Quand la vérité éclate - partie quatre ou trahison et solitude
La femme brandit la lance pour l'envoyer dans ma direction ! Je me jette sur le côté pour l'esquiver en m'exclamant :
- Capitaine !
L'arme est récupérée en plein vol par Enzo, qui ne perd pas de temps pour m'attaquer à son tour. Je parviens à l'éviter encore, mais trébuche et m'étale au sol de toute ma longueur. En relevant la tête, je vois Noëmie. Elle se tient debout devant moi, me fixant d'une expression qui se veut impassible, mais où perce la tristesse.
- Pardonne-nous, Jessica, me dit-elle d'une voix tremblante. Crois bien que c'est à regret que nous faisons cela, mais nous n'avons pas d'autre choix. Pour le bien de l'Humanité, tu dois disparaître.
Sur ces mots, elle s'apprête à abaisser la lance sur moi, mais mon instinct de survie prend le dessus sur la peur et l'incompréhension qui m'envahissent : je parviens à me redresser en position assise pour tendre mes mains devant moi en m'écriant :
- Non !
Aussitôt, je sens une forte chaleur m'envahir et traverser tout mon corps pour se concentrer dans mes paumes. Celles-ci laissent s'échapper de puissantes flammes, qui frappent la jeune blonde et sa lance de plein fouet ! Elle pousse un hurlement de douleur, tandis qu'elle est propulsée de l'autre côté de la salle, sous nos yeux ébahis.
- Noëmie ! s'exclament ses amis en se précipitant à ses côtés.
Je me fige aussi pour m'enquérir de son état. Elle respire encore, mais de façon rapide et saccadée. L'image d'Enzo, gisant sur le sol de la chapelle du couvent, me revient en tête. Viens-je tout juste de me servir du même pouvoir que cette sorcière pour me défendre ? Ce n'est pas tout : le feu est aussi le pouvoir des démons. Comment est-ce possible ? Je suis humaine et je n'ai conclu aucun pacte avec une créature satanique pour obtenir de telles capacités !
Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps : les deux soldats encore valides se sont remis de leur surprise. Gwenn ordonne au jeune homme :
- Reste à ses côtés. Tente de faire en sorte qu'elle parvienne à utiliser son don sur elle-même. Je m'occupe de l'autre. . .
Son subordonné acquiesce et veille sur la jeune femme, rejoint par le Pape qui a observé toute la scène en silence. Pendant ce temps, la brune ramasse la lance noircie par endroits et s'approche de moi d'un pas rapide et assuré. Je me remets aussitôt debout et tends mes mains devant moi en la prévenant :
- Calme-toi, capitaine ! Ne m'oblige pas à utiliser ce pouvoir sur toi ! Je ne veux pas vous faire de mal !
- Si c'est vraiment le cas, laisse-toi faire.
- Pourquoi ? ! m'exclamé-je, les larmes aux yeux. Pourquoi me faîtes-vous ça ? ! Je pensais que votre rôle était de me protéger. . . Je pensais que. . . Je pensais que nous étions amis !
- Hélas, il est impossible pour nous de nous lier d'une quelconque amitié avec toi. Et puis, je n'ai jamais dit que notre rôle était de te protéger, mais de t'emmener ici afin d'empêcher ce démon de t'atteindre, ce qui est chose faite. Maintenant, trêve de bavardages. Adieu, Jessica.
Elle tente de loger la pointe de la lance dans ma poitrine. Je lui lance de nouvelles flammes, mais ce geste semble prévisible pour elle. Elle saute et essaie de me viser d'en haut. Je roule sur le côté pour l'esquiver, puis lui envoie une boule de feu aussitôt que ses pieds retouchent le sol, mais elle décolle à nouveau avec une vitesse et une agilité déconcertantes.
Elle m'envoie à nouveau l'arme, que j'esquive encore d'un bond, mais une chose que je ne prévoyais absolument pas se produit : le Pape en personne récupère la lance pour me la jeter de toutes ses forces !
En sautant en arrière pour éviter de me faire embrocher, je perds l'équilibre dans les marches et tombe sur le dos. C'est là que je réalise que je ne ferai pas longtemps le poids : je suis épuisée et encerclée de tous côtés par des gens voulant ma peau, dont trois sont des soldats expérmientés, sans compter la confusion dûe à l'enchaînement d'événements inattendus qui me trouble et entrave mes capacités de combat. Fuir. . . Il me faut fuir cet endroit si je veux rester en vie. . .
C'est alors que mon regard tombe sur le dôme et ses élégantes peintures. La voilà, mon échapatoire ! En effet, la basilique devant être fermée pour la nuit, les portes sont certainement bouclées et surveillées. En revanche, le dôme. . .
Je tends mes deux mains en direction du plafond et envoie une énorme boule de feu détruire le dôme. Celle-ci le heurte, noircissant les belles peintures l'ornant, mais il ne se fissure même pas ! Ça va être plus compliqué que prévu !
Je me dépêche de me relever pour éviter l'attaque de Gwenn et la fuis, sans cesser d'assaillir le plafond de flammes. Ses décorations se dégradent de plus en plus, mais il résiste. J'enchaîne les sauts dans tous les sens pour sauver ma peau, mais au lieu de diriger mon feu en direction de mon assaillante, je le lance vers le dôme.
Au bout de plusieurs minutes, agacée que ce dernier ne cède pas alors que je suis en danger de mort et que chaque seconde compte, j'effectue encore un bond pour éviter l'attaque de la capitaine en hurlant :
- Ça suffit ! Explose !
Je sens une intense décharge de chaleur parcourir tout mon corps pour remonter jusqu'à mes paumes, que je tends en direction du plafond aussitôt que mes pieds touchent le sol. Une boule de feu, plus énorme et plus chaude que toutes celles que j'ai pu voir, s'en dégage pour atteindre le dôme en une fraction de seconde, sous nos yeux écarquillés. Celui-ci explose, faisant trembler toute la basilique et des morceaux de béton de tuf commencent à s'écraser sur le sol en marbre. La concentration de Gwenn se détourne aussitôt de moi pour se poser sur son supérieur et ses subordonnés. Elle s'élance dans leur direction pour les protéger. Quant à moi, j'en profite pour fuir. Me remémorant de la technique de la sorcière pour s'élever haut dans le ciel, je place mes paumes vers le bas et laisse s'en dégager des flammes, qui me propulsent en l'air.
J'atterris ainsi sur le toit de l'édifice religieux et tombe à quatre pattes. Je suis à bout de forces, mais dois m'éloigner encore. Je tente de me relever pour courir, mais ne parviens qu'à retomber.
Fuir. . . Il me faut fuir. . . Je veux vivre. . .
Je sens les larmes couler sur mes joues et appelle pour la première fois d'une voix brisée par les sanglots :
- Papa. . . À l'aide. . . J'ai besoin de toi. . .
Comment entendrait-il ma détresse ? Il est à Paris et me croit certainement morte dans cet accident. . .
Je me laisse tomber au sol. Je me sens si seule. . .
- Papa. . . sanglotté-je encore.
Ma vision est de plus en plus trouble. Tout est de plus en plus flou et sombre. Au moment où je suis sur le point de tomber dans l'obscurité totale, je crois voir une silhouette se dessiner devant moi et quelqu'un murmurer :
- Je suis là. C'est fini, à présent.
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