LA CRUAUTÉ DU THÉÂTRE
L'acte premier est faux, l'amour est une fraude !
Tricher, priver, copier, rien d'authentique :
Des espoirs à satisfaire, des instincts qui taraudent !
L'acte premier foudroie : rideau sur les critiques !
L'acte second est feint : est donné l'attendu...
Jouer, forger, duper, berner, parler, flouer.
Des peurs à étreindre, le fantôme est tendu :
L'acte second s'éreinte à force de mimer.
L'acte trois est en fuite à l'envers du rideau :
Coup d'œil dans la coulisse où le metteur en scène
S'agace en voyant la marionnette en sanglots
Au lieu de rendre heureux le public des arènes.
L'acte quatrième est sentence après les blâmes !
La vengeance s'ourdit en non-dits très aigris :
Elle s'avance en fraude en réclamant, infâme,
Un dû imaginaire à sa vie appauvrie...
L'acte cinq est final, il joue en solitaire !
L'acte cinq est fatal, la vérité fait mal :
À prendre ou à laisser et passer la frontière
Du « deux en un » ranci au « un en deux » total.
L'acte six est silence où la vie fait son deuil...
Il n'est jamais écrit, il se dit en secret.
L'acte six est repos : un fauteuil, un cercueil,
Au seuil de la mort, il fait naître un sujet.
Annotations