Jour 11
– Hé bien, j’ai l’impression que vous avez été portés par vos mots, hier, non ?
– Oui, c’est vrai… Même si j’ai l’impression de m’être un peu emporté, justement.
– Non, non, c’est un signe, vous savez. C’est lorsque vous ne pensez plus à écrire que vous écrivez « vrai », que l’émotion est là. Il sera toujours temps d’y revenir pour faire disparaitre les aspérités éventuelles, mais elles se logent rarement dans les passages écrits avec vos tripes… Maintenant, comment envisagez-vous la suite ? Aujourd’hui, par exemple ?
– Je crois que je commence à trouver le ton, mais j’ai toujours l’impression d’avancer à l’aveugle… Chaque jour je redoute de ne pas savoir reconnaître ou choisir le bon chemin. Et je sais que j’arrive à une transition importante de mon histoire, avec de nouvelles voix qui vont devoir prendre corps, tout en conservant le rythme, le ton, et…
– Oh là, oh là, cessez de vous poser trop de questions si vous souhaitez avancer… Les voix se délieront toutes seules, à condition que vous sachiez les appeler sans les brusquer, une touche après l’autre, un mot après l’autre, une phrase après l’autre… D’ailleurs je vous laisse y retourner pour que vous prêtiez l’oreille à ces voix à l’instant même.
– Mais…
– Non, non… Nous pourrions en discuter toute la journée que ça ne vous servirait à rien, faites-moi confiance. Écrivez.
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