Hors des sentiers battus 11/

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Adelin fulmina.

  • Oh, je devrais sacrifier mon bonheur, l'honneur de deux femmes...
  • Réfléchis plus loin, Adelin, prononça Manard d'un ton détaché.
  • Plus loin que quoi ?
  • Pense aux divers régimes matrimoniaux. Rien ne t'empêche, si cela t'inquiète tant, d'épouser une veuve avec un pied dans la tombe. Son héritage te reviendrait alors sans peine, qu'elle aie des héritiers légitimes ou non. Ceci aussi, nous renforcerait, et tu n'aurais pas à jouer un rôle bien longtemps. Passé un certain âge, la mort est une libération.

Adelin en resta coi. Au regard entendu que s'échangeaient ses parents, ils avaient déjà un nom en tête.

  • Je ne compte contribuer à l'assassinat de personne. Encore moins...
  • Tout de suite les grands mots, l'interrompit son père.
  • À croire que nous vous avons trop protégé, fils, soupira Dame Irène. Qu'importe l'âge, la vie demeure quelque chose de fragile, et nous devons impérativement consolider notre œuvre, dont vous profitez allégrement.
  • Si allègrement que je ne participe plus au moindre évènement mondain depuis des années, railla le Calciné.

Leur joute verbale se poursuivit tout le repas, et jusque tard dans la nuit. Il préféra dormir, que de rejoindre les Fêlés... grand mal lui en prit.

Une douleur sourde lui déchira la gorge, sa vie s'en échappa à grands jets. Par réfléxe, Adelin y porta la main, reconnut dans sa bouche le goût du sang. Les yeux exorbités, il distingua une silhouette noire penchée sur lui.

L'idée de mourir ainsi l'enragea. Ses mains s'enflammèrent, l'ombre geignit :

  • Oh putain...

D'après la voix, un homme de son âge, ce qui attisa ses flammes. Adelin se planta deux doigts incandescents dans la plaie de sa gorge, tandis que sa main libre saisissait le poignet meurtrier. L'Allumé jubila, tandis qu'il humait, à travers l'odeur du sang, celle de la chair brûlée, accompagnée de celle délectable de la terreur qu'il inspirait.

La perte de sang se calmait, sa cautérisation improvisée faisait effet. Aussi, retenant toujours son agresseur par le poignet dans un étau embrasé, il recula légèrement ses doigts, et savoura la sensation de sa propre chair qui se racornissait sous la chaleur. Quelle jouissance, que cette sensation...

Un ricannement frénétique le prit, tandis que l'assassin dans sa chambre échouait à échapper à son emprise. Adelin obtint ainsi le temps de cautériser sa plaie, tout en se délectant de sa victime brûlée jusqu'à l'os. Par la seule force de sa main.

Oh, le jeune homme se débattait, se tordait, gémissait, supplia même -peut-être. De toute façon, Adelin n'écoutait pas, tout à sa flamboyante réjouissance. Certain de pouvoir libérer sa deuxième main, il s'empressa d'invoquer son magnétisme, avant de chercher pour de bon à réduire son agresseur en cendres. Ah, on avait voulu l'éteindre, hein ?

Comprenant que sa victime attaquait, l'assassin tenta de le poignarder encore, luttant contre la douleur et l'horreur. En vain, sa lame se détournait au dernier moment, sans raison.

Du bruit couvrait sans cesse le doux chant de la chair grésillante, saisie par de belles températures incandescentes. Dans un grognement, Adelin chercha à y mettre un terme. D'une main, il parvint à saisir le combustible récalcitrant en haut du bras, de l'autre il lui saisit la mâchoire. Oui, le bruit parasite venait de là, amenuisait la douceur des chants enflammés. Ses mains se frayaient sans peine un chemin jusqu'à une chaude surface dure et lisse, agréable à caresser.


Dans un nouvel essai, il parvint à saisir la tête masquée à deux mains, les pouces dans les yeux sans résistance aucune. Un liquide agréablement chaud lui gicla entre les doigts, avant qu'ils ne rencontrent de nouveau la surface dure. Quel bonheur que de caresser des os entourés de chair carbonnisée...

La dernière chose que l'assassin vit, fut ce détraqué au rire, au sourire et au regard déments lui enfoncer les pouces dans les orbites. Après un hurlement de douleur horrifiée, il tenta :

  • Grâce ! Pitié ! On-on-on m'avait pas prévenu... c'était pas précisé que t'étais mage !

Toujours ces sons parasites... Adelin profita de sa bonne prise pour frasser la tête en feu contre le sol. Cette fois, il couvrit les lèvres. Fasciné, il découvrit les films de peau rose se couvrir de cloques à son contact, avant de fondre sur ses doigts, leur offrant des sensations agréables. Et cette divine vision...

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