LA CHUTE
Je suis un corps tombant, tombant, tombant, tombant...
Je vacille à rebours en montant l'escalier,
La porte est de verre mais ces battants sont lents :
J'ai failli tout casser en voulant me frayer.
Je suis un corps mourant, mourant, mourant, mourant...
J'ai basculé sur place où mes yeux sont rivés :
Les souliers sont glacés mais mon regard absent...
J'ai failli trébucher : ma vie n'est qu'un penchant.
Je suis un cœur pompant, pompant, pompant, pompant...
Le papillon vibrant d'un dormeur éveillé
Qui s'est brûlé sans feu sous un ciel clignotant :
Le feu était bien là mais son ciel est absent.
Je suis l'esprit du vent, mordant, mordant, mordant...
J'ai décliné en vert les senteurs sans été
J'ai interdit l'hiver et ces courants cinglants
J'ai décimé l'envers de l'automne incendié.
Je suis un corps vivant, mourant, pompant, mordant...
J'avance à pas comptés dans un destin non né,
Une enfance volée, un parage infamant,
Où je vis à crédit en me sachant ruiné.
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