Elle obtempéra finalement. Autant se ménager un peu de liberté et puis, moins elle voyait Seb ou Luigi mieux elle se portait. Elle ne fut pas surprise en voyant le peu de longueur du vêtement. Elle prit une douche bien chaude, se lava des odeurs de transpiration et des traces invisibles laissées par les sales pattes des deux vicieux. Elle se prépara ensuite. Elle avisa une paire de ciseaux, le bout rond les rendait inoffensifs, mais elle raccourcit un peu sa chevelure. Elle refusait que la scène du matin se reproduise. Elle fit de son mieux pour que cela reste joli. Ce serait moins pratique en cuisine mais peu importait. Elle se retrouvait donc avec un carré, pas tout à fait égal, mais cela irait très bien. Elle ne se maquilla pas, elle n'en voyait pas l'intérêt. Elle revêtit la robe, si cela pouvait s'appeler ainsi. Il s'agissait d'une sorte de tube ultra moulant qui ne pouvait cacher complètement ses seins ou ses fesses. Elle n'aurait pas été plus vulgaire même en étant nue.

Le soleil commençait à se coucher. Elle rassembla ses affaires et les mis non loin de la porte-fenêtre. Elle se trouvait au rez-de-chaussée, c'était selon elle la meilleure issue. Elle avisait au loin la route sur laquelle circulaient des voitures, ignorant les drames qui se jouaient dans cet endroit. Elle ne savait pas comment mais elle comptait bien s'échapper de cet enfer.

La porte s'ouvrit du nouveau, sur Luigi cette fois-là.

- Que tu es sexy ! Pourquoi faut-il que tu sois aussi réticente. Tu n'imagines pas tout le fric que l'on pourrait gagner ensemble.

- Je ne suis pas une pute.

- Bah elles disent toutes ça au début, mais après tu verras, tu ne pourras plus t'en passer. Tu reviendras vers moi, j'en suis sûr. Mais regarde-toi. Il va se régaler notre client. Tu vas être bien gentille avec lui, hein ?

Il la tenait par les joues d'une seule main, la blessant et l'obligeant à le regarder dans ses petits yeux porcins.

- Est-ce que tu veux un petit quelque chose pour te détendre ?

- Je ne prendrais pas vos saloperies, lui cracha-telle au visage.

- Bien bien, tu es courageuse. Mon client n'en sera que plus heureux. C'est tellement plus excitant lorsque la fille se débat, qu'elle est pleinement consciente de ce qui se passe, jusqu'au moment où elle abdique, qu'elle cède sous le pouvoir de l'homme.

Il la relâcha violemment la projetant sur le sol. La robe bien trop courte dévoila ses seins.

- J'ai bien envie de profiter un peu moi aussi avant qu'il n'arrive. T'as vraiment de beaux seins pour une gamine de dix-sept ans.

Il s'approcha d'elle les yeux fixés sur sa poitrine qu'elle tentait de masquer comme elle pouvait. Il se jeta sur elle, bloquant ses jambes avec les siennes, il repoussa ses mains d'une main tandis que l'autre pelotait sans gène les seins ronds de la jeune fille.

- Rahh putain qu'ils sont doux. Je te jure qu'après, je serais le deuxième à profiter de ton corps de salope. Arrête de bouger tu m'excites !

Elle fut saisie par les propos salaces du proxénète. Elle comprit que les frottements de son corps cherchant à se libérer attisait la queue de l'obsédé. Elle sentit d'ailleurs une protubérance appuyer contre sa hanche. Elle ne masqua pas son dégoût, un violent haut-le-cœur la prenant.

- Là, tu vois quand tu veux.

Il pétrissait ses mamelons, lui faisant mal.

- Tu vas voir tu vas aimer ça.

Elle ne prenait absolument aucun plaisir. Elle agita ses jambes cherchant à se défaire de sa prise ou encore à le frapper. Mais le salopard était tenace. Il se pencha pour lui lécher les tétons, cela fut au-dessus de ses forces. Le peu qu'elle avait ingurgité ressortit. Luigi se dégagea aussitôt.

