1. La rencontre : découverte et séduction
Enfin, je l’ai pour moi. Il est là dans ma chambre, ses baisers sur ma bouche dans mon cou.. ses mains sur mon corps me font chavirer.
Cela faisait longtemps, qu’on se tournait autour. Il a mis du temps, il a su se faire désirer, j’ai pris mon temps aussi, ce délai qu’il a fallu pour finir de me faire fondre pour lui.
Je l’avais pourtant remarqué dès la rentrée. Bizarre même que je puisse le remarquer. A la base, j’étais plutôt attirée par ce que l'on appelle maintenant les « bad boys ».
Bon, mon frère était bassiste dans un petit groupe de rock, donc mon environnement était plutôt fait de blousons cuirs et de chevelus. Naturellement, j’étais plus attirée par ces garçons là. Et bien évidemment, avec ma meilleure amie, lorsque nous étions ados, craquions sur les potes de mon frère, mais en tant que petite sœur ça n’aide pas. D’une, il n’aurait pas laissé faire, de deux, il n’aurait pas laissé faire et de trois, j’étais sa petite sœur.
Bref, dans les différents établissements scolaires fréquentés, j’allais plus facilement, vers ceux qui se démarquaient, au point de vue du look et qui écoutaient le même genre de musique que moi, type rock, rock alternatif ou autre.
Pour en revenir, à ce gars là, c’était différent. Pas un look de rocker ou de hardos comme on disait, un style plutôt passe partout. Il avait un physique de rugbyman, bien massif, avec le nez cassé. En plus, il avait un de ses regards noisette.. un truc de malade.
Au fond de ses yeux, je l’ai remarqué presque tout de suite, on percevait un regard bienveillant sur les gens, il ne jugeait pas sur les apparences.
Dans la majorité des cas, le regard, sur ceux qui se démarquent par le look ou quelconque originalité, est un regard plein de jugement et de dédain. Lui, non. Il était très ouvert d’esprit, à aller facilement vers l’autre.
J’étais nouvelle dans cet établissement, tout le monde se connaissait plus ou moins. Les premiers jours, c’est quasiment le seul qui s’est intéressé à moi avec bienveillance. Les jours passants, les autres se sont assouplis au fil du temps. Mais lui faisait partie des premiers.
On se croisait régulièrement dans les couloirs du lycée et quelque chose passait dans nos regards. Il était là depuis l’année d’avant, il avait pas mal de potes dans mon cycle, on a pu ainsi faire connaissance des plus facilement.
On se retrouvait donc aux pauses à discuter en fumant une cigarette ou en la partageant quand c‘était un peu plus galère.
Il me plaisait bien, il était massif, et ne se la racontait pas. Ce que j’adorais par dessus tout, c’est quand il avait cours dans les ateliers. Il avait une espèce de bleu de travail un peu serré, et ne supportant pas de l’être plus, qu’il vente, qu’il neige, ou qu’il pleuve, il ne se mettait qu’en caleçon dedans alors que les autres enfilaient leurs cottes par dessus leur vêtements.
Il était à croquer dans son bleu. Et, surtout, oui surtout, lorsqu’il montait l’escalier, je m’arrangeais pour les suivre, lui et son petit cul appétissant.
La séduction s’est faite sur fond d’humour, je ne sais plus qui a commencé le petit jeu des Roméo et Juliette un peu destroy, mais on jouait à se faire la cour, se draguer. Ainsi, sous couvert de tout cela, des mots agréables s’échangeaient, et les choses se disaient, malgré tout au grand jour.
Une première étape a été franchie lors de la soirée de Noël organisée au lycée par le bureau des élèves.
Pour cette soirée, je m’étais organisée, j’avais demandé l’autorisation de pouvoir dormir à l’internat ce soir là afin de pouvoir vraiment profiter de la soirée.
Pour celle-ci, j’avais essayé de me faire jolie, j’étais en jupe et chemisier, maquillage léger. Ca changeait déjà du jean et gros pull mis d’ordinaire.
En gros, simple et efficace.
Comme toute soirée étudiante passée dans une enceinte scolaire, la consommation d’alcool était interdite sans parler des produits illicites. Mais à 19 ans, on adore braver les interdits.
Nous formions, une sorte de petit groupe, avec Christophe et quelques uns de nos potes. Nous avions opté pour un coin tranquille, mais pas trop. En fait, les coins trop tranquilles étaient des endroits trop faciles pour se faire coincer. Mieux valait être visibles mais discrets, bref apparemment innocents pendant que les surveillants chassaient littéralement les idiots-bêtes qui croyaient être cachés dans le parc.
Très rapidement, il est venu se placer près de moi. On a passé une super soirée, à rire, discuter tout en buvant et fumant discrètement. Relativement timide, malgré le courant qui passait plutôt pas mal, il n’ a rien tenté. Pour le coup, moi de mon côté, en étant demi-pensionnaire, j’avais la chance d’avoir une vie en dehors du bahut et de pouvoir cacher ce que je vivais à côté de tout ça.
Je dis cela, parce que de mon côté, j’avais un copain, tout en me laissant lentement bercer par la douce séduction de mon Roméo. Je cloisonnais à mort mes deux vies. Ainsi, je ne parlais jamais de mon copain, ou alors très très peu. Bref, l’un dans l’autre, je commençais à fondre doucement pour ce rugbyman et mon couple à côté était en fin de vie, j’y étais attachée mais de moins en moins, et je me prenais à penser à Christophe lors des derniers moments câlins d’avec mon Jules.
