Léo triture nerveusement son sweat noir tandis que ses parents l'assaillent de conseils et de paroles réconfortantes destinés plus pour eux que pour lui.

- Tu te feras de nouveaux amis !

- Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer.

- Le collège, c'est encore mieux que le primaire !

- Surtout regarde bien ton emploi du temps.

- Ne stresse pas, tout va bien se passer.

Il maugrée un vague oui, tandis que ses parents laissent libre cours à leur angoisse. Bien plus stressés que le premier concerné.

- On t'amène et ton frère te ramène.

- Ne monte pas dans la voiture d'inconnus, OK ?

Ils soupirent de concert devant le manque total d'intérêt de leur fils, qui regarde dans le vide tout en continuant de marmonner des "bien sûr" et des "je sais". N'étant absolument pas angoissé par sa rentrée, il pense au film d'hier soir sans se rendre compte que ses parents le fixent d'un air exaspéré. Son père le secoue légèrement,

- Eho, tu nous entends ?

- Ecoute Léo, c'est important, renchérit sa mère.

Seul un vague grognement leur répond, tandis qu'il se demande s'il y aura une suite à ce film.

-Bon, c'est l'heure, on y vas, soupire son père.

Léo tourne enfin la tête vers eux pour protester mollement, il n'a jamais été matinal.

-On est en avance de vingt minutes, baille-t-il.

-Oui, et ? Il faut toujours prévoir un peu de marge, réplique sa mère.

-C'est vrai, imagine qu'il y ait un accident sur la route et qu'on soit en retard à cause des bouchons ! s'exclame son père.

-Dans ce cas tout le monde serait en retard.

-Et alors, ça ne change rien au fait que tu seras en retard, s'offusque-t-il.

L'ours grincheux se lève de sa chaise et va prendre son sac, sachant que argumenter ne servirait à rien. Mathilde et Jean s'étaient bien trouvés, têtus comme des mules, ils avaient toujours le dernier mot, et il n'aimait pas se disputer d'aussi bonne heure, ça serait gaspiller de l'énergie pour finalement avoir tort.

-Allez, hop hop hop, on se dépêche.

Avachi et courbé, il se dirige vers la petite voiture rouge, toujours dans la brume, ses parents sont déjà assis et attendent impatiemment leur fils, qui s'installe en baillant. Sa mère démarre tandis que lui se cale dans son fauteuil, pose la tête sur son sac et s'endort aussi sec.

Pendant les cinq premières minutes les parents poules enchaînent recommandations sur recommandations tout en citant moult anecdotes, avant de se rendre compte que leur fils ronfle paisiblement sur son sac.

Relativement vexée, la mère fait une petite embardée pour le réveiller ce qui a pour conséquence de le faire s'écraser par terre dans une position de yoga assez... extrême. Nullement dérangé, il continue de ronfler en bavant par terre, les pieds contre la fenêtre, le dos tordu et le sac sur la tête.