- Putain ! Tu me fais quoi là ?! C'est dégueulasse et ça pue en plus. Va te laver.

Rosa ne se fit pas prier et s'enferma bien volontiers dans la pièce d'eau. Elle se rafraîchit, buvant l'eau du robinet pour faire passer le goût atroce de bile. Elle sentait encore sur elle les mains vicieuses de Luigi, chaque fois une envie de vomir lui prenait la gorge. Définitivement, elle ne pourrait pas se laisser faire. Elle sursauta lorsqu'on frappa violemment à la porte.

- Sors de là tout de suite que j'évalue les dégâts.

Elle prit son temps et finit par sortir. Une femme était entrain de nettoyer la tâche sur le sol et la fenêtre avait été ouverte pour aérer. L'air lui fit du bien. Elle ne prêta pas attention à Luigi qui la lorgnait sous toutes les coutures.

- Bon, ta robe n'est pas tâchée.

Rosa haussa les épaules, elle s'en fichait éperdument.

- Le client vient d'arriver. Pas d'entourloupe. Viens-là toi ! fit-il à la femme de ménage.

Un homme d'une soixantaine d'année entra. Il puait la perversité et le fric. Son regard libidineux se posa sur la jeune femme et comme un loup, il se lécha les babines. Il serra la main de Luigi et referma la porte derrière celui-ci. Il s'approcha d'elle, ses mains baladeuses avides sur les hanches de Rosa. Il voulut l'embrasser mais elle se déroba.

- Luigi m'a dit que tu étais sauvage. Si tu savais comme j'aime ça.

Il l'agrippa par le coup et la força à l'embrasser. Quand il faufila sa langue dans sa bouche, elle le mordit de toutes ses forces.

- Petite salope !

Il cracha le sang qui lui emplissait la bouche et défit sa ceinture.

- Je vais t'apprendre moi.

Rosa se recroquevilla sur elle-même et attrapa ses affaires posées près de la porte extérieur. C'était maintenant. Il abattit la ceinture sur le dos de la jeune femme, la boucle en métal frappa en premier la chair tendre de son dos. Il avait toute sa force. Elle cria, ses jambes plièrent sous le choc mais poursuivit cependant son action. Elle passa la porte pieds nus, elle avait ôté ses chaussures dès qu'elle avait pu. L'adrénaline et la peur qu'ils ne la rattrapent lui firent oublier la brûlure qu'avait laissée la ceinture dans son dos.

- Reviens-là petite pute, je n'en ai pas fini avec toi !

Elle courut aussi vite qu'elle le put. Elle ne sut si la chance lui souriait enfin, mais une voiture passa sur la petite route reliant la nationale. Voyant la jeune fille terrifiée courir, la conductrice s'arrêta et lui proposa son aide. Rosa ne se souvenait pas de son nom, ni ce qui s'était passé ensuite. Elle s'était réveillée à l'hôpital, couchée sur le ventre, une douleur cuisante dans le dos. Une infirmière lui expliqua qu'elle avait été déposée la veille avec cette vilaine coupure et qu'elle avait été légèrement sédatée car elle avait un sommeil très agité, gênant les soins.

Rosa retint ses larmes le temps que l'infirmière s'occupe d'elle, mais aussitôt la porte refermée, elle laissa éclater des sanglots.

Sous les conseils de l'infirmière, elle avait porté plainte. Malheureusement, Seb et Luigi avait disparu de la surface de la terre. L'affaire fut classée sans suite. Elle avait mis du temps avant de supporter le contact physique et encore plus les rapprochements de la gent masculine. Mais Marc ne le savait pas, il ne pouvait pas savoir le cadeau qu'elle lui avait fait.

Elle sécha ses larmes. Après tout elle avait un travail qu'elle adorait et des amis sur qui elle pouvait compter. Elle se promit d'aller dès le lendemain voir son ancien patron, Jean était celui qui l'avait aidée à se reconstruire, il saurait trouver les mots pour la réconforter. Rosa se releva en automate, prit sa douche et s'écroula jusqu'au lendemain épuisée par les larmes et les souvenirs.