SPECTRAL
Où ma lèvre a couru sur la flûte de Pan,
Mon cœur est sous la nue mais mon cadavre est blanc !
Cascabelle a vrombi sur la dune envoûtée,
C'est sur mon cœur désert que le vent a soufflé !
Mon cadavre a sifflé : ce faux-soi fossoyé,
Momifié, ensablé, d'un sang empoussiéré...
Abruti par l'ennui d'une vie ralentie,
J'ai menti pour leur plaire et la mort a surgi :
Un faux-soi fossoyeur devenu mon tueur !
Un faux-soi fossoyeur devenu ma tumeur !
Mon cadavre a signé : un faux-soi fossoyé
Tuméfié, envahi, du sang noir a coulé.
Le piano m'attendait, je n'avais qu'à jouer...
Mes doigts étaient glacés, le mensonge a gagné.
Ils me voulaient des leurs, pour toujours, à toute heure :
Maux, dénis, mots trahis, à jamais, à toute heure...
Mon cadavre a chanté, faux : « Soyons fossoyés ! »
M'a-t-il dit, mélodie, avant de s'écrouler...
J'ai fumé mes tumeurs pour trouver la lueur ;
J'ai couru et j'ai fui pour taire la fureur ;
J'ai couru et j'ai fui, j'ai couru et j'ai fui...
J'ai voulu, j'ai failli, j'ai voulu, j'ai failli !
Mon cadavre est tapi, sous fausse identité :
Il se tait, il se sait, il a trop voyagé.
J'ai trouvé le repos, c'était pure paresse...
J'ai déterré mes os en signal de détresse !
Déjà là, au-delà, ici, je suis présent :
C'est la fin de l'espace et c'est la fin du temps.
Mon cadavre est mirage où dansent les reflets
Arc-en-ciel sous l'ondée, l'heure est bleue au sommet.
C'est la faim du début, le début de vos fins...
Le chemin est le but et la chute est sans frein.
Sans regrets, sans espoirs, l'encensoir est refrain !
Sans passé, sans futur : au présent ? Sans chagrin ?
Un mirage irisé où se crée l'imparfait :
Mon ombre a disparu à l'horizon défait...
Les serpents ont mordu : sidéré, obsédé !
Leur venin a couru : stupéfié, pétrifié !
C'est mon cœur suffoqué, c'est mon corps calciné.
Rêveur halluciné, oppressé, asphyxié...
Mon cadavre a surgi : ce vrai moi dévoyé,
D'un sang coagulé que je croyais mort-né...
De nouveau agité, il vole sur les ondes
De nouveau secoué, il s'ébranle et abonde
S'extirpe et succombe en vogue chaloupée,
Extatique et mutique, envolée, envoûtée !
Ce corps est un charnier à la senteur immonde :
Il survit, il pourrit ; il pourrit, il débonde...
Elle a roulé poussière après avoir bavé,
Elle a roulé poussière où l'alarme a perlé :
Ma tête est trop barrée mais un chant l'envahit,
Emportant ma conscience au plus haut de son Dict.
Ma voix est un écho mais qui donc a chanté ?
Source vive où jaillit la goutte immaculée !
C'est la fin de la chair et la fin du désir
C'est la fin de la mer et le début du ciel
C'est la fin de mes viols ; je vais pouvoir mourir...
C'est la fin de mon nom : il n'y aura plus de fiel.
Le fantôme a surgi il n'était pas guéri
Il en voulait encore en se sachant banni.
Je rejoins la matrice où tout peut se jouer :
Vanité, cruauté, la tendresse humiliée !
Comment donc renoncer quand plus rien n'est à perdre ?
Comment donc s'enrouler au sein d'un polyèdre ?
De face ou de côté, je ne sais plus punir :
Le mirage est sans angle, il fallait ralentir.
C'est encore un ennui qui m'attend dans la vie :
Cette fois, j'ai compris, c'est l'envie qui me vit
C'est l'envie qui me tue : mon miroir me vois-tu ?
Miroir, mon beau miroir, vois-tu ? Je suis fondu.
La face et le côté sont ainsi encerclés :
Le début est sans fin, je me suis envolé...
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