Chapitre 29 : Chili con carne

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Il avait installé une application pour suivre le vol de Rosa. Il savait que c'était débile, mais il voulait être sûr d'arriver à l'heure à l'aéroport. Bon peut-être qu'il aurait pu prendre un peu plus son temps. Cela faisait une heure qu'il attendait et son avion n'atterrirait que trente minutes plus tard. Il avait acheté quelques magazines culinaires. Il les feuilletait distraitement, l'esprit obnubilé par la jeune cheffe. Il avait hésité à lui prendre une chambre dans un hôtel, peut-être voudrait-elle un peu d'intimité. Égoïstement, il avait prévu de la loger dans le petit appartement où il logeait. Il lui laisserait la chambre et il prendrait le canapé. Il tomba sur un article parlant de l'émission de télé à laquelle il participait. Il eut la surprise de voir une photo de sa cuisine en France, Sanders au premier plan et Rosa qui écoutait ce qu'il expliquait. Il resta un moment à fixer l'image sur le papier glacé avant de lire l'article. Le journaliste faisait une très bonne critique du restaurant parisien. Il en fut ravi pour son homologue américain.

Sur le tableau des arrivées, cela faisait quinze minutes que l'avion de Rosa avait atterri. Debout, près de la porte de débarquement, il scrutait chaque visage. Il refusait de s'imaginer leurs retrouvailles. Depuis longtemps, il avait pris comme précepte de vie, de vivre dans le présent. Ainsi, il laissa le bonheur de la revoir fleurir sur son visage. Il lui fit signe, la jeune femme parut soulagée et se dirigea droit vers lui tirant sa valise derrière elle. Ils s'arrêtèrent à un mètre l'un de l'autre, prenant le temps de s'inspecter, Marc nota les pommettes plus saillantes et la taille affinée de Rosa et celle-ci admira la peau dorée du jeune chef. Il portait un bermuda et un tee-shirt qui moulait délicieusement ses bras musclés. Leur sourire béat leur conférait un air niais qui fut brusquement interrompu lorsque la jeune femme se fit violemment bousculer par un voyageur impatient. Elle fut alors projetée dans les bras de Marc. La surprise disparue, ils profitèrent de ce câlin impromptu, s'imprégnant du parfum et de la chaleur de l'autre.

- Bienvenue à Los Angeles ! Si tu savais à quel point je suis heureux de te voir ici.

- Je suis ravie aussi. Merci pour l'invitation. Je crois que cela fait des années que je ne suis pas partie en vacances et jamais aussi loin.

Ils se regardèrent encore sans rien dire avant que Marc ne prenne son bagage et la guide vers l'extérieur. Pour ne pas la perdre, il lui prit la main. Il ne la quitta pas avant d'arriver à la voiture bien que ce ne soit plus nécessaire une fois sortie du bâtiment. La transition entre l'aéroport climatisé et la chaleur du dehors coupé le souffle à Rosa si peu habituée à de telles températures. Marc la regarda avec amusement :

- Oui, L. A. fait toujours cet effet-là ! Tu verras on se fait rapidement à la chaleur et puis tu pourras porter des vêtements plus légers.

Rosa ne dit rien, elle souriait simplement buvant les paroles du chef. Elle monta dans la voiture et apprécia la proximité avec Marc. Ils bavardèrent durant le trajet retrouvant leur complicité, comme s'ils s'étaient quittés la veille.

- Je dois d'abord passer par le restaurant pour ce soir. Cela ne te dérange pas ? Tu veux peut-être que je te dépose avant à l'appartement ?

- Non, au contraire j'ai hâte de voir le restaurant du chef Sanders. Il m'en a un peu parlé mais je veux voir ça de mes yeux.

Elle fut d'abord surprise par la devanture très sobre dans l'une des plus belles avenues de la ville. Assurément, le restaurant était très bien placé. Elle apprécia l'atmosphère qui se dégageait du lieu. Marc avait repris sa main et la guidait vers la porte de service. Ils trouvèrent trois commis occupés à préparer le service du soir. Il la présenta. Rosa était rassurée, son anglais académique lui permettait de comprendre et suivre leur conversation. Elle n'avait pas encore ouvert la bouche n'osant pas s'exprimer, mal à l'aise avec la langue de Shakespeare. Quand ils quittèrent la cuisine, au détour d'un couloir il profita de leur proximité pour déposer un baiser sur sa tempe.

