'inquiètude du garçon, perdu et fasciné à la fois.

-Il vous est impossible de le retirer par vous-même. Alors, je ne saurais trop vous conseiller de ne pas tenter de jouer avec. À moins que vous ne caressiez l'idée de perdre votre pied dans d'atroces souffrances, bien entendu.

Il contempla un peu plus cette arme sanglée à sa cheville. Il avait une forme indescriptible. Peu discret, le bracelet était gris et imposant. De petites lumières clignotaient à certains endroits de celui-ci.

-Cette diode, allumée en rouge en continu, indique que le bracelet est bien fermé. fit-elle en pointant du doigt le petit point en question. Celle-ci, qui clignote en vert juste en dessous, vous informe qu'il est activé, vous ne pouvez donc pas utiliser vos pouvoir, peu importe à quel point vous vous efforcerez de le faire.

Elle glissa son index le long du bracelet, le passant sur une petite bandelette noire, semblable à un petit pavé solide.

-Voilà ce qui nous permet de vous localiser à toutes heures, continua-t-elle d'expliquer. De l'autre coté de cet écran noir il y a deux autres diodes qui, elles, sont éteintes. Et, entre nous, vous ne préféreriez pas qu'elles s'allument. lui fit-elle remarquer d'une voix sinistre. La première indique que le système de contrôle s'active, ce fameux « rappel à l'ordre », et ce qu'on peut en dire, c'est que la sensation qu'elle procure est loin d'être des plus agréables. La dernière, ma préférée je l'avoue, indique quand le système enclenche le système de sécurité. Si elle s'allume, le bracelet propulsera de manière spectaculaire des pics à travers de votre cheville.

Pendant tout ce temps, Cédric n'avait fait qu'observer et écouter la femme qui se complaisait dans ses explications. Elle semblait ravie de la situation dans laquelle ils se trouvaient.

Qu'allait-il bien pouvoir répondre à tout cela. Le silence s'installa,il repensait à toutes ces informations et tenta une réponse de fortune.

-Je n'ai pas de pouvoirs. a-t-il lançé négligemment d'une voix qui se voulait haineuse et confiante.

Il la regardait avec des yeux emplies de mépris, comme s'il la prenait pour une folle de ne serait-ce qu'avoir pensé qu'il pouvait avoir des facultés paranormales. La femme se redressa et avait prit un calepin accroché, devant elle, à la table. Elle le porta devant son visage avant de lire le contenu du document.

-« Cédric Alan Faure, âgé de vingt-cinq ans, orphelin depuis l'âge de treize. » Jusqu'à aujourd'hui vous viviez avec vos deux jeunes frères, Alexandre Élias Faure, dix-huit ans et Julien Maël Faure quinze ans. Vous êtes un Néfaste de catégorie « non classé » et avez la capacité de détruire des objets par la pensée en les mettant sous pression. D'après ce rapport, vous êtes à l'origine de la destruction de votre famille toute entière. lit-elle d'un fièrement.

Elle eut le sentiment d'avoir remit le jeune homme à sa place, ce qui n'échappa pas au garçon. La surprise de ce dernier, lui confirma qu'elle avait raison de le croire. La « destruction de votre famille » avait-elle dit. Cédric ne se demanda pas ce qu'elle voualit dire, depuis plus dix ans, la culpabilité le rongeait. La vraie question qu'il se posait était de savoir comment elle pouvait être au courant de cet événement passé ?

« Non classé ? Qu'est-ce que ça signifie ? » se demanda-t-il.

Un sourire satisfait s'afficha sur le visage de la belle dame.

-Nous savons tout de vous trente-et-un. dit-elle comme si elle avait lu ses pensées.

Trente-et-un. Pourquoi l'avoir appelé ainsi alors qu'il n'y avait pas un instant elle l'avait appelé par son nom ? Et qui était ce « nous » dont elle parlait ? Il s'efforça de paraître plus confiant et plus autoritaire, essayant de ne pas laisser paraître son angoisse, aussi, il insista.

-Qui êtes-vous ? Dites-moi où je suis.

-Vous ne devinez pas trente-et-un ? Vous me décevez.

Son sourire ne la lâchait plus. Elle lui avait parlé comme si la réponse devait lui paraître évidente. La femme tapota le calepin de ses longs doigts fins dont la manucure était assortit à ses lèvres. Ce carnet qui devait bien contenir toute l'histoire de la vie de Cédric. À vrai dire, il sentait bel et bien connaitre la réponse. Il avait eut l'idée de l'endroit où il se trouvait séquestré depuis l'instant même où il s'était réveillé. Il espérait cependant s'être trompé sur toute la ligne.

-Le... le complexe ? Avait-il demandé la voix fébrile.

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