Hors des sentiers battus 12/

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En transe, Adelin parcourut la chair et la peau ainsi. Il caressa avec affection le masque embrasé, l'ôta et admira la peau suivre le tissu. Cette fois, les sons inintelligibles et étranglés contribuèrent à son bonheur, au spectacle. La joie simple de contempler l'œuvre du feu, enfin.


Extatique, il poursuivit ses caresses enflammées sur la chair vivante, le nez pris dans les chaudes senteurs. Un soupir lui échappa quand son coude se heurta au lit. Qu'est-ce qui le dérangerait, la prochaine fois ? Autant partir ailleurs...


L'Allumé se généra une poignée dans la masse, et prit son chemin habituel par la fenêtre. Le combustible tenta de se débattre, de peser de tout son poids... quelques coups, un lâcher depuis trois mètres le calmèrent. Adelin voulait juste pouvoir s'adonner, pour une fois, aux plaisirs du maniement du feu. L'esprit ailleurs, il trouva après une absence un lieu idéal. Un bord de rivière. Le lieu où il se trouvait ne l'intéressait pas. Seul comptait l'espace autour de lui, la tranquilité.


Seul avec l'objet de sa passion, il put reprendre la calcination langoureuse du corps gémissant. Le Temps se fit oublier, seule comptait l'avancée des Flammes, leur danse apaisante, la senteur enivrante qu'elles libéraient. Et leur chant. Oh, ce chant ! Les crépitements, les grésillements, tout le séduisait dans cet élément !


Egaré dans sa fascination, son bonheur à un niveau inconnu et inimaginable jusqu'alors, il plongea les deux mains dans la matière, glissa sur les surfaces lisses et dures, prit le temps de découvrir en les désagrégeant par le feu diverses parties, réagissant chacune à sa façon au rayonnant feu.

Tout d'abord, l'odeur, de pire en pire. Où ce fêlé avait bien pu trouver l'énergie, pour traîner un corps plus lourd que lui après avoir perdu tant de sang ? Cela le dépassait. Les évènements anormaux s'accumulaient ces dernières semaines. Le chien en bout de laisse tirait de plus en plus sur la laisse de cuir, confirmant qu'ils approchaient. Albin avait emprunté un chien d'arrêt pour retrouver son frère. En revenant au lieu et à l'heure habituels, le milicien n'avait pas croisé âme qui vive. Intrigué, il était retourné à leur domaine, et eu besoin de tout son sang-froid en découvrant le premier corps. Encore tiède. Un garde de faction, sur le trajet d'Adelin pour aller et venir en toute discrétion. Puis un serviteur, au mauvais endroit au mauvais moment, dissimulé derrière les réserves de paille de l'écurie. L'assassin savait où dissimuler des corps pour en retarder la découverte... à moins qu'il n'ai choisi ces lieux car habituels pour le huitième frère.

À l'exception de ces deux corps, rien n'aurait permis d'accuser l'infiltration d'un assassin. Albin avait fait le tour du domaine, se dirigeant tout de même assez vite vers la chambre de son puîné. Cela avait confirmé ses craintes, même si cela faisait quelques temps qu'il n'avait pas vu de telles marres de sang. Aussi s'était-il empressé de prendre une trousse de premiers secours, un chien d'arrêt et mis l'animal sur la piste infecte.

Désormais, en sus de l'odeur toujours plus prenante de graisse humaine en cours de combustion et de sang, Albin entendait des borborygmes. Des sons similaires, il en avait déjà ouï... et les souvenirs associés étaient déplaisants. Que son propre frère... après tous les risques encourus...

Pris d'un haut-le-cœur incontrôlable, le milicien ne put retenir un reflux de bile. Cela alerta à peine Adelin, qui s'interrompit quelques secondes, avant de reprendre dans un râle sa folie.

Craignant pour le chien, Albin félicita ce dernier, puis lui donna l'ordre de rentrer au domaine. Après quoi, il vint se placer en périphérie de son petit frère... si ce dernier méritait encore cette appellation. Albin se récita les procédures comme une litanie. Le protocole avait déjà fait ses preuves, pour approcher un psychotique en pleine crise.

Une fois certain de se trouver dans la vision périphérique du fêlé, Albin se figea. L'approche pouvait durer des heures, mais l'accoutumance s'avérait cruciale. L'approcher comme un animal aux réactions imprévisibles. Cela perturba à peine la tâche macabre à laquelle s'adonnait le dégénéré. Son propre sang...

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