L'ASC VS les démons - partie deux
Au moment où les démons foncent dans notre direction, la capitaine de l'ASC me lance son pistolet anti-démons en disant :
- Il va falloir te défendre. Empêche-les de t'atteindre.
- Euh. . . mais. . . et vous ?
Pour toute réponse, elle déploie son bouclier pour contrer deux assaillants à la fois. Ses chaussures crissent sur le goudron, tandis qu'elle lutte pour reculer le moins possible. Elle repousse de toutes ses forces les deux créatures avec sa proctection, puis dégaine son épée en me lançant :
- Ne t'en fais pas pour moi. J'en ai vu d'autres. . .
Sur ces mots, elle bondit en direction de ses adversaires, se protégeant de leurs attaques avec son bouclier et contre-attaquant avec les deux objets à la fois.
Pendant ce temps, ses subordonnés se battent contre les deux autres démons, leur tirant dessus à chaque fois qu'ils sont dans leur viseur et effectuant multiples sauts et acrobaties pour éviter leurs redoutables flammes. Maintenant qu'ils ne tirent plus depuis une voiture ne cessant de bouger dans tous les sens, ils sont beaucoup plus précis, à tel point que certaines balles atteignent leurs ennemis, leur arrachant des cris de douleur et de rage. L'inconvéniant est que sous l'énervement, leurs assauts sont plus violents. En plus, l'eau bénite ne semble jamais toucher une partie vitale, car aucun ne tombe au sol, mais vu la vitesse de nos assaillants, ne serait-ce que les frôler est un exploit.
L'un des deux adversaires de Gwenn lui fonce à nouveau dessus. Elle place encore une fois son bouclier en obstacle et parvient à le contrer sans difficulté, mais le second, qui était jusque là resté immobile, en profite pour la contourner et se diriger vers moi. Je tire aussitôt, sans réfléchir. Il esquive la balle d'un mouvement sur le côté et passe derrière moi. Je bondis en avant, tout en effectuant une pirouette pour me retourner et lui faire face. Aussitôt que mes pieds touchent le sol, je tire à nouveau. La balle l'atteint en pleine tête et il tombe sur la route en poussant un terrible cri de douleur.
- Par Satan ! ajoute-t-il.
Malgré sa souffrance apparente, il parvient à sortir des différentes parties de son corps des flammes qui prennent la forme de flèches lancées dans ma direction. La brune, qui entre-temps, était parvenue à repousser son adversaire, atterrit devant moi et se sert de son bouclier pour nous protéger.
Elle toise ensuite le démon blessé, mais sa respiration saccadée témoigne de la fatigue qui monte en elle. Je regarde nos alliés qui luttent toujours avec bravoure. Leurs tirs sont de moins en moins précis et leurs mouvement de plus en plus lents et maladroits. Ils sont clairement épuisés, tout comme moi. Entre celles qui n'ont pas fermé l'oeil de la nuit (hormis les quelques minutes dans le couvent) et celui qui vient à peine de se remettre d'importantes brûlures, nous sommes clairement en désavantage comparé à nos adversaires qui semblent en pleine forme (sauf celui que je viens de blesser, du coup. . .).
Hélas, nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à nous défendre. Le combat se poursuit donc. Nous décidons rapidement de nous placer en cercle, chacun dos aux autres, afin de pouvoir parer les attaques venant de tous les côtés à la fois et ainsi mieux nous protéger.
Nous continuons de tirer sur les démons nous tournant autour. Les trois soldats nous couvrent de leurs boucliers à chaque fois que l'un d'entre eux tente un assaut, mais je ne suis pas dupe : si nous ne nous débarrassons pas d'eux rapidement, nous mourrons tous ici.
Au moment où je me fais cette réflexion, un ennemi se jette sur moi. Je tends le canon du pistolet dans sa direction et appuie sur la gachette, mais rien ne sort et mes yeux s'écarquillent lorsque je comprends : je n'ai plus aucune munition.
