Ébauche d'un plan
Je suis réveillée par Noëmie, qui m'appelle en me secouant doucement :
- Jessica. Jessica, réveille-toi. Il est temps de partir.
J'ouvre les yeux pour croiser le regard vide du Christ, ce qui me fait me redresser en sursaut.
- Est-ce que tout va bien ? s'enquiert-elle.
- Rappelle-moi de ne plus jamais m'endormir face à un crucifix.
- Entendu, accepte-t-elle avec un sourire amusé, mais en attendant, dépêche-toi de te préparer, qu'on reparte, ajoute-t-elle en me présentant un récipient, sans doute destiné à me débarbouiller.
- J'arrive. . . murmuré-je en repoussant la couverture pour me laver la face, pendant que la blonde remet de l'ordre dans sa coiffure et que ses compagnons remettent en place leurs armes.
Alors que je suis en train de me chausser, Gwenn me lance :
- N'oublie pas de plier tes draps. C'est la moindre des choses que tu dois à ceux qui t'ont logée.
- Oui, maman ! répliqué-je ironiquement en m'exécutant, tandis qu'elle roule des yeux.
Une fois que nous sommes prêts à partir, nous nous dirigeons tous ensemble vers la porte, où l'évêque nous attend avec son habituel sourire bienveillant.
- Voici quelques provisions pour la route, précise-t-il en tendant un sac à la capitaine. Que le Seigneur vous garde.
- Ainsi que vous. Merci, Monseigneur.
Il lui répond par un hochement de tête, puis s'écarte pour nous laisser passer. La brune ouvre l'un des battants, puis le referme aussitôt précipitemment, nous laissant interdits.
- Que se passe-t-il ? lui demande le religieux.
- Les soldats de l'ASP nous ont rejoints à Gap. J'en ai vu trois postés sur le toit d'en face. Ils attendent qu'on sorte pour nous prendre en chasse.
- Nous les avons tous éliminés hier ! rétorqué-je.
- Ils avaient déjà appelé du renfort, me rappelle-t-elle. La nouvelle a dû se propager dans toute leur armée et peut-être même au-delà.
- L'important est de savoir que faire, maintenant, dit Enzo.
- Le plus sûr est de trouver un moyen de passer sans nous faire remarquer, déclare Noëmie. Nous éviterons ainsi de faire de nouvelles victimes et de mettre nos vies en danger.
- En effet. . . confirme sa supérieure.
- J'ai bien une idée à vous proposer. . . avoue l'évêque.
- Dîtes, s'il vous plaît.
- Un enterrement est prévu en fin de journée. Il vous suffit de vous changer et de vous mêler au cortège. Pendant ce temps, je demanderai aux enfants de choeur que vous remplacerez de porter vos habits et sortir pour distraire vos poursuivants.
- Qu'en est-il de celui qui jouera le rôle de Jessica ? demande le jeune homme. Il ne pourra pas se contenter de cacher son visage avec une capuche comme les autres.
- Je compte parmi eux une adorable rousse de son âge. Il suffira de lui boucler les cheveux. Ils ne remarqueront rien, de loin, surtout dans le feu de l'action, car je leur demanderai de monter sur vos motos pour faire semblant de fuir.
- Ils savent les conduire ? s'enquiert Gwenn.
- Je vais bien en dénicher deux ayant leur permis.
- Ça semble être un plan correct, dit Noëmie, surtout sachant que nous avons toute la journée pour nous préparer.
- Cela nous contraindra à voyager de nuit, remarque sa supérieure, mais nous n'avons pas le choix. Que le Seigneur nous garde, ajoute-t-elle en se signant, imitée par tous, sauf moi.
- Je vais tout de suite faire venir ces quatre enfants de choeur, dit l'évêque en s'éloignant.
- Il ne nous reste plus qu'à attendre. . . conclut le jeune homme.
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