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Le réveil indique une heure seize, la fatigue est présente, mais n'arrive pas à se battre contre mes diverses cogitations. Je tourne, vire, essaye plusieurs positions sur le dos, le ventre, le côté ; le bras sous ou sur le coussin ; couverte ou découverte. Mon drap termine sa course en boule et au sol. La fenêtre ouverte et le ventilateur à fond ne permettent pas de réguler la température de la chambre. Transpirante, je dépose mes pieds sur le carrelage frais. Malheureusement, la sensation de fraîcheur s'évanouit aussitôt.
Dans la salle de bains, penchée au-dessus du lavabo, je m'asperge généreusement la face et le cou. Je relève la tête et aperçois mon reflet dans le miroir. Un souffle désemparé s'entend. Je ne suis pas très belle : mes cheveux brun foncés partent dans tous les sens, mes petits yeux marrons sont cernés en toutes circonstances, mes lèvres fines, mal dessinées manquent de sensualité. Les oreilles sont les deux seules choses mignonnes de mon visage rond.
Je baisse mon regard sur le reste de mon corps. Ma poitrine généreuse m'empêche d'apercevoir mes orteils. J'ai des hanches bien formées et un peu de ventre. Bien que mes cuisses soient encore fermes, de la cellulite apparaît ici et là. Quant à mes fesses, je les trouve flasques. En hiver, mes énormes mollets, m'empêchent de fermer correctement mes bottes. Je suis fan de mes mains et pieds graciles. Souvent, je prends le temps de les admirer. Cela peut paraître présomptueux : la nature m'ayant peu gâtée, ça me donne du baume au cœur.
Je quitte la pièce et vais m'installer sur le canapé. La télécommande en main, la télévision s'éclaire. Je zappe de chaîne en chaîne, cherchant le programme qui pourrait m'aider à dormir. Tombant sur un film érotique, je zieute une minute ou deux puis décide de changer. Un dauphin bleu apparaît à l'écran. En m'installant confortablement, je le regarde nager avec ses compatriotes. Mes paupières se font de plus en plus lourdes. Je lutte un instant puis laisse Morphée m'emporter.
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