Chapitre 30 : Hachis parmentier
- Oh Rosa ! Viens je te présente Julia. C'est la réalisatrice de l'émission. Julia, voici Rosa, une jeune cheffe très prometteuse.
Il regardait Rosa avec admiration et ses mots étaient sincères. Julia tiqua. Elle comprenait alors pourquoi Marc l'avait repoussée : Rosa était une charmante jeune femme. Elle décida cependant de jouer le tout pour le tout. Elle était venue chez Marc sous un prétexte fallacieux, espérant le faire céder à son charme en entrant dans son intimité. Elle n'était plus à un rejet près. Et puis elle aimait ce temps de séduction, d'autant plus lorsque sa proie lui résistait. Elle plaqua son sourire commercial sur ses lèvres et déclara en tendant la main :
- Bonjour Rosa, je suis ravie de vous rencontrer. Vous avez prévu de rester avec nous ou de voyager ?
- Heu... Enchantée Julia. Je pensais...
- Elle va rester avec moi.
Marc s'avança près d'elle et passa un bras possessif autour de la taille de Rosa puis l'embrassa sur le haut du crâne. Rosa fut rassurée, il ne ferait pas un tel geste s'il était en couple avec l'Américaine. Julia ne se laissa pas démonter : elle se déplaça et prit le bras du chef, collant sa poitrine contre le biceps de celui-ci et minauda :
- Marc, il faudra que nous l'emmenions visiter les endroits incontournables de la Californie.
Il se dégagea doucement afin de ne pas froisser la jeune femme, mais suffisamment clairement pour qu'elle comprenne le message. Julia l'avait très bien compris, elle joua cependant encore un peu :
- On se voit tout à l'heure, Marc. Je dois y aller. Je suis ravie d'avoir rencontré une amie de mon chef adoré. Au plaisir de vous revoir Rosa. Marc.
Elle déposa un baiser près des lèvres du chef et s'enfuit avant qu'il ne réagisse. Marc ne comprenait pas à quoi jouait la réalisatrice. Il avait pourtant été clair avec elle à maintes reprises. Il voyait bien que Rosa était mal à l'aise. Il décida de dissiper tout malentendu.
- Je suis désolé du comportement de Julia. Elle ne veut pas comprendre qu'elle ne m'intéresse pas.
Rosa hocha la tête en proie à des doutes. S'il n'était pas intéressé par l'Américaine qui était brillante, magnifique et audacieuse, comment pourrait-il s'intéresser à elle ? Autant Rosa était sûre d'elle en cuisine, autant en amour, elle ne savait pas quoi faire.
Marc lui attrapa la main sur laquelle il déposa un tendre baiser.
- Viens manger. JE t'ai fait une salade de fruits frais. Tu vas aimer.
Comme pour Julia, il prit une fourchette et saisit un morceaux qu'il présenta à la bouche de la jeune femme. Au lieu d'ouvrir les lèvres et accepter l'offrande, elle déclara :
- Tu sais que je sais manger seule ?
- Laisse-moi m'occuper de toi. Cela a tellement été frustrant de ne pas avoir pu être à tes côtés durant toutes les épreuves que tu as endurées.
Elle ouvrit finalement la bouche, acceptant la fourchetée.
- Tu as fait beaucoup. Mmhh ! Ces fruits sont délicieux !
- N'est-ce pas ? Tu vas adorer le marché où je les achète.
- J'ai hâte de découvrir tout ça.
- Tu dînes au resto ce soir ? J'aimerais avoir ton avis.
Elle hocha la tête ravie et termina sa salade. Marc ne quittait pas ses lèvres des yeux. N'y tenant plus, il contourna la table, prit son visage en coupe et scella ses lèvres à celles de la jeune femme. Il s'écarta légèrement et sourit, heureux.
- Hum ! Délicieux en effet.
Rosa rougit. La trouvant si mignonne, il l'embrassa de nouveau. Cette fois Rosa fut plus active, se laissant porter par ses sensations et ses sentiments. Marc rasséréné par ce geste encourageant, la serra contre lui. Ils se perdirent dans les bras l'un de l'autre. Marc descendit ses mains sur les courbes de Rosa, savourant enfin cette proximité. La jeune cheffe ne fut pas en reste, elle se retenait en s'accrochant aux bras musclés du chef appréciant la fermeté. Ils auraient pu se laisser emporter et passer à l'étape suivante si le sort ou en l'occurrence Julia ne s'évertuait pas attirer l'attention de Marc. Quand son téléphone sonna la première fois, il laissa sonner dévorant la bouche de sa partenaire. Mais la seconde fois, Rosa interrompit leur étreinte :
- Ce doit être important pour que la personne insiste autant. Tu devrais répondre.