Je fixe avec effroi la créature s'approchant à toute vitesse en arborant un sourire de triomphe. Les trois autres, occupés à repousser les adversaires restants, ne semblent rien remarquer. Au moment où je me crois perdue, une balle se plante dans la gorge de mon assaillant. Il tombe au sol et roule sur le côté avant de s'immobiliser, tué sur le coup.
Une pluie de balles s'abat aussitôt sur les deux autres démons, qui, malgré leurs tentatives d'esquive, finissent comme leur semblable. En s'endommageant, l'un des projectiles m'asperge d'une goutte. Je porte aussitôt une main à mon cou pour calmer la sensation de brûlure provoquée par celle-ci. C'est comme si elle était encore bouillante au moment où elle est tombée sur ma peau. C'est sans doute parce qu'elle vient de sortir d'une arme à feu.
Six personnes nous encerclent ensuite. Trois hommes et trois femmes. Ils tiennent dans leurs mains des armes à feu identiques aux nôtres, mais au lieu d'épées, ils ont des sabres à deux têtes. Leurs uniformes aussi sont différents de toux ceux que j'ai vus jusque là : les hommes portent des pantalons bouffants, surmontés d'un haut blanc et d'une longue veste à manches larges. L'un porte un turban. Les deux autres ont la tête nue, révélant leurs cheveux noirs et bruns. Les femmes, en revanche, ont toutes la tête couverte d'un voile blanc. Elles portent des vestes identiques à celles de leurs camarades, mais en dessous se trouvent de longues tuniques leur tombant jusqu'aux genoux et des pantalons larges. Les nouveaux arrivants ont tous des bottes noires, contrastant avec leurs tissus blancs. Sur le dos de leurs vestes, ils arborent un croissant de lune vert.
Ils commencent par s'assurer que tous les démons sont bien morts. Ce n'est qu'alors que je remarque que celui que j'ai touché a fini par succomber à sa blessure. Ils reviennent ensuite vers nous et la capitaine de l'ASC demande aussitôt :
- Merci à vous de nous être venus en aide, mais je dois avouer être étonnée que des membres de l'ASM aient volé à notre secours. Pourquoi nous avoir aidés ?
- Nous sommes peut-être de deux religions différentes, mais nos ennemis sont les mêmes, lui répond l'homme au turban. Leurs morts nous arrangent tous, n'est-ce pas ?
- Certes. . . admet-elle d'une voix calme et cordiale, mais où pointe une certaine méfiance.
- Nous ne vous voulons aucun mal, nous assure l'une des femmes. Nous venons en paix.
Les sourcils de mes trois escortes se froncent, comme s'ils sentaient arriver la suite.
- Nous venons même vous soulager d'un lourd fardeau, reprend le premier.
Sur ces mots, il me désigne du doigt en exigeant :
- Nous voulons la fille. Disons que c'est un gage de gratitude de votre part pour nous remercier de vous avoir sauvés. Nous serons ainsi quittes et repartirons aussitôt pour La Mecque.
- La Mecque ? répète Noëmie.
- Le Conseil des grands oulémas, dirigé par le Grand mufti, souhaite rencontrer cette jeune fille, nous explique la femme.
- Je savais bien que les membres de l'ASM ne nous viendraient pas en aide de bon coeur, réplique Gwenn. Exiger une récompense en échange d'une bonne action n'est pas toléré dans notre armée. Dieu est le seul de qui nous devons espérer une récompense. Votre demande est donc refusée. Cette fille vient avec nous à Rome, un point c'est tout.
Les soldats des différentes armées se toisent du regard. La tension est palpable. Je me dis que si un combat devait éclater entre les deux camps, les membres de l'ASC ne tiendraient jamais face à des adversaires deux fois plus nombreux et en meilleure forme qu'eux, mais, surtout, je m'interroge : pourquoi tout le monde souhaite-t-il s'emparer de moi ?
Tout en me posant cette question, je me frotte l'oeil : la sensation de brûlure est de plus en plus intense et dérangeante, mais je ne peux ni m'en plaindre, ni retirer les lentilles de contact que j'aurais dû changer depuis longtemps. . .
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