- Comment tu te sens ? Pas trop perdue ?

Elle se serra un peu plus contre lui, pour profiter de sa chaleur et respirer son parfum.

- Ça va. Franchement je m'attendais à être complètement larguée, mais j'ai compris ta conversation avec les commis. J'ai tout de même un peu peur de parler en anglais.

- Tu verras, cela vient naturellement, tu vas être immergée totalement, ton cerveau va s'adapter de lui-même.

Elle lui sourit pour le remercier de son soutien et aussi pour manifester sa joie d'être là, près de lui.

Ils quittèrent le restaurant et ne remontèrent pas en voiture. Marc prit le bagage de la jeune femme et la guida un peu plus loin. Il pénétra dans une haute tour, un gardien le salua et ils se dirigèrent vers l'ascenseur. Il passa sa carte, et la boîte en métal les mena au trente-huitième étage. Ils arrivèrent dans un long couloir comprenant au moins seize portes. Il la guida vers celle portant le numéro 3812 et inséra la clé magnétique dans le boîtier. Le déclic annonça l'ouverture de la porte. Marc se décala pour laisser Rosa investir les lieux. Immédiatement elle fut attirée par l'immense baie vitrée qui donnait sur le front de mer et la jetée de Santa Monica.

- Je ne pensais pas que nos étions si près de la mer.

- Nous sommes en hauteur en réalité, nous sommes à trois blocs de la plage.

- Ça fait loin ?

- Oui et non.

Elle se retourna vers lui et haussa un sourcil pour demander des explications. Cela aussi avait manqué à Marc, cette façon bien à elle de se faire comprendre avec les expressions de son visage.

- Disons qu'à pied, il faut bien quarante minutes et sous la chaleur je ne te conseille pas. Mais dans ce pays, c'est vraiment pas loin.

Il s'approcha d'elle, savourant le plaisir de l'avoir là près de lui. Ils se perdirent dans le regard de l'autre. Sans parler, ils se rapprochèrent, Marc était si près d'elle qu'il pouvait sentir le parfum de son shampoing qui lui avait manqué. Rosa dut lever la tête pour garder le contact visuel. Il glissa une main sur sa nuque, son pouce effleurant sa mâchoire. Elle posa ses mains sur son torse chaud. Elle appréhendait comme elle désirait ce moment. Le moment où leurs lèvres se scelleraient de nouveau. Marc fit glisser son nez contre la joue puis la mâchoire de la jeune femme, il respira dans son cou, faisant frémir Rosa d'anticipation. Elle était déjà fébrile alors qu'il ne l'avait pas encore embrassée. Quand enfin, elle pensait que l'instant viendrait, il se recula vivement.

- Je... désolé, j'ai du mal à me contrôler. Tu viens d'arriver et je te sautes dessus. Viens je te fais visiter.

Déçue, Rosa n'osa pas le contredire et se laissa guider dans l'appartement, confortable et spacieux pour un deux pièces. Elle était touchée de sa sollicitude et de sa générosité, mais elle espérait bien qu'ils dormiraient tous deux dans le même lit. Il lui proposa de se rafraîchir et de lui préparer un encas avant le service du soir. Elle accepta bien volontiers, frustrée néanmoins. Elle se demandait pourquoi il s'était retenu comme cela. Elle n'avait jamais cachée son attirance pour lui et elle pensait que c'était réciproque. Peut-être, était-il dégoûté qu'un homme l'ait touché. Le viol bien qu'il ne soit pas total, pouvait mettre mal à l'aise certains hommes. A moins qu'il ait rencontré une femme. Il ne lui en avait pas parlé, mais ce n'était pas impossible. Il était bien bâti et charismatique en plus de sa gentillesse et de sa générosité. Tout ce qui plait à une femme.

Elle revêtit une robe plus légère et le rejoignit dans la pièce de vie. Elle n'avait pas passé le pas de la porte de la chambre qu'elle entendit Marc parler avec une femme. Ils riaient ensemble. Curieuse, elle s'avança et écarquilla les yeux devant la scène qui se jouait dans la petite cuisine. Marc souriant tenait une cuillère vers la bouche d'une femme magnifique. Celle-ci ouvrait la bouche en bouffant le chef des yeux. Elle était arrivée trop tard alors ?

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