– Bonjour ! Alors, c’est le dix-huitième jour aujourd’hui, l’objectif se rapproche, ça devrait vous faire plaisir… Mais j’ai l’impression que vous êtes encore tendu ce matin.

– Oui, j’ai le sentiment que les choses m’échappent un peu. Je doute de mon style. Mon personnage semble prendre des décisions que j’ai dû mal à suivre ou à aiguiller. C’est pas facile, docteur.

– Si je vous entends bien, vous êtes en train de vous plaindre que votre personnage prend vie ? C’est ça ?

– Heu… oui.

– C’est un peu un comble, quand même pour un auteur, non ?… Excusez-moi, je ne veux pas me moquez de vous, mais enfin, si vos personnages commencent à s’animer tous seuls, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ? Vous n’êtes pas un marionnettiste, vous êtes un créateur. Et le plus grand cadeau qu’un créateur puisse octroyer à sa création, n’est-ce pas la liberté ? Alors ayez confiance. Restez à son écoute…

– Alors je dois lui passer tous ses caprices ?

– Ah, je n’ai pas dit ça, non plus. Nous avons quand même affaire à une toute jeune histoire, pas tout à fait parvenue dans notre monde. Elle crie, elle se débat, elle a peur elle aussi, elle se trouvait bien dans la chaleur de vos pensées et voilà que vous êtes en train de l’exposer. C’est pourquoi vous devez l’écouter, mais aussi la rassurer. Elle n’est pas arrivée si loin par hasard, sinon nous ne serions pas ici, tous les deux.

– C’est déroutant.

– Oui, mais c’est pour ça qu’il faut continuer. Ne pas s’arrêter. Vous pouvez le faire, allez-y !