Vaincu, Marc de crocha non sans grimacer à la vue du nom de l'interlocuteur. Rosa, elle-même, sentit une pique au ventre en comprenant qu'il s'agissait de la belle Américaine. Décidément, Julia avait du mal à intégrer que Marc ne voulait pas d'elle. Peut-être qu'il était temps que Rosa lui explique les choses. Quand Marc lui expliqua qu'il devait retourner au resto pour tourner quelques scènes, Rosa n'hésita pas et l'accompagna à la grande joie de son compagnon.
Rosa fut plus attentive au trajet cette fois. Elle ne pourrait pas passer tout son temps avec Marc, il allait falloir qu'elle sache se repérer. Dans le restaurant, le personnel préparait tranquillement la salle, et ils furent même surpris de voir le chef français arriver si tôt. Ce dernier se dirigea directement dans le bureau où il trouva Julia. Agacé par l'attitude désinvolte de l'Américaine, il déclara d'emblée :
- Qu'y a-t-il de si urgent ?
- Je voulais visionner quelques rushs avec toi et faire une nouvelle interview... oh Rosa ! Quel plaisir de vous revoir si vite. Je crains de devoir accaparer le chef ce soir, profitez-en pour vous reposer !
Rosa n'était pas dupe, elle cherchait à l'évincer. Avec la même hypocrisie, elle répondit :
- Oh c'est si gentil de vous inquiéter Julia ! Mais je suis curieuse de voir le travail de Marc, je me ferais petite, promis je ne vous dérangerai pas.
Julia grinça des dents, elle avait pris le premier prétexte venu pour faire venir le chef, elle n'avait même pas de rush avec elle. Elle se reprit rapidement et demanda à Marc de s'installer pour commencer par l'interview. Elle alla chercher un caméra qu'elle positionna à l'aide d'un trépied devant le bureau. Elle commença ensuite l'enregistrement en posant des questions qu'elle inventait au fur et à mesure, n'ayant rien préparé. Elle dut cependant admettre qu'il était plus souriant avec la présence de la Française qui ne le quittait pas des yeux. Finalement, elle osa poser la question :
- Vous semblez d'excellente humeur chef, auriez-vous eu une bonne nouvelle ?
- En quelque sorte, je suis juste ravi d'accueillir l'une de mes compatriotes qui m'est cher. J'espère la faire cuisiner un peu.
- Elle est aussi cheffe ?
- Oui et elle est très douée. Les téléspectateurs ont déjà pu la voir auprès du chef Sanders en France.
Julia crispa son sourire, Rosa jubilait intérieurement et offrit un sourire tendre à l'homme qui la complimentait. Julia aurait pu la faire parler aussi, mais elle se retint, elle ne voulait pas mettre en lumière la frenchie. Marc s'éclipsa un instant plus tard, l'un des commis avait besoin de lui, Rosa en profita pour s'approcher de la réalisatrice :
- Julia ? Est-ce que vous permettez que je vous parle franchement ?
- Oui, bien sûr très chère !
Cette façon de parler, légèrement hautaine et surtout hypocrite avait le don d'insupporter Rosa.
- Je crois que je n'ai pas été assez claire avec vous. Je ne suis pas une simple amie de Marc. Je tiens vraiment à lui, nous sommes ensemble et bien que vous soyez tout à fait charmante, nous ne faisons pas de plan à trois. Je suis plutôt jalouse et ce serait dommage que je vous transforme en carpaccio...
Rosa fit fleurir son sourire le plus machiavélique qu'elle connaissait. Julia souffla et lâcha :
- C'est bon, je te le laisse.
- Je crois que tu n'as pas très bien compris chérie, il n'a jamais été à toi.
L'Américaine se rembrunit, remballa ses affaires et décida de partir, elle ne devait revenir que dans deux jours pour des prises d'images durant le service. Elle demanda à Rosa de l'excuser pour son départ précipité.
Marc fut ravi de voir que la réalisatrice avait débarrassé le plancher et il proposa à Rosa une petite séance en cuisine comme ils avaient l'habitude avant son départ.
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