Hors des sentiers battus 18/
Naturellement, il lui répondit, débuta son initiation aux hautes sphères de la société. Le temps passa bien plus vite, ce n'est que quand Thomas rentra que le couple s'en rendit compte. Adelin s'esquiva après l'avoir salué, et s'empressa de rentrer.
Son père le sermona copieusement, le traitant d'inconscient au vu de sa situation. Las, l'Allumé préféra ne rien répondre. En partant du principe que le danger s'était infiltré jusque dans sa chambre, il imaginait mal comment se cloîtrer autant que possible changerait quelque chose aux visées de ses assassins. Changer ses habitudes équivaudrait à reconnaître une peur qu'il n'éprouvait pas.
Aussi, le lendemain soir partit-il rejoindre les Fêlés. Ou tout du moins l'escomptait-il, avant de dévier. La solitude l'appelait. La paix nocturne, aucune sollicitation sociale... Ses pas le dirigèrent tout d'abord vers la caverne de Bernard, qu'Albin n'avait toujours pas purifiée, faute de temps. Il rejoignit ensuite la clairière de l'Ail aux ours, où Souffreux lui avait avoué s'y fournir en cannabis... La nuit était encore jeune, il continua de laisser le hasard et la fuite des moustiques le guider. Avec satisfaction, il se rendit compte qu'il connaissait assez les bois pour éviter la plupart des pièges du terrain, des racines aux branches en passant par les buissons d'orties.
À force, ses pas le guidèrent jusqu'aux vignes Cippus. Peu désireux d'être apperçu, il resta soigneusement sous le couvert des bois. À sa montre, il était deux heures du matin passées de peu. Le temps qu'il rentre, il pourrait obtenir environ trois heures de sommeil... quelque chose de respectable, pour ses habitudes. La fatigue prenait le pas sur le simple plaisir d'errer.
Pourtant, quelque chose lui donna la chair de poule. Il sentit une présence. Bien qu'il en ignore tout, son corps hurlait au danger. S'imposant de faire la part des choses, Adelin se rappela qu'au vu de son état, il n'était pas à l'abri de fausses impressions à tendances paranoïaques.
Néanmoins, dans le doute, il se plia en deux et se dirigea vers son domaine pour une courbe lui permettant d'y retourner sans se mettre à découvert. Alors qu'il prenait le temps de s'orienter, un clair bruit de pas le convainquit de la proximité d'une tierce personne. Seule, à cette heure... rien de bien engageant. Se maudissant, Adelin se rappela que les lieux étaient surveillés, il devait s'agir d'un garde... à qui il manquait le chien. Il eut beau tendre l'oreille, rien ne trahissait la proximité d'un chien de garde.
Dans un baîllement, il céda à l'envie de savoir. Les mains en triangle, il scruta les métaux en présence. Une dague de piètre qualité, des clous de chaussures, une boucle de ceinture et une coquette somme. À la taille des pieds et à l'amplitude des pas, quelqu'un de grand. Adelin jugea préférable de garder cet individu à la lisière de ses pouvoirs de détection, et le prit en filature.
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