16. La désillusion

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Sinon, en ce qui concerne Alexandre, nous avons essayé à plusieurs reprises d'organiser de nouvelles soirées avec lui. Il était dans un autre département pour les études, et n'était pas évident à joindre (le portable n'était pas encore rentré dans les mœurs...) ainsi, le contact avait lieu le week-end au domicile de sa mère.
On ne savait pas ce qu'il se passait mais il était devenu un peu distant.

Quelques temps plus tard, nous avons compris qu'il avait rencontré quelqu'un. Cela ne nous posait aucun problème car, il était un ami, avant d'être un amant. Mais peut-être avait-il peur, ou n'assumait-il pas ce que nous avions fait ou le nouveau statut nous, lui et nous, l'avions casé depuis cet été. Je sais que les premiers temps après ces quelques jours, il avait beaucoup parlé à Christophe de la chance que pouvaient avoir les bisexuels dans ces occasions là, prendre doublement plaisir...

Après coup, mon chéri l'avait trouvé un tantinet insistant sur le sujet. Il n'avait pas vraiment relevé car peu intéressé, par ce genre de pratiques. Les seuls contacts qu'ils avaient eu ces jours là, lui avaient amplement suffi, et ils n'étaient pas vraiment d'ordre sexuel mais plutôt... fonctionnel (?).

Bref. Difficile à joindre, un peu distant, on ne savait plus trop quoi penser. Peut-être aussi craignait-il que mon homme lui réclame la pareille avec sa nouvelle petite amie.
Sur l'instant, on ne se posait pas tant de questions, nous avions notre vie, de temps à autre nous tentions de le revoir quand même, soit pour la fête, et c'est vrai parfois avec une petite arrière-pensée... histoire de... remettre le couvert... mais avec les études et la distance, les semaines avançaient sans que l'on puisse se voir.
Depuis quelques jours, l'envie de refaire un plan à trois commençait vraiment à me travailler.

Alors, j'ai téléphoné en personne à Alexandre pour l'inviter, deux week-ends plus tard, aux vacances de la Toussaint durant lesquelles nous pourrions encore bénéficier de la garde de la maison, vu que mes beaux-parents avaient prévu de partir dans la famille.

- Allo ?
- Allo Alex ?
- Oui.
- Salut c'est Carole, comment vas-tu ?
Il répond mais de manière un peu froide :

- Ça va merci et vous comment ça va ?
- Bien je te remercie, dis, ça fait un bail qu'on ne s'est pas vu.
- Oui c'est vrai, mais tu sais, avec la distance, depuis Valence et avec ma copine...
- Oui je sais bien, mais justement, ça te dirais qu'on se refasse un petit week-end chez les parents de Christophe , pendant la Toussaint ?

J'avançais pas à pas, presque timidement. Entendre sa voix même un peu distante ravivait quelque chose en moi..

- Pourquoi ? Tu veux qu'on fasse comme cet été ?

J'étais un peu déstabilisée par sa réponse aussi directe.

- Ben euh, je sais pas, pourquoi pas ?
Là, il démarra : - Mais tu ne penses vraiment qu'à ça !! T'es qu'une salope qui ne pense qu'à te faire tirer en fait !
- Qu-Quoi ?
J'étais scotchée.
Il continue : - Oui en fait tu es une grosse salope, qui ne pense qu'au cul !

Bon, je vous l'ai déjà dit, j'ai ma petite fierté, et mon enfance dans les quartiers est remontée :
- Espèce d'enculé ! Tu disais pas non, cet été ! Tu en as bien profité de mon cul, connard ! Ta mère ! Vas te faire mettre bien profond !
Et je raccroche. J'étais fumasse, Christophe qui me regardait a bien compris ce qui venait de se passer. Il ne dit rien.
Et moi : - Il vient de me rembarrer cet enculé, il m'a traité de salope !
J'étais donc énervée mais au plus profond de moi, j'étais blessée. La personne avec qui on avait partagé ce qu'on avait presque de plus intime, me traitait de la sorte ?

Le manque de confiance en soi est revenu à la surface.

Et s'il avait raison, si je n'étais qu'une salope ?

C'est vrai que j'avais mis en pratique ce fantasme mais au fond de moi, j'avais des envies plutôt légères, si on peut dire ça comme ça, je faisais régulièrement ces rêves, et même lorsque j'étais dans mes pensées, et ben, je n'étais pas toujours avec le même et ce n'était pas pour jouer au scrabble... il faut le reconnaître... mon monde était chamboulé...

Quelques secondes plus tard, les larmes se mirent à couler..
Être jugée par le seul être qui connaissait et avait partagé notre secret…
Christophe me prit dans ses bras pour me réconforter. Il me rassura en me disant que certainement il n'assumait pas, ou bien qu'il se rachetait une conduite pour son couple tout neuf, peut-être voulait il passait pour quelqu'un de... normal auprès de sa petite amie ?
Il enfouissait à nouveau toutes pulsions pour ne pas la choquer et éviter de la perdre... il reposait donc le couvercle sur ses penchants possiblement bi et certainement sur son côté plus... bestial...

Les jours passèrent et la cicatrice se referma petit à petit.

Dans mes nuits agitées, Alex était parfois encore là, mais il n'était plus qu'un sexe parmi tant d'autres et Christophe , m'aidait, il faut le reconnaître à passer le cap de cette déception et nos jeux coquins n'en furent que temporairement bousculés. Une chose était sûre... je pensais fermement qu'il ne fallait plus que je m'investisse émotionnellement dans ce type de rapport... recommencer, certes mais avec des gens hors de notre cercle... des gens comme Alain, par exemple.

Et, Christophe l'avait bien compris.

Et puis notre couple évoluait aussi, Christophe, assumait l'érotisation de notre relation.
Quand j'y pense c'était plutôt mignon de sa part, mais avec les examens qui approchaient, je reconnais que j'avais moins la tête pour nos fantasmes.
Mon homme lui, au contraire avait vraiment du mal à mettre les choses de côté au profit des études.

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