Pour couronner le tout, je ne savais pas encore qu’il profitait des mes absences, comme lors de ce type de soirée pour ne pas se priver pour aller voir ailleurs.
Donc, ce soir là, tout a été parfait, ou presque. Ça me plaisait que ce ne soit pas un type pressé, quoique il manquait un poil d’audace quand même à mon goût. Mais, au moins on pouvait avancer sans se prendre la tête, avec légèreté.
Je reviens sur le « ou presque », oui presque parce qu’avec mon petit caractère de m-rde, faut toujours que je fasse ma fière. Une connerie, rien de grave. Mais avec un mec aussi respectueux, et sensible, tout aurait pu tomber à l’eau avec ce petit « rien ». Bref, les discussions allaient bon train, notre petit jeu Roméo and Juliet fonctionnait plutôt bien, on rigolait, tout allait bien, et puis au détour d’une connerie qu’il raconte, je lui sors :
- là dessus, tu me fais penser à mon mec.
Oui, je vous avais dit, rien de grave, seulement, quand j’ai dit cela, son regard a changé. Je n’ai compris que plus tard que c’était une sorte de voile de tristesse qui venait de passer devant ses beaux yeux noisette.
Cela a duré, une demi-seconde, mais je l’ai remarqué sur le coup, sans vraiment percuter, chose que j’ai faite quand je me suis repassé le film de la soirée dans ma tête, le soir dans mon lit à l’internat après avoir discuté avec les filles.
Oui, juste une demi-seconde car malgré tout il a su rebondir avec humour sur un autre sujet, mais après coup je crois que j’avais soufflé le zeste de séduction qui pimentait notre soirée à tous les deux.
Donc, vous l’avez deviné, il ne s’est rien passé de plus ce soir là.
Une fois la fête terminée, garçons et filles ont rejoint chacun leurs quartiers.
Les filles qui le connaissaient plutôt bien puisqu’elles le côtoyaient depuis l’année précédente à l’internat, le décrivirent comme quelqu’un de super gentil et attentionné. Avec lui, elles n’avaient aucune crainte car il ne montrait aucune ambiguïté à leur égard, il restait de lui même dans ce qu’on appelle de nos jours la friendzone. Au grand dam de certaines qui avaient dû craquer sur lui, mais elles étaient beaucoup trop timides ou avaient je ne sais quoi d’autre encore qui les empêchait de tenter le coup.
Une fille relativement proche de lui, me dit simplement qu’elle pensait qu’il avait un petit faible pour moi, ça se voyait dans son regard et sa façon d’être. Elle pensait aussi que la déconvenue subie l’année précédente avec une dernière année avait dû le calmer. En effet, il s’était « déclaré » auprès de cette fille et elle l’avait gentiment repoussé. Il savait pourtant qu’elle avait un copain, mais lui avait présenté la chose comme étant un non choix, qu’elle lui plaisait, qu’il était attiré par elle, et ne pouvait se résoudre à lui mentir. d’après Élisabeth, il était allé au carton en toute connaissance de cause, mais qui ne tente rien… il avait juste pris du plomb dans l’aile, qui l’avait sans doute fini de le convaincre de rester un ami jusqu’à trouver la bonne personne, un clou de plus au tableau de sa timidité.
Avec ma petite remarque, j’avais sans doute retardé l’échéance.
Qui dit soirée de Noël, dit vacances de Noël. Ainsi, le vendredi, tout le monde se souhaitait de passer de bonnes fêtes et chacun rentra chez soi.
Le téléphone portable, n’existait alors que pour les businessmen, les grosses entreprises et les héros de série américaine. Nous n’avions que les lignes de la maison, et les cabines téléphoniques. Nous n’avions pas échangé nos numéros. Donc rupture totale de contact pendant les quinze jours de vacances.
Tant mieux, car je pense que cela a permis de tasser tout ça.
Ainsi, à la rentrée, ni vu ni connu, notre petit jeu a repris, trop contents de se retrouver.
Quelques semaines plus tard j’avais mis fin à mon couple sans trop de problème, j’étais enfin libre, et il faut reconnaître que j’avais rarement connu ça, mais, avec lui j’avais le cœur qui battait fort et j’avais des papillons dans le ventre.
J’adorais le son de sa voix, le voir sourire, marcher, et, et puis un tas de truc… presque tout, quoi. En gros, j’étais franchement attirée par lui.
Le seul vrai point de rencontre était le bahut. Nous habitions à une trentaine de kilomètres l’un de l’autre, nous n’avions pas de voiture, donc le soir, lui à l’internat, moi chez moi et le week-end chacun chez soi, chez nos parents. Cette situation a continué un petit moment jusqu’à ce qu’elle devienne intenable.
Élisabeth m’a dit qu’effectivement, d’après une de ses sources à l’internat garçon, qu’il était accroc, en insistant bien sur ce mot car c’est celui qu’il avait prononcé.
Bref, il fallait forcer le destin.
L’occasion se présentât. Il y avait au lycée, un gars qui, comment expliquer cela, se la jouait cool, il était un peu paumé, tournait autour de notre petit groupe à la recherche d’amis. Nous ne l’apprécions pas forcément, car collant, gentil mais inintéressant.
Bref, ce garçon, là, allait bientôt fêter son anniversaire. De but en blanc, j’aurais largement préféré fuir une soirée chez ce type là. Comment expliquer, la durée d’un intercours était parfois bien suffisant pour le supporter.
Mais.
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