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Le serveur dépose devant moi un cocktail coloré, à la douce fragrance de violette. Une touillette en forme de flamant rose vient décorer le verre. D'un geste machinal, je remue ma boisson.


— Parle-moi, intervient Thomas en brisant le silence.

— Est-ce que je rêve ? demandé-je en attrapant sa main.

— Non, je suis bien là.


Pour renforcer cette idée, ses longs doigts caressent le dos de ma main.


— ça fait tellement longtemps, soufflé-je.

— Seize ans.

— Je ne m'attendais pas du tout à te parler et encore moins à te voir.

— Je m'en doute, avoue-t-il d'une voix réconfortante.


Un nombre incalculable de questions envahissent mes pensées. Je me mords la lèvre inférieure, ne sachant pas par laquelle débuter.


— Je suppose que tu as des questions, devine-t-il. Je t'écoute.

— Oui, tellement. Je suis perdue... Commence par le début.

— Très bien... Heu... Après notre rupture, ou plutôt notre éloignement, ma fille Sarah est née. Avec sa mère, on a essayé de vivre ensemble pour notre fille, mais ça n'a pas fonctionné. Aujourd'hui, on est restés bons amis. On a décidé de partager la garde de Sarah et...

— Comment est-elle ? interrompé-je, intéressée.


Sans attendre, il prend son portable et tapote un instant dessus. Se penchant vers moi, une photo d'une jolie jeune fille apparaît. Je me permets d'agrandir l'image. Aucun doute, c'est bien sa fille. Son regard émeraude est aussi intense et pénétrant que celui de son père.


— Elle te ressemble. Elle est avec toi en ce moment ?

— Non, elle passe les vacances avec sa mère. Elle sera présente à la rentrée. Elle a été acceptée en bac pro Audiovisuel du lycée de la ville. Une aubaine, les places sont limitées.

— C'est super pour elle ! ... Et toi alors ? Je me souviens qu'à l'époque tu voulais devenir pompier.

— Je suis toujours pompier volontaire. Pour Sarah, j'ai dû changer mon fusil d'épaule.Tout en préparant le CAPES, j'ai eu quelques postes en collèges et lycées comme contractuel. Le concours en poche, on m'a offert une place permanente comme professeur d'histoire-géographie. Mais...

— Te connaissant, tu as eu besoin de changement ?

— En effet, me répond-il en souriant. Je voulais avoir plus de responsabilités, alors j'ai passé le concours pour devenir proviseur adjoint...


Sur ses paroles, je retire ma main de la sienne. Ma respiration devient difficile, mes yeux s'humidifient, je les essuie d'un geste brusque. J'inspire par la bouche pour me calmer. J'entends une chaise bouger. Thomas se retrouve près de moi. Sans un mot, il me prend dans ses bras. La tête plaquée contre son torse, je perçois les battements de son cœur. Rapidement, mes muscles se détendent, une sensation de bien-être m’envahit.


Apaisée, c'est pourtant à contrecœur que je me décide à abandonner ses bras.


— Tu as compris, n'est-ce pas ? risque-t-il en arrangeant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Tu es le nouveau proviseur adjoint du collège où je travaille...

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